Citations sur Rose sous les bombes (31)
Si tu coupes l'hybride de la rose,
Le moignon noircit sous la greffe
Étend ses doigts fins sous la terre.
Il s'accroche à la vie, réseau
Des racines avides perçant la terre.
La première pousse, féroce et verte,
Un souple fouet de ronce furieuse
Dévore le sol et la lumière.
Tu l'arraches. Elle se faufile entre
Les dalles du chemin dans l'herbe haute,
Abritant un éperon dans
L'ombre du porche. D'une bêche en métal
Tu creuses et l'arrache de la terre
Tu la jettes vivante dans le feu.
Tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.
Lorsque, dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour un peuple de dissoudre les liens politiques qui l’ont attaché à un autre et de prendre, parmi les puissances de la Terre, la place séparée et égale à laquelle les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit, le respect dû à l’opinion de l’humanité l’oblige à déclarer les causes qui le déterminent à la séparation.
T’écrire ainsi me donne presque l’impression que tu es en vie. C’est une illusion que je connais bien : les mots sur une page sont comme de l’oxygène sur un moteur à pétrole, à enflammer des fantômes. Cela ne dure que le temps que les mots habitent la tête. Une fois déposé le papier ou le stylo, les pistons retrouvent leur immobilité.
« Prisonnières politiques ». Pour les Allemands, c’est synonyme d’« esclaves ». Elles sont dans un camp de concentration.
Là où je suis gênée, c’est que, bien sûr, je le savais déjà. Mais je n’avais pas fait le lien. Être une gamine américaine ignorante me donne l’occasion de poser des questions stupides et bizarres et, comme je m’étais déjà ridiculisée, j’ai continué.
— C’est quoi, un camp de concentration, Fliss ?
Elle a haussé les épaules.
— Une prison pour les civils, pour tous ceux que les Allemands n’aiment pas. Les Polonais parce qu’ils sont polonais, les juifs parce qu’ils sont juifs. Ma sœur, parce qu’elle a dit aux soldats allemands que ma mère avait eu raison d’agir comme elle l’a fait. Les gens disparaissent sans arrêt, et on n’entend plus jamais parler d’eux.
Je me suis forcée à me rappeler le véritable mot parce que, pour moi, ce « V » signifie « vengeance » : Arme de Vengeance 1. Le seul but de ces bombes est de terroriser les gens. Cependant, tout le monde se montre courageux. Les Anglais sont très doués dans ce domaine, il faut bien le reconnaître ! Les gens essaient de minimiser ce que ces bombes représentent en leur donnant des noms stupides : doodlebug, qui ressemble à un mot de bébé. Buzz bombs, une expression pour les enfants plus âgés. Les autres pilotes de transport les appellent des « avions sans pilotes », ce qui devrait sembler simple et technique, mais me glace les sangs. Un appareil volant à l’aveugle, sans cockpit, sans fenêtres, sans possibilité d’atterrir sauf pour s’autodétruire ? Comment gagner une guerre aérienne contre un avion qui ne nécessite pas de pilote ? un avion qui se transforme en bombe ?
Avoir du beau papier aide beaucoup et elle sait que jamais je ne m’en achèterais vu que, comme tout le reste, les quantités sont limitées. Elle dit qu’il faut se soudoyer soi-même, parce que c’est toujours « beurk » d’écrire un rapport d’accident.
Je ne laisserai pas cette guerre me voler ma vie.
Je suis terrifiée de voir que les Allemands refusent de lâcher quoi que ce soit. Je suis terrifiée de les voir s'accrocher bec et ongles aux ports français et belges, bien qu'ils aient été chassées de presque toute la France. Ils ont perdu. (...) Qu'ils battent en retraite ne devrait pas nécessiter un an de plus.
Un poème intitulé Counting-out Rhyme a donc brusquement commencé à couler de mes lèvres. (...)
Alors que je parlais, il s'est produit quelque chose de très étrange. Des souvenirs de Pennsylvanie au printemps me sont revenus, chaque branche et chaque brindille, à mesure que je prononçais les noms. (...)
Et, vous savez, c'était comme si je redevenais un peu plus moi-même à chaque mot qui s'échappait de mes lèvres, pour me souvenir que ces choses existaient, les arbres verts de la forêt chez moi, en Amérique du Nord, leurs branches solides et souples, les rayons du soleil à travers les feuilles.
Dire que ces mêmes feuilles printanières se déplient ici, en ce moment. (...)
C'était MAGIQUE de dire ces mots. C'était une bénédiction. C'était sacré.