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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un plaisir de retrouver Kjell Westö et sa plume limpide, évidente, cette simplicité enveloppante qui adoucit les drames du genre humain. Pour le narrateur, jeune garçon inquiet d'origine modeste, le ciel d'été finlandais aux tonalités jaune soufre voit au début des années soixante-dix la naissance d'une amitié. Une amitié aussi indestructible qu'improbable entre un narrateur solitaire, discret et une fratrie orgueilleuse, inflexible appartenant à une famille riche et puissante. Une amitié dangereuse ? Non, les éléments de narration et de l'histoire de nature à susciter une tension sont très vite abandonnés, l'intrigue devenant la moindre des préoccupations de l'auteur.
En effet, il n'y a pas d'événements fracassants dans Nos souvenirs sont des fragments de rêve. le roman s'inscrit avant tout dans une forme de nostalgie chaleureuse qui irrigue la plupart des chapitres. S'étalant sur plus quarante ans, le récit met en lumière les enthousiasmes comme les arrangements auxquels on finit par se résoudre, toutes les petites choses qui, déployées, font l'existence sans qu'on s'en aperçoive. L'ensemble réuni diffuse quelque chose d'universel et d'aérien, avec l'idée du temps qui nous façonne, la mémoire bienveillante telle qu'elle réévalue le vécu. Avec le talent de ne pas emprisonner le récit dans une introspection étouffante.

Ce que j'aime également chez Westö, c'est qu'avec une narration élégante, sans esbroufe, un sens du réel un peu jazz, il installe rapidement le récit dans une sorte de connivence, un sentiment d'intimité qui place le lecteur, comme par mimétisme, dans la peau du narrateur. Devenu romancier, l'oeil aigu de celui qui dissèque et sonde les émotions de ses amis, le narrateur nous met dans la position de suivre au plus près les sensations et les hésitations d'un garçon puis d'un homme laissant parfois le sentiment d'avoir été spectateur de sa vie.
«Un peu nuageux» comme il se décrit lui-même, le narrateur s'efface souvent au profit de cet étrange trio qu'il compose avec Alex et Stella aux différences sociales marquées. Il dépeint ce qui les bouscule, les sépare, les réunit à nouveau, des vies qui se soutiennent à certains moments et s'encombrent à d'autres, entourées d'une galerie de personnages réunis en une constellation. Le monde extérieur pénètre le roman avec des marqueurs de temps discrets et selon les préoccupations des générations présentes, comme si cette histoire était vouée à s'inscrire dans une forme d'éternité.

Roman de la mémoire, roman des générations qui se succèdent, roman des histoires d'amour et d'amitié qui résistent au fil du rasoir du temps...j'ai été séduite par l'élégance du récit, la qualité du regard sur les êtres, distance et magnanimité mêlées. Un peu moins par les fautes de grammaire et inversion de prénoms.
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Un homme qui se faufile nuitamment dans son jardin et qui quelques jours plus tard tente de poignarder l'homme d'affaires Alex Rabell, il n'en faut pas plus au narrateur pour se plonger dans les souvenirs d'une vie qu'il a partagée avec Alex et sa soeur Stella, une amitié née au coeur de l'enfance, au bord de la mer de Finlande et qui a perduré des décennies durant. du début des années 70 jusqu'à nos jours, il a donc côtoyé la famille Rabell, une ''dynastie d'entrepreneurs'' dirigée par le grand-père Poa, des gens riches, conscients de leur position, arrogants de fait, soucieux de préserver leur intimité et de garder leurs secrets. Moins privilégié, le narrateur voue une admiration sans faille à Alex et tombe éperdument amoureux de Stella. le temps passant, son regard change sur son ami d'enfance, il s'en éloigne sans pour autant le renier. Stella, quant à elle, reste son grand amour. Malgré les séparations, les trahisons, les rancoeurs, la passion tempétueuse se transforme en amitié tranquille mais les liens restent forts. A presque 60 ans, il peut dérouler ses souvenirs depuis l'époque lointaine où sa renconre avec les enfants Rabell a changé sa vie.

Jouant les Nick Carraway, humble devant les puissants, pauvre devant les riches, le narrateur raconte les Rabell, Poa, le patriarche fier et volontiers méprisant, Clara, la mère altière et un brin guindée, Jacob, le père invisible, le sujet tabou, Alex, enfant autoritaire, adulte prêt à tout pour toujours amasser plus d'argent et Stella, l'apprentie comédienne avec qui il joue à ''je t'aime, moi non plus'' pendant près de cinquante années. Autour d'eux, d'autres garçons, brutes épaisses ou souffre-douleur, d'autres filles, bonnes à baiser ou à épouser selon leur milieu d'origine, d'autres parents, falots, trop prolétaires pour qu'on en fasse grand cas. Et le monde qui continue de tourner : la bande à Baader qui terrorise l'Allemagne, Olav Palme assassiné, le mur de Berlin qui tombe, l'attaque de Charlie Hebdo, etc. Tous ces évènements brièvement évoqués, le narrateur y reste imperméable, tout préoccupé qu'il est des Rabell. Attirance et répulsion, amour et haine, partages et trahisons semblent rythmer son existence dans l'ombre de cette famille en vue. Lui-même tente de faire son chemin. Il publie un roman qui très vite est un succès, mais ne peut renouveler l'exploit et survit en enseignant les lettres au lycée. Eternel looser, il est sans cesse partagé entre le désir irrépressible de s'accrocher à son amour pour Stella et son amitié pour Alex et la volonté de les fuir pour se préserver.
Une très belle saga romanesque, des êtres profondément blessés qui cachent leurs faiblesses sous le masque de la nonchalance ou de l'arrogance. Une histoire d'amitié pas toujours facile, branlante, déséquilibrée mais fondatrice. Et bien sûr une histoire d'amour éternel entre la jeune fille de bonne famille, la rebelle, l'artiste, la part solaire des Rabell et le jeune homme incertain, admiratif, le fils désargenté d'un simple vendeur en électro-ménager porté sur la boisson. Sur près de 600 pages, Kjell Westö nous immerge totalement dans la vie de ses héros dont nous partageons le quotidien, les joies et les peines, et tout cela dans les magnifiques paysages finlandais. Un gros coup de coeur.

Un grand merci à Babelio et aux éditions autrement.
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Il me semble difficile de résumer en quelques lignes un roman qui couvre 50 ans de vie, d'amitié, d'amour, de désamour, de trahison.
L'histoire commence lorsque le narrateur fait la connaissance des enfants Rabell, Alex et Stella.
Tout les sépare, les conditions de vie, le milieu social, la fortune, mais qu'importent ces futilités, à 12 ans, on a d'autres priorités.
Les garçons deviennent vite inséparables, partagent leurs loisirs, leurs découvertes, se chamaillent et toujours se réconcilient.
En grandissant Stella devient une bien jolie jeune fille et plus tard une femme éblouissante que le héros aimera toute sa vie. Même si cette vie les sépare, les envoyant dans d'autres bras, vers d'autres horizons, ce ne sera que pour mieux se retrouver et s'aimer encore plus fort.

« Nos souvenirs sont des fragments de rêves » est aussi un roman sur le temps qui passe, sur les traces qu'il laisse en chacun de nous.

Kjell Westö s'y entend pour tisser les destins, dresser les portraits des protagonistes, croiser leurs regards et nous raconter les péripéties de leur vie. Chaque personnage est brossé avec beaucoup d'application et une grande sensibilité.
Je remercie très vivement Babelio et les Editions Autrement qui via l'opération Masse critique m'ont permis de découvrir un profond et superbe roman sur l'amitié, la richesse des relations humaines, l'évolution des individus au fil de la vie ainsi que celle des rapports entre les êtres humains.
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Merci beaucoup aux éditions Autrement et à Babelio de m'avoir permis de lire dans le cadre d'une masse critique privilégiée l'excellent roman de Kjell Westö : Nos souvenirs sont des fragments de rêve.
Ce pavé m'a captivé, de la première à la dernière page, et j'ai pris plaisir à le lire tranquillement. Je l'ai savouré, avant de finalement dévorer d'une traite les deux cents dernières pages :)
Nous découvrons notre narrateur, Alex Rabell, sa soeur Stella Rabell et quelques autres de leurs amis (Linda, Jan-Roger...) pendant presque cinquante ans.
Je ne suis pas amatrice des romans venant du Nord car en général je reste hermétique aux noms finlandais, à l'intrigue, souvent je m'ennuie.
A ma grande surprise, dans Nos souvenirs sont des fragments de rêve, les noms finlandais ne m'ont pas dérangés et tout m'a plu dans ce roman !
J'ai aimé les personnages, certains sont complexes, à commencer par notre narrateur, moins lisse que l'ont pourrait penser au premier abord. Quand à Alex et Stella, vu leur personnalité, on ne risque pas de s'ennuyer avec eux. Notre narrateur rencontre la famille Ravell quand il a sept ans et cette rencontre va changer sa vie, pour toujours.
Alex, Stella et les autres sont fascinants. Ils ont une vie riche, il leur arrive beaucoup de choses, et ses cinquante années passées en leur compagnie est un vrai plaisir.
C'est un joli ouvrage sur la force des souvenirs, sur l'enfance, sur l'amitié évidemment.
J'ai trouvé ça très bien écrit, merci à la traduction, c'est fluide et vraiment très agréable à lire.
Après avoir lu ce roman, j'ai presque envie d'aller découvrir la Finlande et ses jolis paysages :)
Je suis sous le charme de ce roman, et je mets évidemment cinq étoiles. Jamais je n'aurais eu l'idée de le lire sans Babelio, et je serais vraiment passé à coté d'un très bon livre. Encore merci :)
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La claque !
Un petit résumé succinct pour commencer : le narrateur retrace cinquante ans de sa vie à partir de ses sept ans et de sa rencontre avec la famille Rabell. Il vient d'une famille modeste tandis que les Rabell croulent sous l'opulence. On est en Finlande , à Helsinki ou dans les villégiatures attenantes. La guerre contre les Russes marquent encore l'opinion publique , les libertés sexuelles s'affirment.

Voilà pour ce résumé, ou plutôt cette introduction au décor.
Ce livre est tout simplement magnifique.Il est magnifique par son histoire qui entremêle quelques personnages sur des décennies, par leur évolution . On s'attache forcément, même aux cons.
Mais bien au delà de l'histoire, il est magnifique par tout ce qu'il bouleverse en nous. Les souvenirs , l'enfance et sa prégnance dans l'adulte que nous sommes devenus. L'amour , l'amitié, l'argent , la religion...
Mais tant d'autres choses . On a envie de plonger dans les lacs après le sauna, on a envie de ce coucher de soleil quasi boréal, de boire une bière en regardant filer les bateaux estivaux dans le golfe de Finlande, de cette couverture dans l'herbe avec l'être aimé(e) à notre adolescence bourgeonnante.
On a envie nous aussi de faire de notre vie ce que l'on veut, d'aller vers sa destinée et d'y croire.
On a envie de crier à l'oreille des personnages et de guider leur conduite pour que les erreurs ne se reproduisent pas.

Ce livre est donc bouleversant. L'amitié au tout au moins les relations qu'entretiennent les "héros" durant cinquante ans leur permet de se replonger dans leur enfance pour comprendre le présent ou renforcer leurs liens.
Au delà de cette fabuleuse qualité , qui justifie largement à elle seule la lecture de ce livre, l'auteur fait vivre l'actualité sur la période . La montée du radicalisme religieux , les migrants , mais aussi Tchernobyl, l'assassinat d'Olaf Palme , la guerre et ses conséquences, les changements climatiques, le tourisme de masse.
On y ajoute des réflexions sur l'argent , le pouvoir , ses conséquences et l'on obtient ce magnifique livre , d'une grande densité , à la sensibilité à fleur de peau qui ne peut que nous transporter, nous ramener à notre propre existence , nous questionner sur nos choix .

Bravo et merci aux éditions 'Autrement " et à Babelio pour cet envoi.
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J'ai eu la chance de gagner ce roman dans un concours, ainsi j'ai eu l'occasion de lire pour la première fois un auteur finlandais. J'aime beaucoup les sagas et la quatrième de couverture qui parlait d'une histoire portée par "un souffle irrésistible" était plus qu'alléchante.

Le narrateur, un écrivain quinquagénaire nous confie son histoire. Enfant, il se lie d'amitié avec Stella et Alex Rabbell, une fratrie issue d'une riche famille d'entrepreneurs, il ne se doute pas alors que sa vie entière sera marquée par cette relation.

Nous suivons les différentes étapes de la vie des personnages, une enfance pas toujours tendre, une adolescence parfois tumultueuse jusqu'à l'âge adulte un peu plus sage. Des années soixante-dix jusqu'à nos jours c'est le portrait de toute une génération et de toute une époque qui nous est merveilleusement dépeint.

J'ai beaucoup aimé cette histoire qui m'a fait penser au roman de Jens Christian Grondahl "Les portes de fer" où le narrateur, arrivé à l'âge mûr, dresse le bilan de sa vie et des amours qui l'ont enrichie.

A la fois un roman d'apprentissage et une histoire d'amour cette saga a été aussi la découverte d'un pays que je connaissais mal, ses paysages et son climat, ses moeurs et ses deux langues (suédois et finlandais). Riche et romanesque à souhait ce pavé se dévore, j'ai eu vraiment du mal à le lâcher et à chaque fois je m'y replongeais avec plaisir. Une très très belle découverte.
Lien : http://edytalectures.blogspo..
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Autrement pour m'avoir permis de découvrir ce livre magnifique et cet auteur que je ne connaissais pas.

Commençons par le titre de ce livre, Nos souvenirs sont des fragments de rêves. Au début de ma lecture, je ne l'ai pas vraiment compris ; ce n'est qu'en arrivant à la dernière page que j'ai admis qu'il convenait parfaitement à ce merveilleux roman.
Ce roman nous offre l'occasion de réfléchir à l'importance que l'on accorde à nos souvenirs, à la manière dont ils évoluent, à notre façon de nous rappeler notre passé et d'en parler. Car, dans ce livre, notre narrateur ne fait que se souvenir du temps passé avant de revenir à l'époque actuelle.
Cette histoire est en effet une succession de souvenirs, ceux d'un narrateur qui ne révèlera jamais son nom.

Tout commence par une nuit d'octobre. le narrateur entend un bruit étrange à l'extérieur de sa maison ; il décide d'aller voir ce qui se passe et aperçoit un homme qui ramasse quelque chose avant de s'enfuir. Quelques jours plus tard, un certain Alex est poignardé en pleine rue. Peu de temps après, une certaine Sandrine disparaît.
Il n'y a, à première vue, pratiquement aucun lien entre ces trois événements. C'est alors que nous découvrons la famille Rabell, à travers une succession de prénoms. La famille d'Alex et de Sandrine, une famille riche et attachée aux valeurs traditionnelles, une famille dont le nom a aussi été rattaché à de nombreux scandales. Une famille que notre narrateur connaît bien et a longtemps fréquenté, depuis sa rencontre, enfant, avec le jeune Alex Rabell.
Et nous voilà lancés sur les traces de cette famille finlandaise. Quatre décennies et six cents pages pour nous raconter le destin de cette famille aux nombreux non-dits.

Mais ce roman n'est pas seulement celui de la famille Rabell. Comme l'annonce le bandeau du livre – « On n'oublie jamais un amour de jeunesse » – c'est aussi une histoire d'amour, celle du narrateur et de Stella, la soeur d'Alex. Une histoire passionnée, faite de hauts et de bas, allant de l'amour à la haine, regroupant les plus beaux et les pires souvenirs du narrateur… une histoire d'amour tout simplement hors du commun.

J'ai été conquise par ce roman et j'ai eu beaucoup de mal à m'en détacher. On se laisse emporter et, malgré son épaisseur, on ne voit absolument pas le temps passer tant l'auteur nous fait nous perdre dans ses mots.
Si vous aimez les fresques romanesques, si vous voulez découvrir un autre pays, une autre culture, une autre manière de vivre, si vous avez parfois la nostalgie d'une époque révolue, vous adorerez Nos souvenirs sont des fragments de rêves.
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Hier encore j'avais vingt ans,
Hier encore ils avaient dix ans ....
J'habitais Paris,
Ils vivaient à Helsinki...
C'était les années 70, moi, Christine, eux, Stella, Alex et le narrateur.
Je retrouve dans ce roman le style de "la société des jeunes pianistes", ( de Ketil Bjørnstad, auteur norvégien ), les mêmes souvenirs de jeunesse pour nous jeunes adultes ou adolescents de ces années là.
Leurs préoccupations étaient les miennes même si nous vivions à des milliers de kilomètres les uns des autres sans nous connaître.
Maintenant que les années ont passé, nous nous reconnaissons et nous retrouvons.
Magie de la littérature, cette capacité à nous faire revivre les émotions de nos jeunes années, cette capacité à nous retrouver, les yeux perdus dans le vague à la recherche de nos sensations d'alors ... le monde est à nous, il sera différent de ce qu'il est, nous, nous serons capable de le transformer.
L'auteur, Kjell Westö, est un écrivain finlandais suédophone comme 10% de la population. (reste d'une histoire compliquée).
Le titre français de ce roman est issu d'une des belles réflexions d'une des héroïnes mais ne correspond pas au titre suédois.
Le titre suédois "den svavelgula himlen", veut dire "le ciel jaune de soufre", belle image qui ouvre les portes de notre imaginaire et qui correspond à la couleur du ciel, jaune soufre, lors des fêtes de Ramsvik. le lieu d'où part la plupart des souvenirs.
Le vocabulaire est comme toujours chez cet auteur, très précis,
Baissier ? Haussier ? Terme propre au marché boursier,
Flaquer ? Jeter avec impétuosité de l'eau ou une autre liquide, contre quelqu'un ou contre quelque chose,
Et il nous apprend la signification de quelques mots un peu désuets.

Je vous invite à cette très belle lecture, vous trouverez,
D'un côté, un beau récit littéraire qui réussit à nous faire ressentir tant d'émotions avec un langage si imagé, si précis et si délicat,
De l'autre, de si beaux souvenirs, ou de si beaux rappels de ce que furent ces années, une jeunesse heureuse même si le malheur existait et n'était jamais loin de nos préoccupations.
De plus, comme il n'y a pas que la nostalgie dans la vie, nous sommes toujours en lien avec l'actualité des dernières années.
Il y est question de notre rapport à nos vieux parents, à nos vieux amours, à nos vieux amis, au drame journalier de la vague d'immigration en Méditerranée, du terrorisme, de la radicalisation de certains, du fossé qui se creuse entre les privilégiés et les autres, entre les croyants et les autres, entre les différentes sexualités et notre capacité à admettre la différence.

Le roman est long pour que nous puissions en apprécier toutes les facettes sans chercher à apporter de solution.
N'y cherchons pas de réponse toute faite dans le style ... y a qu'à ... son grand mérite est de nous aider à nous poser les bonnes questions à nous les européens et après à chacun de réfléchir à la meilleure façon d'essayer d'y trouver les bonnes réponses.
La conclusion du livre est une si belle question,
"Mais qu'est ce qui constitue nos souvenirs, et qu'est ce que nous aimons, en réalité ?
Et cette lecture n'y répond pas car la réponse est à trouver en chacun de nous, et ne regarde pas les autres.
Une fois de plus merci à Babelio et aux éditions autrement pour cette masse critique.
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UNE PREMIÈRE RENCONTRE ÉBLOUISSANTE AVEC L'AUTEUR (WHAOUH !)
traduit du suédois (Finlande) par Jean-Baptiste Coursaud

Je ne lis que peu de littérature scandinave, aussi étais-je totalement passée à côté de la sortie de ce livre en début d'année car je n'avais jamais lu Kjell Westö (une faute impardonnable que je compte désormais bien réparer !). Grâce à Christelle et à Dealer de lignes - et parce qu'elle est toujours d'excellent conseil - je me suis donc (enfin) lancée et c'est un coup de coeur total pour moi. L'auteur est finlandais mais écrit en suédois - il parle les deux langues et le suédois est sa langue d'écriture -.

Ce clin d'oeil linguistique fait écho à ce superbe livre qui, tout en nous racontant une histoire 100% immersive -, aborde avec subtilité et pertinence des thèmes tels que le rapport au souvenir et à la mémoire, les relations entre personnes issues de classes sociales différentes, L Histoire - avec un grand H celle là (celle de la Finlande et d'Helsinki), les questions actuelles comme celle des migrants sans oublier le rapport à la langue et à la littérature. Toute cela avec un naturel absolu, sans ton sentencieux ou leçon de morale. Un livre que j'ai adoré de bout en bout, dévoré et qui me marquera durablement.

L'histoire, la petite d'abord, qui se déroule sur un demi-siècle, captivante et passionnante, que nous vivons à travers le regard du héros, qui n'a pas de nom (une démarche choisie de l'auteur), celle de sa rencontre alors qu'il est enfant avec la famille Rabell, "une dynastie d'entrepreneurs" issue de la très haute bourgeoisie qui l'intrigue et le fascine, lui issu de la classe moyenne "laborieuse". Il sera toute sa vie fascinée par son ami d'enfance, Alex, qui deviendra un multi-millionnaire bling bling et prétentieux. Surtout, il tombera amoureux de Stella, qui sera le grand amour de sa vie, sans que rien ne soit simple, bien sûr... Autour du héros, d'Alex et de Stella, de nombreux personnages secondaires, justement pas secondaires du tout, comme les parents du narrateur et d'Alex, le cercle d'amis comme Linda ou Jojo, les enfants comme Sandi et Théa, le jardinier des Rabell...

L'auteur aborde aussi des thèmes multiples avec habilité et conviction :
- la mémoire (d'où le très beau titre "Nos souvenirs sont des fragments de rêves", bravo aux éditions Autrement !). Peut-on se fier à tous les souvenirs du narrateur, qui est le seul à travers le regard duquel nous découvrons l'histoire, d'autant que s'il est tour à tour attachant et exaspérant, voire lâche ou décevant. Notre regard n'est-il pas biaisé ?
- l'ambiance et l'histoire d'Helsinki, ville que j'ai envie de découvrir
"en vrai" - c'est mon banquier qui va être content !
- le rapport à l'écriture : le narrateur aspire à être écrivain, il l'est d'ailleurs mais comme par intermittence, en cherchant sans cesse à coucher sur papier, son histoire d'amour avec Stella, qui est LE grand thème, LA grande histoire de sa vie.
- les relations, empreintes de fascination et de répulsion entre les classes sociales : la classe moyenne (dont est issu le narrateur), la haute bourgeoisie (incarnée avec faste par les Rabell), le prolétariat (représenté par Jojo, l'ennemi intime de l'auteur - parce qu'il a trop peur de déchoir et de lui ressembler ???)
- la question des migrants, à travers le regard de Sandi, la fille de Stella, abordée avec une rare subtilité

Ce livre est d'une richesse telle que les 600 pages passent vraiment trop vite. Une deuxième lecture s'imposera tant ce livre le mérite !
En attendant, je vais lire tous les Kjell Westö.
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Première lecture de cet auteur, un roman magnifique, foisonnant, qui couvre 50 années de la vie d'un homme et de ses amours, amitiés.. un livre sur la mémoire, le souvenir, les différences entre classe sociale, l'engagement, l'amour, l'amitié, les promesses faites et le temps qui passe..
C'est prenant, c'est riche, sensible, poétique, je l'ai lu en très peu de temps et n'ai pas réussi à le quitter jusqu'à la fin.
Un beau moment de littérature.
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