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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Comment ne pas être sensible et particulièrement émue par ce récit de déportation raconté du point de vue et avec les mots d'une enfant pragoise entre neuf et quinze ans ?
Certes, ce n'est pas toujours dans la ligne littéraire académique de l'écriture.
Certes, certains faits racontés peuvent paraître puérils ou complètement déconnectés au regard de ce que l'on sait aujourd'hui de la réalité de la Shoah (mais peut-être était-ce là une façon de se protéger de l'impensable, de l'indicible).
Certes, cette enfant s'est trouvée plutôt "privilégiée" d'être restée trois ans dans ce camp de rétention puis de transit (son père faisant partie des dirigeants juifs de l'administration du camp, cela explique sans doute cela) qui se voulait, pour les Allemands, un "trompe-l'oeil", une vitrine pour donner à voir aux autorités internationales une réalité qui n'était pas la vérité...
Certes, il faut faire de petits efforts pour lire les noms de personnes, les noms de lieux ou encore comprendre les mots et expressions allemands...
Mais, il n'en reste pas moins que ce témoignage est particulièrement précieux car il donne à voir, à ressentir, à comprendre, de l'intérieur, comment des enfants ont pu vivre l'ostracisme, l'enfermement, puis la déportation, sans vraiment avoir les éléments pour les comprendre, et pour certains... y survivre (cf. annexe chronologique où le faible nombre de survivants aux transports est chaque fois précisé) !

Et puis, il est important de constater que malgré le fait que je sois une lectrice assidue de témoignages de rescapés de la Shoah ou d'anciens résistants, j'ai encore appris des choses via ce témoignage, en particulier : les circonstances dans lesquelles les anciens de la communauté juive ont été contraints de "collaborer" activement avec les Allemands plutôt que de s'opposer ou de résister ; la façon dont le ghetto de Térézin (plus connu sous le nom de Theresienstadt) a été transformé en vitrine d'une réalité factice pour donner le change face aux protestations internationales qui commençaient à s'exprimer ; ainsi que l'apport considérable de la main-d'oeuvre déportée pour les entreprises allemandes...

On verra aussi combien la nécessité des apprentissages scolaires perdurait dans la communauté juive, malgré le contexte, ainsi que le besoin d'avoir accès ponctuellement à la culture (théâtre, concerts, chansons...) sans doute pour mieux évacuer le stress inhérent à la situation. Vu de l'extérieur, cela semble totalement hors sol mais, pour l'avoir vérifié dans plusieurs témoignages, cela a été une réalité.

Et puis, faisant partie intégrante du récit, les dessins d'Helga (dessinés en temps réel ou a posteriori) retraçant des scènes de la vie quotidienne à Prague, au ghetto, ou encore au camp de concentration sont également un indicateur émotionnel précieux de ce qui a pu marquer la sensibilité de cette enfant et la marquera à jamais son identité de femme et de peintre.

La seconde partie du livre, sous la forme d'une interview, est également très intéressante. Elle permet de comprendre comment s'est fait pour Helga et sa maman leur retour à Prague, et comment elles ont - en faisant le choix de rester plutôt que d'immigrer en Israël ou dans un autre pays - survécu malgré le blocus communiste et ses potentielles dérives.

Les annexes : une chronologie des événements, un glossaire des mots et expressions allemands, une note de la traductrice s'avèrent également des éléments utiles et nécessaires pour bien appréhender le récit et les circonstances dans lesquelles il a pu être retranscrit et publié.

A noter : à l'heure de publier cette chronique, j'ai pu vérifier qu'Helga Weissova devenue peintre, illustratrice, dessinatrice et sculptrice, était toujours vivante (93 ans) et reste très active dans son devoir de mémoire.
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