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sur 729 notes
Un jeune homme écrit à sa mère. Toute la beauté du geste réside dans le fait que la mère, illettrée, ne pourra jamais lire cette lettre. Ce qui autorise le narrateur à une incroyable sincérité, souvent très crue. le procédé n'est pas nouveau, on pense forcément à la formidable Lettre à mon père dans laquelle Franz Kafka dresse un réquisitoire bouleversant, analysant cette figure paternelle terrible qui l'a construit dans la peur et la culpabilité.

Un bref instant de splendeur est un roman d'apprentissage. Océan Vuong raconte comment il s'est construit, dans la solitude, sans père, sans frère ni soeur, aux côtés d'une mère aimante mal maltraitante et d'une grand-mère schizophrène, toutes deux hantées par la guerre du Vietnam qu'elles ont fui en passant par les camps philippins avant de migrer à Hartford dans le Connecticut. Sa solitude d'enfant puis de jeune adulte est exacerbée par son altérité ( petit, pauvre, asiatique, homosexuel ).

Océan Vuong écrit sa lettre dans une liberté absolue, faisant fi de toute logique chronologique. Son récit est fragmenté, maniant audacieusement ellipses et analepses, sculpté de fragments qui errent dans les cercles de la mémoire de façon spiralaire mais revenant toujours vers l'épicentre de la construction chaotique du moi. Ainsi les vignettes sur les mauvais traitements maternels s'allument puis s'éteignent rapidement comme des allumettes que l'on frotte.

Si le texte peut sembler un peu inégal et parfois même répétitif, il est traversé d'instants de pure magie littéraire. Océan Vuong est un grand poète, capable, par la seule force de ses mots, de créer des images impressionnistes touchées par la grâce. Dans cette mise à nu, les émotions sont toutes palpables et bouleversent, comme si nos sentiments nous faisaient penser. Il parvient à capturer des sensations fugaces presque irréelles, suspendues à un fil, à partir de quelque chose de très tangible.

J'ai relu de nombreux passages tellement ils m'ont éblouie par leur intensité : lorsqu'il raconte son travail dans les champs de maïs aux côtés de migrants latinos, ou son histoire d'amour et l'éveil à la sexualité avec Trevor, un jeune Redneck avec lequel il vit une relation à la fois tendue et passionnée mais qui ne peut survivre à l'âge adulte. Ou encore les superbes pages sur la mort de la grand-mère.

Je referme ce roman autofictionnel très singulier subjuguée par la vulnérabilité et la force qui se dégage de cet auteur. Envahie par la mélancolie née d'un paradoxe : le chagrin et la liberté d'Ocean Vuong grandissent à mesure qu'il écrit son chemin loin de ses ancêtres, lui qui a fait des études, lui qui s'est réfugié dans l'amour des livres, dans l'écriture de la poésie pour se construire, à mesure qu'il tend des fils entre des mondes qui ne se touchent plus.
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« Je n'essayais pas de faire une phrase – j'essayais de me libérer. Parce que la liberté, paraît-il, n'est rien d'autre que la distance entre le chasseur et sa proie. »

De l'horreur à la splendeur, il n'y a parfois qu'un mot.

Mettre en mots son histoire, pour le poète vietnamo-américain Ocean Vuong, c'est la transcender, se livrer pour mieux la mettre à distance et la revisiter, voire y découvrir une beauté insoupçonnée. Une histoire familiale dont l'arbre généalogique tordu enfonce ses racines à l'épicentre de la guerre du Vietnam. Une histoire personnelle torturée par l'intolérance crasse qui règne partout, rythmée par les coups de sa mère traumatisée qui l'aime pourtant, baignée des vapeurs toxiques du salon de manucure où celle-ci travaille, et du parfum du riz au jasmin préparé par sa grand-mère détraquée mais bienveillante qui l'appelle Little Dog.

« Comment qualifier l'animal qui, découvrant le chasseur, s'offre pour être mangé ? Un martyr ? Un faible ? Non, une bête qui acquiert un pouvoir rare, celui de dire stop. Oui, le point dans la phrase - c'est ça qui nous rend humains, Maman je te le jure. C'est ce qui nous permet de dire stop pour pouvoir continuer. »

Dans une déroutante spirale de pensées couchée sur le papier sous la forme d'une lettre à sa mère, l'auteur scrute ces fils de son histoire avec une sincérité parfois crue, sonde leurs entremêlements jusqu'à leurs noeuds les plus intimes. Sur ses blessures et ses différences si lourdes à porter, il pose des mots sublimes qui nous prennent de court par leur pouvoir d'évocation et leur justesse.

La magie de la littérature est à l'oeuvre ici comme rarement. Celle qui déployait des univers-refuges entiers dans l'imaginaire du jeune Little Dog. Celle qui, par le même pouvoir des mots, nous fait ressentir dans notre chair le déracinement, le poids des traumatismes et des non-dits familiaux, la façon dont la guerre fait irruption dans le quotidien des décennies et des milliers de kilomètres plus loin, les violences de race, de genre et de classe dans la société américaine, le piège des addictions ; mais aussi le pouvoir rédempteur de la soumission, de l'amour et de l'écriture. Celle qui révèle l'humanité et la grâce, même fragile et éphémère, là où on s'était accoutumé à ne plus attendre que le monstrueux. Celle qui voit le récit faire naturellement place à la poésie, réduisant sa langue à l'essentiel, lorsque les émotions prennent le dessus.

« Quel est le prix à payer si on passe toute sa vie côte à côte avec les gens qu'on aime sans pouvoir leur parler, sans pouvoir leur dire exactement ce qu'on ressent ? »

Alors certes, la mère à qui cette lettre est adressée ne pourra jamais la lire – elle a été enfermée toute petite par une attaque américaine au napalm sur son école dans la « capsule temporelle » de sa langue d'alors. La communion et l'amour filial qui transpirent dans les pages de ce roman sont d'autant plus bouleversants qu'Ocean Vuong désespère de pouvoir les communiquer.

Un bref instant de splendeur n'est pas une lecture facile (et je ne me suis pas facilité la tâche en décidant de le lire en anglais) : la construction est déstabilisante, le propos souvent terrible. Pourtant, cette courageuse mise à nu est libératrice aussi pour le lecteur puisque chacun de nous a sa part de « monstre ». J'en retiens aussi la beauté de plusieurs scènes – cette mère et cette grand-mère disloquées qui parviennent malgré tout à puiser des réserves de tendresse, la façon dont Little Dog prétend que l'inscription homophobe sur leur porte signifie « Joyeux Noël » pour préserver sa mère ou celle dont le grand-père tourne la page de son amour perdu.

Voici un roman violet, mélange de tristesse et de ravissement. Un texte troublant, qui ouvre les yeux et éblouit.
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Ce genre de livres, on croit le reconnaître de suite même s'il est unique. Il y a une musique familière, elle ressemble à la mélodie du dépouillement d'une âme, aux accents de sincérité traumatisée. Elle vous infuse dès les premières phrases, peu importe presque ce qui se racontera, peu importe qui se racontera. Est-ce Ocean Vuong, est-ce un double narrateur ? C'est « Little Dog » plus sûrement, tel qu'il se présente : « J'ai 28 ans, je fais 1,63 m, 51 kg. Je suis beau sous trois angles exactement, et sinistre de partout ailleurs. Je t'écris de l'intérieur d'un corps qui autrefois t'appartenait. Autrement dit, je t'écris en tant que fils. »
C'est donc sous une forme épistolaire à sens unique que s'engage cette confession, une longue lettre écrite à sa mère analphabète qui ne pourra pas la lire : « Petite fille, tu as regardé, depuis une bananeraie, ton école s'écrouler après une attaque américaine au napalm. À cinq ans, tu n'as plus jamais remis les pieds dans une salle de classe. » C'est aussi sous la forme de flashs, de scénettes pas forcément chronologiques que se révèle son histoire morcelée. Il y interroge sa construction identitaire et ses origines, plus généralement le déracinement de Vietnamiens expatriés aux USA, la violence de la société américaine, la découverte de l'homosexualité, à travers la schizophrénie de sa grand-mère traumatisée à jamais par les bombes américaines au Vietnam, mais aussi son premier amour dramatique, ou son grand-père qui n'en était pas vraiment un.
Mais c'est surtout par la langue que ce livre porte le lecteur. Une langue à la fois tendre et sulfureuse, à la jeunesse fougueuse, crue et poétique, à ingurgiter à petites doses. Une belle langue, avec des mots qui peuvent glisser ou dire, suggérer ou transcender. Il faut parfois leur laisser le temps pour imprégner la conscience, pour que les scènes se déposent au fond des rétines, qu'elles se déclarent à l'émotion. Jusqu'à entendre « l'impossibilité même que tu lises ceci » comme « la seule chose qui me permet de te le dire », et qui fait résonner l'écriture de ce livre comme un pansement pour son auteur.

« Bien joué mec, m'a dit un jour un homme lors d'une soirée, tu fais un massacre avec ta poésie. Tu les exploses tous ». Avec ce premier roman, Ocean Vuong fait aussi une entrée pour le moins remarquée en littérature.
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Un premier roman flamboyant…nous faisant passer tout au long de la narration du désespoir à la joie… lecture aussi époustouflante qu'éprouvante !

Ce jeune poète Ocean Vuong nous donne à lire, les plaies ouvertes de trois générations d'exilés vietnamiens aux États-Unis…. le déracinement, la violence omniprésente, les multiples discriminations ,le mal-être des personnes transplantées, la drogue, les dérives multiples, etc.

Un premier roman des plus singuliers…dont le style est très étonnant : tour à tour haché, fluide, rempli de poésie et d'hyper-réalisme… Un texte perturbant mettant en scène un jeune garçon d'origine vietnamienne, transplanté en Amérique, élevé par une mère analphabète, qui se tue au travail dans un salon de manucure, une grand-mère aimante mais schizophrène (à cause de la guerre du Vietnam, et des bombes), délirante…Le récit se présente comme une longue lettre d'un fils à sa mère ; lettre qu'elle ne pourra jamais lire, celle-ci n'ayant jamais pu maîtriser l'anglais, la nouvelle langue de l'exil, après la terre vietnamienne…les traumatismes de la guerre…Le jeune garçon lorsqu'il était auprès de sa mère l'aidait dans son quotidien, à se faire « comprendre » :
« Ce soir-là je me suis promis que les mots ne me manqueraient plus jamais quand tu aurais besoin que je parle pour toi. C'est ainsi qu'a commencé ma carrière d'interprète officiel de la famille. A compter de ce jour, à chaque fois que je le pourrais, je comblerais nos blancs, nos silences, nos bégaiements. Je me suis reprogrammé. J'ai retiré notre langue et arboré mon anglais comme un masque, afin que les autres voient mon visage, et par conséquent , le tien. (p. 47)”

Un jeune garçon , en butte aux discriminations car il est différent, il est « jaune »… ne maîtrise pas bien sa nouvelle langue… Il découvre en grandissant qu'il est « gay »…différence qui s'ajoute aux autres facteurs d'exclusion… le parcours de ce jeune garçon est un mélange de désespérance, de survie, et d'infimes instants de splendeur et de tendresse… à l'image de la belle et touchante illustration choisie pour la couverture : cette biche à la fois douce, élégante , attendrissante…sur des passages cloutés… dans les dangers supposés de la ville !

« Parfois, quand je suis insouciant, je crois que survivre est facile : il n'y a qu'à continuer à avancer avec ce qu'on a, ou ce qu'il reste de ce qu'on vous a donné, jusqu'à ce que quelque chose change – ou jusqu'à prendre conscience, enfin, qu'il est possible de changer sans disparaître, qu'il suffisait d'attendre que la tempête passe sur vous pour découvrir – eh bien oui – que votre nom est toujours rattaché à une chose vivante.”

Comme l'exprime justement une phrase du 4ème de couverture : « Un livre d'une justesse bouleversante sur la capacité des mots à panser les plaies ouvertes depuis des générations »… sans oublier la tendresse et la compassion venant contrebalancer l'insupportable, la violence, la noirceur de certains humains , sans oublier les Etats entraînant dans la guerre leurs peuples!...

Un réquisitoire sous-jacent contre toutes les guerres qui abiment le monde et plusieurs générations, chaque fois. Les cicatrices sont longues à se guérir !. Reste que cette Lettre à sa mère si vaillante garde, envers et contre tout, la tendresse, l'Espoir...l'amour de la Vie qui passe par l'amour des mots !

« Depuis tout ce temps je me disais que nous étions nés de la guerre, mais je me trompais, Maman. Nous sommes nés de la beauté.
Que nul ne nous confonde avec le fruit de la violence-mais cette violence a beau avoir traversé le fruit, elle n'a pas réussi à le gâter. « (p. 270)

Près de 60 critiques 5 mois après sa sortie…Résultat riche de promesses, pour un tout premier roman… Critiques que je ne lirais pas avant , d'avoir rédigé mon “propre ressenti”. Un vrai choc de lecture dû à la fois à l'intensité du contenu et à la Musicalité très colorée de sa prose , prodigue en images fulgurantes, couleurs, sons et odeurs , liées harmonieusement…
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Ce roman raconte l'histoire de Little Dog un jeune homme d'origine vietnamienne, né en 1988, qui est hanté par la guerre du Vietnam qu'il n'a pas connue. Ce roman est présenté comme une longue lettre que le fils adresse à sa mère et dans laquelle il retrace l'histoire de sa famille.

Rose sa mère est la fille d'un soldat américain, sa grand-mère Lan était obligée de se prostituer pour survivre. Lan restera traumatisée toute sa vie par les bombardements américains. À cinq ans, Rose a vu son école s'écrouler après une attaque américaine, elle n'a plus jamais mis les pieds dans une salle de classe. Aujourd'hui analphabète elle use ses mains dans un salon de manucure.

Par petits flashs, l'auteur nous entraîne dans l'horreur de cette guerre. Des villages entiers qui partent en fumée, dix mille bombes lâchées par l'armée américaine sur un pays pas plus grand que la Californie, davantage que le nombre de bombes déployées pendant toute la Seconde Guerre mondiale. Il n'y a rien à manger, les gens mettent de la sciure de bois dans le riz pour le rallonger. Quand il y a un rat au menu, c'est un jour de chance. Rose souffre d'un syndrome post-traumatique, elle frappe son fils, elle n'est pas normale, elle est malade du cerveau.

La seconde partie du roman tourne autour du personnage de Trevor, qui va être pour Little Dog la révélation de son homosexualité, l'auteur ne nous épargne aucun détail de cette passion dévorante et les ravages de la drogue.

L'écriture de ce roman est splendide, poétique, violente, crue, mais la lecture m'a semblé difficile. La construction du récit est faite de juxtaposition, de séquençage, des époques différentes se chevauchent en permanence. Je dois dire que j'ai été un peu déstabilisé par cette fragmentation de l'histoire bouleversante de ce jeune homme à qui on a appris à se rendre invisible pour être en sécurité.
Un roman d'une grande richesse sur la violence de la guerre, du déracinement, sur des plaies qui ne se refermeront jamais, sur la différence, sur le racisme, sur le mirage du rêve américain.
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Un fils adulte s'adresse à sa mère, évoque les souvenirs, bouscule le tabou du passé, se raconte jusqu'à l'impudeur.

Little Dog, petit garçon métis, petit-fils de GI, dépositaire de l'histoire dramatique de sa mère et de sa grand-mère ayant fui la guerre du Vietnam, soutien de famille d'intégration en étant seul capable de parler la langue du pays d'adoption. Une famille déracinée dans l'Amérique des années 90 et suivantes.

Les premières pages se méritent, rendues obscures par un mode narratif un peu décousu et métaphorique, sans doute pertinent pour évoquer la psychologie brouillée de l'enfance faite de compréhensions aux perceptions tronquées. Peu à peu le lecteur s'adapte car les souvenirs s'organisent et se concentrent sur une histoire familiale au quotidien impécunieux, sur l'apprentissage d'un jeune garçon confronté à une nouvelle culture et à son homosexualité évoquée très crûment.

On évoque un jeune prodige littéraire pour ce premier roman puissant, à l' écriture originale, comme débordante et désordonnée. J'ai trouvé cette lecture éprouvante, souvent fragmentée, certains passages d'une beauté poétique quand d'autres restent confus.
Inspirée du parcours personnel de sa famille, Ocean Vuong écrit sur le déracinement et les traumatismes de guerre, sur les déshérités de la société américaine, où violence, pauvreté, délinquance et racisme envers les minorités se mêlent.
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Me voilà bien embarrassée : trois étoiles et demie seulement pour l'Océan, mais une petite voix au fond de moi me crie qu'il en vaut bien plus … le problème, c'est, je pense, que ce roman est tombé au mauvais moment, et que je ne l'ai peut-être pas accueilli avec toute l'attention avec toute la curiosité qu'il méritait. Je le regrette mais ainsi sont les choses.

Trois étoiles et demie, pourtant le petit chien – qui aurait pu s'appeler groin de cochon, crâne de buffle ou bâtard - nous parle des ravages de la guerre du Vietnam, vue des victimes. Comme cette dame qui vient faire masser son pied amputé, son pied fantôme, son pied souvenir. Moment d'une infinie tendresse qui a réussi à réconforter cette partie amputée de mon coeur blessé. Petit miracle de la lecture.

Trois étoiles et demie, pourtant le petit chien nous parle aussi construction, espoir, projet, malgré la douleur, malgré la perte et la folie des hommes. Car « toutes les boîtes finiront par s'ouvrir avec le temps, avec les mots. »
Trois étoiles et demie, pourtant le petit chien évoque pour nous son désir naissant, cette chose si frêle et pourtant dévastatrice, cette soif de l'Autre dans lequel on aimerait échapper à soi-même. Et avec lui j'ai eu envie de repousser un peu plus loin les barreaux de la prison qui nous tient enfermés.

Trois étoiles et demie, pourtant le petit chien nous parle avec justesse de l'écriture qui libère, des virgules auxquelles on demande d'être des points, des mots qui disent tout d'eux en restant simplement immobiles, en se contentant d'être. Des mots qui sauvent une vie en lui donnant un sens.

Trois étoiles et demie, mais je vous en prie, si le coeur vous en dit, foncez découvrir ce quand même beau récit. Et je serai très heureuse de lire votre billet qui soutiendra la myriade de constellations que vous lui accorderez, j'en suis sûre.
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Little Dog, écrivain asiatique de même pas trente ans à quitté le Connecticut où il a été elevé pour New York. Il écrit un soir une longue missive à sa mère qui ne la lira jamais car elle est est analphabete.

Au fil des pages, se déroulent les fils de sa vie de sa famille exilée du Vietnam pour aller tenter sa chance aux USA, entre une grand mère shizophrène et une mère amiamnte mais violente et ses difficultés à s'intégrer dans une Amérique où les barrières- linguistiques, culturelles, sociales-sont nombreuses .

Ocean Vuong, revisite son histoire dans une forme de mise à nu poétique d'une grande beauté et d'une grande sincérité.


Ce jeune homme, qui découvre aussi peu à peu son homosexualité, verra l'american dream se fracasser contre son identité et tenter de se construire malgré tout pour montrer à ses proches, et à cette mère qu'il hait autant qu'il adule, qu'il faut l'accepter tel qu'il est.Mais comment en fait réussir à exister avec tant de fantômes quand on est pret à s'effondrer au détour d'une phrase ou d'un son enfoui depuis longtemps?

Entre le poème élégiaque ( l'auteur avait été d'abord été consacré par un recueil de poèmes, carton aux USA) et la chronique semi autobiobraphique, ce premier roman d'Ocean Vuong emporte tout sur son passage et démontre un amour pour la langue et une inventivité littéraire étonnante.

Virtuosité, inventivité des images, art de sculpter le texte en différents fragments rendant le texte toujours lisible et toujours étonnant : toutes les pages de ce récit aussi lyrique que sincère forcent l'admiration.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ocean Vuong nous livre ici un récit magnifique et très fort. La langue est splendide, les mots cherchés avec soin ont beaucoup de poids et sont très poétiques, et le choix d'une narration à la deuxième personne du singulier est original et donne un impact encore plus fort au texte.

J'ai tout aimé dans ce roman. L'auteur nous offre un récit très sensible sur divers sujets. le premier, et pas des moindres, est la difficulté à se confier à sa mère et à dialoguer avec elle, ce qui entraîne d'ailleurs cette longue lettre qu'elle ne lira jamais dans laquelle le narrateur se lance dans une introspection et se livre à coeur ouvert.
Ocean Vuong évoque également la dure vie des émigrés dans un pays dont ils ne connaissent que très peu la langue, les difficultés économiques mais aussi celles à s'intégrer dans un endroit qui, soyons francs, est raciste. La guerre est elle aussi bien présente, avec ces atrocités et ces incompréhensions.
Outre ces sujets, l'auteur nous parle aussi du ravage de la drogue, notamment sur ces jeunes devenus accros et livrés à eux-mêmes, des jeunes partis trop tôt.
Il est également question des sentiments du narrateur, de son homosexualité, d'une belle histoire d'amour, elle aussi finie trop tôt.
J'ai été profondément touchée par le malaise ressenti par ce petit garçon, perdu entre l'anglais et le vietnamien, errant d'une langue (et d'une culture) à une autre, mais se sentant finalement n'appartenant ni vraiment à l'une ni vraiment à l'autre.

Concernant la langue (mais ici la langue du roman) j'ai été subjuguée par sa grande beauté et la finesse des descriptions, ainsi que par la force des mots. Ce roman est magnifiquement écrit !
Je pense que cette lettre d'un jeune homme à sa mère va rester longtemps gravée en moi. Véritable cri du coeur qui ne peut absolument pas passer inaperçu.
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Un fils, Little dog (l'auteur) écrit à sa mère, Rose, une longue lettre que celle-ci ne lira jamais parce qu'elle est analphabète,  mais malgré tout il se lance dans une longue confession sur ce qu'il ne pourrait peut-être pas lui dire de vive voix, sur son enfance dont sa peau résume à elle seule ses traumatismes : trop claire au Vietnam parce que sa mère est le fruit d'une rencontre entre sa grand-mère Lan et un soldat américain et trop foncée aux Etats-Unis. 

Ces aveux sans fard, car c'est finalement cela, vont évoquer les impacts d'une guerre sur l'esprit de sa grand-mère, sur ses relations avec sa mère, travaillant dans un salon de manucure, sa violence parfois mais également sur ce qu'il ne peut qu'écrire parce que la pudeur l'empêcherait de l'évoquer de vive voix, sur la découverte de son homosexualité, de son premier amour initiateur tragiquement perdu mais également pour répondre à la question de ce qu'est un écrivain.

A la sortie de ce roman je l'avais immédiatement retenu déjà parce que le titre est une "splendeur" mais je dois avouer que je ressors beaucoup moins séduite que je ne le pensais.

L'auteur fait le choix d'entremêler sa narration en alternant des pensées, réflexions sous forme d'énumérations dont je n'ai pas toujours compris l'insertion, utilisant le "Tu", le "Je", ou le "Garçon" comme narrateur demandant au lecteur de se recaler, de changer de point de vue et je dois avouer, que toute la partie concernant sa relation avec Trevor, racontée dans les moindres détails, m'a gênée car elle contrastait trop avec la beauté de l'écriture quand il s'agissait de retracer le parcours familial, ses difficultés d'intégration. Je ne suis pas sûre, en plus, qu'un fils ferait ce genre de récit détaillé à sa mère même si le fait qu'elle ne le lira permet d'exprimer tout ce qui est de l'ordre de l'intime.

Le début du roman m'a plu, le contexte familial est relaté avec une plume assez belle, fluide, voire même poétique par moment mais arrivée à la moitié du récit, j'ai commencé à trouver le temps long, à être fatiguée de devoir me recaler par rapport à la chronologie, de savoir qui parlait et pourquoi le changement de narrateur, d'essayer de trouver le lien entre les associations d'idées, s'il y en avait.  J'ai eu le sentiment qu'Ocean Vuong, dont c'est le premier roman, "jetait" ses idées, ses souvenirs comme ceux-ci revenaient dans sa mémoire mais moi il m'a perdue, cela tournait en rond et mon attention partait ailleurs ayant le sentiment de répétitions.

Comme c'est une lecture que j'ai faite dans le cadre du Comité de lecture des bibliothèques de ma commune, je suis allée jusqu'au bout mais j'avoue que je comptais presque le nombre de pages qu'il me restait à lire, comme un compte à rebours pour passer à autre chose. Dommage parce que malgré une plume prometteuse, la construction, trop déstructurée et la deuxième partie très crue a étouffée la poésie que le roman pouvait comporter, à mon goût.

Inutile de s'étendre donc, une déception malgré mon espoir et mon attente, ce ne fut pas une lecture qui a tenu les promesses de son titre mais d'autres ont aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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