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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les éditions Hachette ont développé une nouvelle collection dédiée à l'imaginaire avec des textes d'aujourd'hui et des textes plus anciens (comme le Frankenstein de Mary Shelley et celui-ci). Je remercie donc la maison d'édition ainsi que le site Babelio pour leur Masse Critique, parce que c'est une très belle découverte, il frôle le coup de coeur, mais le texte est incroyable, percutant, c'est clairement un roman qui sort du lot, soit on va apprécier l'expérience, soit c'est un grand non.

Ce qui m'a laissé pantoise, c'est le côté « anticipation », nous sommes dans un roman paru en 1929 et pourtant, le texte a des scènes qui font penser à la société de consommation ou à ce qui s'est passé en 39-45 dans les camps de concentration et d'extermination. Je sais que l'auteur a été détenu dans un camp de travail en Sibérie, qu'il y a contracté la fièvre typhoïde et qu'il aura subi de grosses hallucinations, mais certaines scènes, certains sujets et la manière dont ils sont abordés donnent comme un tapis déroulant les années 30 à aujourd'hui. C'est à la fois déroutant, curieux et terrifiant.

Le texte est au carrefour de la science-fiction et du surréalisme, un courant dont l'auteur se sentait très proche. Ce qui donne au récit une saveur très particulière, il y a toutes ces réflexions sur l'humain et la société qui permet de classer l'oeuvre dans de l'anticipation et de la dystopie et par instant, il y a ces scènes de rêves et de cauchemars, ces enchaînements improbables, ce côté rocambolesque qui fait pencher la balance dans le surréalisme. Si personnellement, le mélange des deux rend le récit passionnant, je peux parfaitement comprendre qu'il déplaise.

J'ai beaucoup aimé suivre ce personnage invisible nommé Petr Brok qui se réveille amnésique et qui va devoir reconstituer son passé, comprendre son rôle et survivre dans cet enfer qu'est la maison aux mille étages. J'ai adoré lire ses aventures, j'aime aussi le fait qu'il soit l'un des rares personnages à être doté d'un grand sens de l'empathie, d'une humanité certaine, à contre-courant de tous les autres personnages rencontrés – ou presque, puisque la princesse Tamara et quelques révolutionnaires sortent du lot.

Clairement, le récit aborde tant de thématiques, s'aventure dans tant de questionnements que l'histoire est très agréable à suivre avec une intrigue très simple, mais elle permet de se concentrer davantage sur les thèmes exploités. Il y a les conditions de travail, la place des femmes et les violences qu'elles subissent, le culte de la personnalité, le fanatisme religieux, la surconsommation, l'exploitation des terres et de l'espace, le pouvoir et l'argent, les tueries de masses, les vices et les addictions en tout genre, cela va du plus absurde au plus inquiétant.

J'ai adoré découvrir le travail de l'auteur sur tous ces sujets, certes nous sommes dans un roman de 1929, il ne faudra pas s'attendre à un travail aussi poussé qu'un auteur contemporain, mais je salue la prouesse de l'époque, la plume est très chouette à lire et elle est clairement datée années 20-années 30 sans que cela soit pour autant indigeste. Franchement, les chapitres sont courts et addictifs, le résultat paraît aussi invraisemblable que réaliste, c'est un peu du vécu de l'auteur et de l'imaginaire, l'aspect esthétique est tout aussi soigné avec l'effet métallisé rosé sur la couverture ou les dessins / typographies des enseignes de magasin croisés. C'est sincèrement un livre audacieux pour son époque.

Ce n'est pas parfait non plus, comme je l'ai dit, il y a un aspect loufoque qui peut déplaire, un côté daté dans l'écriture qui peut refroidir, une intrigue très simple et des personnages qui peuvent paraître peu travaillés pour notre regard de contemporain – sans oublier la fin qui m'a amusé, c'est une fin en format « chute de nouvelle », avec un twist qui est typique de ces décennies. Donc oui, il y a des couacs et des légèretés, des incohérences, des thématiques présentes mais pas exploitées à 100 %, cependant, je salue la performance pour l'époque, les thèmes présents, l'aspect anticipation et le héros très attachant. J'ai passé un très bon moment avec !
Lien : https://la-citadelle-d-ewyly..
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La maison aux mille étages est le premier livre que je lis de la nouvelle collection dédiée à l'Imaginaire chez Hachette, le Rayon Imaginaire.

La maison aux mille étages est également un sacré casse-tête. Evidemment, avec 1 000 étages, ça rend le repérage un peu complexe dans l'espace. le schmilblick se corse quand, par des moyens très théâtraux, les étages s'avèrent être des rues. Une multitude de rues qui dessinent une ville à grande échelle, et qui vont même au-delà puisqu'il est question d'univers et de planètes. Plus on monte dans les étages, plus la population s'appauvrit. Plus on descend, plus c'est clinquant. C'est certes labyrinthique, mais on s'amuse un peu à parcourir ces endroits, d'autant que c'est très visuel. La mise en page très graphique permet de rendre vivants ces lieux, à coups de réclames, enseignes et messages muraux retranscrits dans leur forme visuelle. C'est d'abord un roman qui se regarde, avec une mise en scène malgré tout très théâtrale.

Sur le fond, de quoi parle ce roman ? Ah, ça se corse encore plus. Et je regrette, d'ailleurs, que le texte n'ait pas été accompagné d'un petit appareil critique, ne serait-ce qu'une postface, comme sa précédente édition.
Car la maison aux mille étages est un texte assez cryptique, aussi ne dessinerai-je ici que ce que j'ai pu en comprendre/interpréter.
Cette maison est un huis-clos dirigé par un dictateur en puissance, qui a fait de sa création un univers totalitaire. On a donc des échos à des luttes sociales, des révoltes populaires, des résistances plus musclées, mais aussi à des répressions sanglantes et à un contrôle des individus particulièrement glaçant (une sorte de Big Brother is watching you en avance).

La maison aux mille étages est un texte particulièrement surréaliste, on dirait qu'il a été rédigé en écriture automatique. Parfois, on se demande si le narrateur a fumé, tant cela semble décousu, absurde, fantasque. Mais parmi tout ce fatras surréaliste, jonché d'images et d'allégories que je n'ai pas toujours saisies, on parvient tout de même à capter des bribes de réel, laissant entrapercevoir un cauchemar visionnaire particulièrement glaçant. Et le parallèle avec le vécu de l'auteur prend alors tout son sens.
Ajoutez à cela une bonne dose d'onirisme, et vous avez un texte étrange, qui vous interroge à chaque phrase. Mais dans quelle réalité sommes-nous ?

Une question que je me suis posé tout au long de ma lecture; parfois, j'ai pu me raccrocher aux branches, parfois je me suis juste laissée porter par la poésie surréaliste de Jan Weiss. Assurément, j'ai passé un moment de lecture atypique, mémorable, et qui me fait penser que c'est le genre de romans qu'on peut lire 15 fois et trouver 15 sens différents. J'aime particulièrement ce genre de textes.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/j..
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Labyrinthesque !
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