Hier encore j'avais vingt ans,
Hier encore ils avaient dix ans ....
J'habitais Paris,
Ils vivaient à Helsinki...
C'était les années 70, moi, Christine, eux, Stella, Alex et le narrateur.
Je retrouve dans ce roman le style de "la société des jeunes pianistes", ( de Ketil Bjørnstad, auteur norvégien ), les mêmes souvenirs de jeunesse pour nous jeunes adultes ou adolescents de ces années là.
Leurs préoccupations étaient les miennes même si nous vivions à des milliers de kilomètres les uns des autres sans nous connaître.
Maintenant que les années ont passé, nous nous reconnaissons et nous retrouvons.
Magie de la littérature, cette capacité à nous faire revivre les émotions de nos jeunes années, cette capacité à nous retrouver, les yeux perdus dans le vague à la recherche de nos sensations d'alors ... le monde est à nous, il sera différent de ce qu'il est, nous, nous serons capable de le transformer.
L'auteur,
Kjell Westö, est un écrivain finlandais suédophone comme 10% de la population. (reste d'une histoire compliquée).
Le titre français de ce roman est issu d'une des belles réflexions d'une des héroïnes mais ne correspond pas au titre suédois.
Le titre suédois "den svavelgula himlen", veut dire "le ciel jaune de soufre", belle image qui ouvre les portes de notre imaginaire et qui correspond à la couleur du ciel, jaune soufre, lors des fêtes de Ramsvik. le lieu d'où part la plupart des souvenirs.
Le vocabulaire est comme toujours chez cet auteur, très précis,
Baissier ? Haussier ? Terme propre au marché boursier,
Flaquer ? Jeter avec impétuosité de l'eau ou une autre liquide, contre quelqu'un ou contre quelque chose,
Et il nous apprend la signification de quelques mots un peu désuets.
Je vous invite à cette très belle lecture, vous trouverez,
D'un côté, un beau récit littéraire qui réussit à nous faire ressentir tant d'émotions avec un langage si imagé, si précis et si délicat,
De l'autre, de si beaux souvenirs, ou de si beaux rappels de ce que furent ces années, une jeunesse heureuse même si le malheur existait et n'était jamais loin de nos préoccupations.
De plus, comme il n'y a pas que la nostalgie dans la vie, nous sommes toujours en lien avec l'actualité des dernières années.
Il y est question de notre rapport à nos vieux parents, à nos vieux amours, à nos vieux amis, au drame journalier de la vague d'immigration en Méditerranée, du terrorisme, de la radicalisation de certains, du fossé qui se creuse entre les privilégiés et les autres, entre les croyants et les autres, entre les différentes sexualités et notre capacité à admettre la différence.
Le roman est long pour que nous puissions en apprécier toutes les facettes sans chercher à apporter de solution.
N'y cherchons pas de réponse toute faite dans le style ... y a qu'à ... son grand mérite est de nous aider à nous poser les bonnes questions à nous les européens et après à chacun de réfléchir à la meilleure façon d'essayer d'y trouver les bonnes réponses.
La conclusion du livre est une si belle question,
"Mais qu'est ce qui constitue nos souvenirs, et qu'est ce que nous aimons, en réalité ?
Et cette lecture n'y répond pas car la réponse est à trouver en chacun de nous, et ne regarde pas les autres.
Une fois de plus merci à Babelio et aux éditions autrement pour cette masse critique.