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Critique de Escapist


« People or not people”… to read or not to read? A dire vrai, et avec le plus d'objectivité possible, le genre chick lit comprend suffisamment d'ouvrages pour pouvoir passer outre celui-ci. Non pas qu'il ne fasse pas honneur à ses conventions, bien au contraire, mais il n'est certainement pas le plus passionnant du genre. A défaut d'un pétillant Sophie Kinsella, on se retrouve avec un roman à la couverture sucrée, digne d'une vraie barbe à papa, dont le contenu mielleux ne brille ni pas son intelligence, ni par son originalité et encore moins par un style léger et jovial. Faut-il donc prendre ce livre pour le reposer aussitôt ? La réponse semble malheureusement s'incliner vers la proposition « oui ».

Lauren Weisberger est un auteur que l'on ne présente plus, célèbre tant pour avoir été à l'origine du mythique « Diable s'habille en Prada » que pour s'être inspiré de son expérience professionnelle personnelle pour dépeindre le milieu de la jungle médiatique à travers ses romans. « People or not people » ne fait pas exception à la règle et trouve, de ce fait, de nombreux points communs avec le premier ouvrage de Weisberger. On se retrouve déporter dans le New York flamboyant du XXIe siècle, suivant les péripéties rocambolesques et désastreuses d'une jeune femme – Bettina, dite Beth, Robinson. Tout comme son homologue Andrea Sachs, Beth est une jeune femme dynamique – célibataire depuis un certain temps – qui se retrouve brusquement demandeuse d'emploi, après une fastueuse période d'exploitation en tant que banquière puis de fainéantise dans un misérable appartement. A l'instar de toutes les jeunes femmes de son âge, elle entretient un cercle fermé d'amis et se saoule de toute son âme les samedis soirs avec sa « best friend forever ». Mais voilà, Beth devient désespérée et l'archétype de l'échec social lorsqu'elle décide de prendre congé de son métier ingrat tandis que sa best annonce jovialement son futur mariage et son exil à Los Angeles en faisant miroiter deux bagues surdimensionnées. le moral au plus bas, Beth s'enfonce dans l'oisiveté et macère dans sa vie que l'on peut qualifier au plus juste de moisie. Mais ce coup de blues est sans compter sur l'exubérant mais adorable oncle Will, icône du domaine journalistique qui soutient corps et âme sa nièce favorite. Avec ses faux airs d'Elton John et son excentricité travaillée et jouissive, Will est l'un de ses personnages que l'on s'attache immédiatement. Grâce au pist… pardon, à l'appui de l'oncle Will, Beth touche aux hautes sphères de la célébrité en se faisant recruter dans une agence de RP. Voilà donc la nouvelle occupation de Beth : se charger d'organiser les fêtes les plus extravagantes qu'ils soient pour les plus célèbres noms de la planète, tout en testant auparavant lesdites fêtes. Mondanité, champagne, strass et paillettes forment désormais le quotidien rocambolesque et somptueux de notre jeune héroïne. A la différence d'une certaine patronne autoritaire et impétueuse, sa supérieure est adorable et conciliante et sa nouvelle équipe conviviale. On a presque l'impression de toucher à un rêve de princesse tandis que Beth se transforme de souillon empâtée en tailleur à icône féminine affirmée. Et alors que les problèmes financiers n'en sont plus et que sa garde-robe prend un virage à 180°, Beth se retrouve miraculeusement plongée dans une sordide histoire amoureuse, frôlant le risible autant qu'elle brille d'incongru. Depuis deux années qu'elle vivait avec pour seule compagnie une Yorkshire hypoallergénique à la truffe chatouilleuse, Beth devient du jour au lendemain le centre d'intérêt de pas moins deux hommes, dont l'un – Philip Weston – n'est autre que le célibataire et coureur de jupons le plus en vogue de l'actualité. Quant à l'autre, il faut bien avouer que dès le premier regard échangé on se doute de la tournure que vont prendre les évènements.

« People or not people » est un roman qui vend du rêve, mais le genre de rêve qui ne fait miroiter notre imagination que parce que justement il en est un, destiné donc à ne jamais prendre forme. L'exagération des scènes et l'incongru des situations empêchent d'ancrer cette histoire dans la réalité et l'on rit finalement plus de l'extravagance des personnages et de l'absurdité des circonstances que des touches d'humour peu convaincantes. Alors que l'on s'attend à un style léger et détendu, l'atmosphère est plutôt lourde et l'on peine à prendre compassion pour l'héroïne qui manque de piquant pour un faire un personnage charismatique. Au final ce livre n'est qu'une longue suite d'aventures, parfois désastreuses, parfois triomphales, mais exagérées dans tous les cas. Certes Lauren Weisberger maîtrise parfaitement son sujet, mais à trop vouloir se montrer professionnelle elle en oublie parfois que le lecteur ne fait pas parti de ce milieu et n'est donc pas toujours à l'aise face aux expressions propres au métier. On déplorera également que le temps d'adaptation à la nouvelle atmosphère professionnelle de Beth ne soit pas plus détaillé, ni son travail au sein de l'agence Kelly & Co.

Mais au final, le fait qui empêche définitivement de se prendre dans l'histoire est le manque crucial de crédibilité de l'histoire et surtout de suspens. Car avec des scénarios vus et revus par les scripts hollywoodiens et des personnages tous plus stéréotypés les uns que les autres, on comprend déjà la manière dont les choses vont se terminer à peine le quart du roman entamé. On reste néanmoins sur notre faim une fois les derniers mots achevés, en raison d'un manque d'informations complémentaires sur les personnages secondaires et surtout sur Philip Weston qui tient pratiquement la vedette aux côtés de Beth. Mis à part l'oncle Will et le délicieux Sammy, bien que trop parfait pour exister, les personnages manquent tous de saveur et à trop avoir voulu présenter des personnages, ceux-ci ne sont pas assez travaillés en profondeur. Bref, à défaut de répliques savoureuses et de finesse dans l'ensemble, les évènements s'enchaînent sans cohérence, avec un manque évidement de subtilité pour faire de l'ensemble une lecture détendue et agréable.

Rire, larmes ou frissons, rien ne trouve écho chez le lecteur qui s'enfonce au fil des pages dans un ennui lassant. L'histoire manque de divertissement recherché et surtout d'originalité. La tournure des évènements et l'ensemble des situations dépeignent un monde utopique et bien que l'on se surprenne parfois à envier Beth Robinson, le tout est digne d'un synopsis de soap opera. Une déception donc que « People or not people » qui ne parvient pas à suffisamment nous faire rire pour apprécier la lecture. de l'auteur du « Diable s'habille en Prada » on s'attend résolument à bien mieux.
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