La confrérie de la dague noire, tome 9 : L'amant déchaîné

- Je me fiche de ce que dit le calendrier ou l'ordre de naissance. C'est ma petite soeur et elle ne sera jamais assez âgée pour... euh, voilà.
Jane éclata de rire et se repositionna sous son bras.
- Tu es un mâle adorable.
- Nan.
- Si.

- C'est ce chirurgien humain.
- Oh... Putain, non. Kolher releva ses lunettes de soleil sur son front et se frotta les yeux.) Ne me fous pas en rogne en m'annonçant qu'ils sortent ensemble.
V. demeura silencieux. Il pris le tabac et en distribua des pincées au-dessus de chaque carré.
- J'attends que tu me répondes que je me trompe. Kolher laisse retomber ses lunettes.) J'attends toujours...

- Cousin, puis-je te parler franchement ?
Vhif se racla la gorge.
- Ca dépend de ce que tu as à me dire.
- Je suis son amant, cousin...
- Waouh... Il leva la main pour l'arrêter.) Cela ne me regarde pas...
-... pas l'amour de sa vie.

On aurait dit qu'il était enfin prêt à essayer la version psychiatrique du traitement anti-acné.
Si cela continuait, il allait se retrouver dans une pub télé où il déclarerait à la caméra : "Il ne faut qu'une petite touche de compréhension de soi... puis je rince avec la lotion 'Définis-toi' , et mon esprit et mes émotions sont propres et nets...".
Très bien, voilà qu'il perdait vraiment la boule.

- Je n'aurais jamais cru être heureux que tu sois une vraie gonzesse en matière de fringues.
- Je crois que le terme est "s'habiller avec goût".

- Elle est de mon sang, grogna-t-il.
- Et c'est moi qui l'ai envoyé sur ce lit. ET accessoirement, je suis également ton putain de roi, donc tu feras ce que j'ordonne, Viszs.

Pourtant, ce soir, il avait autorisé Jane à prendre le volant parce que : un, elle était compétente et savait embrayer sans faire grincer le levier de changement de vitesse ; deux, elle lui avait assuré que la seule façon de l'emmener là où ils allaient était qu'elle conduise ; et trois, il ne s'était pas encore remis d'avoir vu quelqu'un qu'il avait enterré surgir des buissons pour lui demander de ses nouvelles.

Cette seule pensée le fit sourire.
Dans l'ensemble ?
Il avait l'impression d'avoir gagné au loto. Dans les cinquante Etats. En même temps.
Ils étaient tous chanceux à ce point.

- Je veux me souvenir de toi, Souffhrance... Je veux me rappeler tout de toi. Tout. (Son regard triste et ardent parcourut le visage de Souffhrance.) La saveur et la sensation de ton corps. Le son de ton rire... et celui de tes halètements. Les moments que j'ai passés à ton côté... (Sa voix se fêla, et il se reprit en se raclant la gorge.) J'ai besoin que ces souvenirs durent toute la vie.
Des larmes jaillirent et coulèrent le long des joues de Souffhrance alors que son cœur cessait de battre correctement.
- Tu vas me manquer, bambina. Chaque jour. Toujours.

Pas de repos donc pour elle.
Elle souhaitait simplement jouir de cette sensation.
Pour toujours.