Elle détestait l’humiliation de son incontinence, et elle espérait en grandissant la voir disparaître, mais elle finit par l’accepter comme une part d’elle-même, malgré les désagréments occasionnés. Elle décida qu’elle vivrait comme n’importe quelle fille, du mieux qu’elle le pourrait, et quand cela se révéla impossible, elle s’adapta aux conditions particulières de son quotidien en conséquence. Et donc, elle ne craignait pas sa propre singularité, même si la conscience qu’elle en avait s’intensifia et évolua au fil des ans.
Elle adorait s’agenouiller devant la fenêtre ouverte pour écouter le chœur des coyotes et imaginer ce qu’ils pouvaient bien se chanter, et l’importance que revêtait pour eux cet échange. Cela ne la dérangeait nullement qu’ils déchiquettent mulots, lapins et écureuils, ni qu’ils pourchassent les faons nouveau-nés. Ni que les panthères emportent parfois un petit veau. L’étrange peur qu’elle éprouvait d’un animal inconnu, voire légendaire, née la nuit où elle s’était imaginé en entendre grogner un à proximité de la maison et où elle avait été terrifiée.
Elle ne craignait pas les serpents, pas même les venimeux, persuadée qu’ils ne la mordraient jamais si elle les laissait tranquilles. Les moustiques, pour une raison qui leur appartenait, ne la piquaient pas, bien qu’elle ne prît contre eux aucune protection.