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Citations sur La Véranda aveugle (17)

Un jour, ignorant qu'il y avait une différence entre l'eau de la mer et celle de la rivière, Tora avait bu de l'eau salée.
Elle n'en avait ensuite jamais oublié le goût.
Un goût qui lui avait fait redouter les bains de mer.
Elle préférait les trous dans la rivière, même si l'eau y était plus froide. Et, lorsqu'elle apprenait que quelqu'un s'était noyé en mer, le goût salé et nauséabond lui revenait dans la bouche.
Ainsi savait-elle un peu ce que c'était de mourir.
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Ceux qui assistèrent Elisif cette nuit-là racontèrent ensuite qu'ayant eu à souffrir des heures durant [son accouchement], elle n'avait cessé de prier. Elle avait prié pour obtenir un grand garçon bien constitué qui ferait honneur à Dieu et pourrait ainsi devenir missionnaire afin d'aller convertir les païens.
Mais, vers les six heures du matin, un cri de bête vint déchirer l'air et se vriller dans toutes les têtes de la maison des Mille. Chacun se mit à supputer.
C'était Elisif qui, n'arrivant plus à se contenter de l'aide céleste, s'abandonnait au seul recours qui lui restait. Le cri originel. Le premier cri véritable de l'histoire universelle. Le hurlement arraché à un être dans la détresse, abandonné de Dieu, seul avec sa douleur. Le combat auquel les livres n'accordent aucune importance particulière parce que la vie nouvelle n'est pas le fait des grands généraux.
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Lorsque Tora venait lui rendre visite, il lui arrivait de préparer du cacao. Sinon, on la trouvait presque toujours dans son coin-cuisine ou devant sa machine à tricoter. Par moments, tournant la tête vers Frits et Tora, elle leur adressait un sourire que Tora, incertaine et étonnée, lui rendait. Et Tora en venait à penser qu'en définitive ce n'étaient pas tant les livres, l'armoire, son gramophone et sa radio qui distinguaient cette maison des autres. Non, c'était ce sourire que l'on adressait à quelqu'un, uniquement pour lui sourire.
Etonnant !
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Entre autres histoires, Tora en avait une très belle où il était question d'un chemin que l'on parcourait avec une clef dans la poche. La clef d'une petite pièce fermée. Fermée à tout le monde. Chaque fois qu'elle arrivait à un endroit précis du chemin, Tora faisait demi-tour et rentrait chez elle dans la pièce, quelle que soit sa destination. Elle ouvrait la porte, entrait et verrouillait derrière elle.
Nulle voix ne se faisait entendre.
Le péril ? Le péril ne pouvait pénétrer dans ce genre de pièce.
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Elle ne put continuer. L'ayant enserrée de ses longs bras vigoureux, Simon la pressait contre lui et lui couvrait le visage de baisers.
Il la buvait, comme un homme assoiffé, jamais abreuvé, jamais désaltéré.
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Sans doute était-ce la faute du chat lui-même. Parce qu'il n'avait pas de maître, qu'il n'avait personne pour le surveiller. Et, en le voyant, les gens avaient eu envie de l'écorcher. Et, en le voyant, les chiens avaient eu envie de le traîner dans la boue.
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Un jour, ignorant qu'il y avait une différence entre l'eau de mer et celle de la rivière, Tora avait bu de l'eau salée. Elle n'en avait ensuite jamais oublié le goût. Un goût qui lui avait fait redouter les bains de mer. Elle préférait les trous dans la rivière, même si l'eau y était plus froide. Et, lorsqu'elle apprenait que quelqu'un s'était noyé en mer, le goût salé et nauséabond lui revenait dans la bouche. Ainsi savait-elle un peu ce que c'était de mourir.
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D'habitude, maman avait de grands yeux vert clair, qui se voilaient d'un mince rideau terne, tout à fait semblable aux rideaux d'été de tante Rakel. Mais il pouvait leur arriver de changer brusquement de couleur, de tirer le rideau pour se faire voir.
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Malgré tout, Soleil faisait des rêves, des rêves auxquels nul n'avait accès, des rêves que nul ne pouvait lui enlever. Les jambes en tailleur et mâchant son crayon jaune d'un air réfléchi, elle restait parfois assise sur le plan de travail de la cuisine à regarder par la fenêtre. Regarder, regarder à l'infini une merveille qui était complètement dissimulée aux autres.
Et c'est ainsi que, sans qu'elle s'en rendit compte, mercredi était devenu jeudi.
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Debout près de la fenêtre, Tora se laissait pénétrer par les voix mais ne prêtait pas attention aux paroles. Celles-ci n'avaient plus de sens. Seules comptaient les voix : réconfortantes, douces, rassurantes. Elles comprenaient vaguement que les paroles avaient trait à des choses qu'elles avaient eues auparavant en commun. De ces choses dont l'empreinte n'apparaissait pas sur elles au quotidien : des journées d'été passées ensemble, de communes égratignures, des tempêtes matinales sur le chemin de l'école, des chagrins et des veillées de Noël partagées. Et puis ces moments où elles avaient été contraintes de se détester profondément d'une haine fraternelle, mais pour réaliser l'instant d'après que c'était ensemble qu'elles étaient le plus aptes au combat. Tout ceci, ce n'était pas leurs paroles, ce n'était pas ce qu'elles disaient qui le révélaient. Non, c'étaient leurs voix. Ces voix où transparaissaient les trésors d'affection que chacune éprouvait pour l'autre.
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