Evidemment, elle regrettait d’avoir expliqué tous ses projets de voyage sur Instagram. Elle ne s’était pas rendu compte que n’importe qui pouvait avoir une foule d’informations sur elle, et elle regrettait maintenant sa naïveté. Elle serait plus prudente à l’avenir, c’était certain.
Mo Mo comprenait de moins en moins le comportement de "ses" touristes mais les amena comme ils le souhaitaient à l'entrée du pont, en leur laissant le soin de parcourir quelques mètres pour apercevoir un grand classique en fin de journée : le coucher de soleil majestueux, les esquisses de barques glissant sur le lac et la silhouette du pont avec à l'arrière-plan un ciel violet et jaune et la foule des curieux venus partout, les touristes et les innombrables moines. De loin, d'un air distrait Mo Mo attendait leur retour, attablé à une petite échoppe où il avait ses habitudes, sirotant un thé birman et observant lui aussi la lente descente de l'astre sur les eaux calmes du lac.
- Stupas et tremblements, si tu vois ce que je veux dire, avait ajouté Camino, qui adorait utiliser des expressions originales en déformant la littérature. Il faisait évidemment référence au livre d' Amélie Nothomb, Stupeur et tremblements, trouvant la ressemblance entre stupas et stupeur très drôle.
Et quel meilleur moyen que de partir à l'aventure, surtout en Birmanie, une destination qu'elle rêvait de découvrir.
" Le stupa et les innombrables petits temples et pagodes chamarrés d’or et de couleurs vives, resplendissaient comme autant d’hommages élaborés avec patience et mysticisme en l’honneur et en gratitude à Bouddha…"
Fiona avait d’ailleurs cité Orwell, qui, très en avance sur son temps, avait écrit : ‘Nous pourrions bien nous apercevoir un jour que les aliments en conserve sont des armes bien plus meurtrières que les mitrailleuses.