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Citations sur Miss Jane (23)

Cette Hattie, fille d'Emmalene, la sage-femme, avec son enfant illégitime, il l'avait prise en pitié et l'admirait pour sa remarquable dignité, sa maturité précoce. Un de ses patients avait un jour repéré la présence de son fils, Mister, qui jouait tout seul dans le jardin, et il avait déclaré que ces gens de couleur ne savaient décidément pas s'occuper de leur famille. Il s'étonnait parfois de la facilité avec laquelle, il oubliait combien les gens étaient cruels et ignorants, des paysans jamais sortis des petits hameaux où ils étaient nés, où ils avaient grandi et où ils mourraient sans doute.
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À la fin du printemps, l'année de ses six ans, une conscience plus complexe d'être différente des autres avait commencé à se former dans son esprit, telle la racine d'une plante étrange au plus profond des bois. À certains moments, elle avait l'impression d'être une créature étrange et silencieuse, un être invisible, davantage un fantôme qu'une personne, un enfant, une petite fille. Plus souvent qu'à son tour, elle sentit la tape légère de la main de sa mère derrière sa tête et entendit sa voix lui dire, Réveille-toi, est-ce que tu serais devenue sourde, muette et aveugle maintenant ? L'espace d'une seconde, c'était comme si quelque chose d'aussi immatériel qu'elle-même, un ange gardien malveillant, l'avait brutalement ramenée au monde contre sa propre nature avant de s'éloigner dans un souffle à la force d'invisibles ailes.
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Jane apprit à essuyer les mots sombres et violents, comme une brise néfaste dans un univers traversé de vents d'intensités variables, mais éphémère et sans grandes conséquences.
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"Tu fais jamais ça avec les animaux ? Tu restes là et tu les regardes sans rien dire, et tu laisses le silence s'installer jusqu'à que tu te mettes à tout entendre, tout ce que tu entendais pas avant d'avoir fait le calme en toi, et alors tu vois que les animaux se calment aussi.
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Elle venait d'entrer dans le nef secrète d'une cathédrale aviaire, peuplée de créatures à plumes et ailées qu'elle n'avait jamais vues.
Immobiles, silencieuses, leurs yeux noirs et luisants étaient posés sur elle, leurs becs blancs entrouverts dans une mystérieuse et fébrile attente.
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« Avec le temps, la beauté de l’enfant émaciée aux cheveux sombres et aux yeux bleus qu’elle était devait se métamorphoser, les années l’aiguiseraient, elle deviendrait un signe imperceptible de sa dissemblance, de sa farouche liberté, et un message silencieux adressé à tous ceux pour qui sa présence au monde paraissait impénétrable au-delà d’un seuil dont elle seule avait décidé. »
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Jamais on n'aurait cru qu'une personne affligée d'une telle malformation fût ou pût être joyeuse, qu'elle ne se laissât pas aller à la mélancolie ou qu'elle n'eût pas le goût du malheur. Très tôt, elle s'était trouvé des façons de composer avec sa vie, la vie en général. Et en grandissant, il devint évident qu'elle ne craignait pour ainsi dire rien - seuls les chevaux peut-être, et quelque chose qu'elle ne parvenait pas à définir, qu'elle ne parvenait pas à définir, une présence insolite qui n'était pas, ou pas entièrement en tout cas, de ce monde.
Elle ne redoutait pas ces fièvres qui avaient emporté son frère William à l'âge de trois ans, avant sa propre naissance. Dans son esprit, pareil destin était celui de cet enfant-là, pas le sien.
Elle ne craignait pas les serpents, pas même les venimeux, persuadée qu'ils ne la mordraient jamais si elle les laissait tranquilles.
Les moustiques, pour une raison qui leur appartenait, ne la piquaient pas, bien qu'elle ne prît contre eux aucune protection.
Elle n'avait pas peur des poules, parce qu'elle les jugeait d'une sagesse comique, en dépit de leur stupidité proverbiale.
De même pour les cochons, malgré leurs affolements fréquents et inattendus ou leurs assourdissants concerts de panique étrangement orchestrés qui l'effrayaient au début, jusqu'à ce qu'elle en perçût le caractère burlesque. Ces mouvements de frayeur étaient intempestifs, ils disparaissaient aussi vite qu'ils étaient venus. Les vaches, à l'évidence, ne présentaient aucun danger, sauf si on menaçait leurs petits. Le taureau quant à lui était soigneusement tenu à l'écart dans un petit enclos réservé.
Elle n'avait pas peur des coyotes qui jappaient la nuit dans les champs, ni des panthères dont les feulements montaient parfois du plus profond des bois. Elle adorait s'agenouiller devant la fenêtre ouverte pour écouter le chœur des coyotes et imaginer ce qu'ils pouvaient bien se chanter, et l'importance que revêtait pour eux cet échange. Cela ne la dérangeait nullement qu'ils déchiquettent mulots, lapins et écureuils, ni qu'ils pourchassent les faons nouveau-nés. Ni que les panthères emportent parfois un petit veau. L'étrange peur qu'elle éprouvait d'un animal inconnu, voire légendaire, née la nuit où elle s'était imaginé en entendre grogner un à proximité de la maison et où elle avait été terrifiée.
...
Elle avait peur des chevaux...
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(en parlant des paons)
J'aime penser qu'ils pensent que nous pensons que ce sont des dieux, et que la raison pour laquelle nous les contemplons avec pareil émerveillement, c'est que nous les adorons.
Regarde les un peu.
On dirait des ombres, des esprits.
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Tu veux que je te dise une chose très intéressante sur les oiseaux, Janie ?
La plupart d'entre eux, à part les canards, les oies et quelques autres, en tout cas tous les oiseaux chanteurs ...
n'ont pas d'appareil génital apparent.
Tout se trouve à l'intérieur. Les mâles et les femelles ont tous cette espèce de petit canal qu'on appelle cloaque, et quand ils sont prêts à s'accoupler, le cloaque enfle, et ils pressent simplement leurs petits canaux l'un contre l'autre et le sperme du mâle rencontre l'oeuf de la femelle, et voilà, ça fait des petits oiseaux.
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Le bébé commença à sucer avec entrain, ses yeux d'un bleu laiteux fixés sur le visage de sa mère : ce regard insondable et prodigieusement vulnérable qu'ont tous les nourrissons.
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