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Citations sur Grandeur et décadence (16)

- Le caractère gallois mériterait une étude approfondie, dit le docteur, chemin faisant. J'ai souvent pensé écrire une petite monographie sur ce sujet, mais j'y ai renoncé pour ne pas désespérer le village. Les ignorants les croient celtes, grossière erreur ! Ils sont de pure ascendance ibère, puisque ce sont les aborigènes de l'Europe, qui ne survivent qu'au Portugal et au Pays basque. Mais, de temps immémorial, les Gallois ont été considérés comme un peuple impur, ce qui leur a permis de conserver leur pureté raciale. Il est rare que leurs fils et filles se marient avec des êtres humains qui ne leur soient pas consanguins. En Galles, il n’y a jamais eu besoin de lois pour empêcher les conquérants de se mêler avec les vaincus. En Irlande, de telles lois étaient une nécessité politique ; mais ici c’est une affaire purement morale. Incidemment, j’espère que vous n’avez pas de sang gallois dans les veines ?
- Pas une goutte, dit Paul.
- J’en étais sûr, mais on ne sait jamais. Un jour, j’ai fait une petite causerie là-dessus à la classe terminale, pour apprendre plus tard que l’un des élèves avait une grand-mère galloise. Il paraît que je lui ai fait beaucoup de peine, à ce pauvre petit. Et pourtant, elle était du Pembrokeshire, ce qui change tout. Il m’arrive souvent de penser que presque tous les désastres de l’Angleterre sont plus ou moins imputables à l’influence galloise. Pensez donc à Edouard de Caernavon, premier prince de Galles : quelle vie, et quelle mort ! Et puis les Tudors, la dissolution de l’Eglise, Lloyd George, le mouvement antialcoolique, le Non-conformisme donnant la main à la concupiscence pour ravager le pays ! Vous pensez peut-être que j’exagère ? J’avoue que j’ai un certain penchant pour la rhétorique.
- Pas du tout, dit Paul.
- Les Gallois, sont la seule nation du monde qui n’ait jamais produit aucun art graphique ni plastique, aucune architecture, aucun théâtre. Ils chantent, voilà tout. Ils chantent et soufflent dans des instruments argentés. Ils sont faux parce qu’ils ne savent pas distinguer le vrai, dépravés parce qu’ils ne savent pas prévoir les conséquences de leurs vices.
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[...] ... - "J'y pense tout le temps. C'est arrivé tout d'un coup, sans crier gare. Nous étions là [à la cure] depuis trois mois, et ma mère s'était étroitement liée avec des gens qui s'appelaient Bundle, un nom curieux, vous ne trouvez pas ? Je crois que lui avait été dans les assurances avant de prendre sa retraite. Mrs Bundle nous invitait très aimablement à souper, le dimanche après vêpres. Ces réunions sans apprêts étaient pleines de charme pour moi et je les attendais avec plaisir. Je les vois encore, tous assis ce soir-là : ma mère, Mr et Mrs Bundle et leur fils, un garçon boutonneux, externe à Brighton College où il allait tous les jours par le train, et la mère de Mrs Bundle, une Mrs Crump, plutôt sourde mais excellente femme d'Eglise ; et Mrs Aber, la femme de ce dentiste, qui m'avait donné l'Encyclopédie, et le vieux major Ending, marguillier de la paroisse. Ce dimanche-là, j'avais prononcé deux sermons et fait la classe de catéchisme dans l'après-midi, si bien que je ne participais qu'assez distraitement à la conversation. Ils parlaient tous avec entrain des préparatifs de la saison balnéaire quand tout à coup, sans raison, j'ai été assailli par mes premiers Doutes."

Il s'arrêta, accablé, et Paul crut devoir lui exprimer sa sympathie.

- "Quelle chose terrible !" dit-il doucement.

- "A qui le dites-vous ! Depuis ce moment, je n'ai plus jamais connu une minute de vrai bonheur. Voyez-vous, ce n'étaient pas les doutes ordinaires, sur la femme de Caïn, par exemple, ou les miracles de l'Ancien Testament, ou la consécration de l'archevêque Parker. Tout cela, on m'avait appris à l'expliquer au séminaire. C'était quelque chose de beaucoup plus profond. Je n'arrivais plus à comprendre pourquoi Dieu avait fait le monde. Et pendant que je subissais cet assaut soudain du doute, ma mère et les Bundle et Mrs Crump continuaient à bavarder comme si de rien n'était. Vous saisissez, n'est-ce pas, comme c'était fondamental ? ... [...]"
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[...] ... Les quatre semaines de cellule devaient compter parmi les plus heureuses de la vie de Paul. Certes, le confort laissait à désirer mais au Ritz, il avait appris à l'apprécier à sa juste valeur ; et à présent, jour après jour, il jouissait de ne plus avoir à prendre aucune décision sur rien, d'être complètement à l'abri de la moindre servitude occasionnée par le temps, les repas, le vêtement, de ne jamais avoir à se soucier de l'impression qu'il pouvait faire : en somme, d'être libre. Dans le froid du petit matin, une sonnerie retentissait, un gardien criait les ordures, dehors ! Il se levait, enroulait sa literie, faisait ses ablutions, s'habillait. Aucun besoin de se raser, de choisir une cravate, de s'escrimer avec des boutons de col ou de manchettes, rien de tout ce qui distrait les moments de veille de l'homme civilisé. Dès son réveil, il se sentait comme ces types heureux des réclames de crème à raser mais sans être obligé de s'oindre pour cela du baume fallacieux. ... [...]
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Je ne vous étonnerai pas en vous disant que Grimes n'est pas exactement le gendre dont je rêvais pour ma fille aînée. Certes, j'aurais pu lui pardonner sa jambe de bois, son abjecte et besogneuse misère, sa turpitude morale et son abominable physionomie. J'aurais pu aller jusqu'à lui passer même son effroyable vocabulaire - si seulement il avait été un gentleman.
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Vous êtes trop jeune pour avoir fait la guerre. C'était le bon temps. On ne reverra jamais plus ça. Je suis sûr que je n'ai pas dessoûlé deux heures de tout le temps qu'elle a duré.
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-Prendy n'est pas mal dans son genre, mais il se fait abominablement chahuter. Je sais bien qu'avec une perruque...Moi, j'ai bien une jambe postiche, mais c'est différent. Elle me fait respecter, parce qu'ils croient tous que je l'ai perdue à la guerre. En fait, et strictement entre nous, je suis passé sous un tramway un jour que j'avais bu.
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- Je m'appelle Beste-Chetwynde, dit le garçon.
- Je vais vous enseigner l'orgue.
- On va bien s'amuser. Il faut aller à l'église du village. Vous jouez merveilleusement bien ?
Paul pensa que ce n'était pas le moment d'être trop franc. Renforçant la discrétion par la dissimulation, il répondit :
- Oui, comme un charme.
- Sans blague ? Vous dites la vérité ou vous déconnez ?
- Avant de venir ici, je donnais des leçons au recteur de Scone.
- Alors vous allez donner de la confiture à un cochon, dit Beste-Chetwynde avec un petit rire cristallin. Je ne m'y suis inscrit que pour sécher la gym.
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Mais il n'avait pas faim. Il avait beaucoup de chagrin d'avoir si peu de chagrin.
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- La justice, disait-il, est la capacité de considérer chaque cas comme entièrement neuf.
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"Qu'est-ce que vous prenez pour dormir ?"
- Je dors facilement, dit Paul, sauf dans le train.
- Vous avez de la chance. margot prend du Véronal. Je n'ai pas dormi depuis un an. C'est la raison pur laquelle je le coche tôt. On a davantage besoin de repos quand on ne dort pas.
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