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Critique de cats26


Scott Westerfeld est un de mes auteurs de littérature jeunesse favoris. C'est pourquoi, j'étais sûre d'aimer ce livre.

Pourtant, il m'a beaucoup surprise : c'était très différent de ce que j'avais lu de lui jusque là.
En fait, on a deux livres en un : d'un côté un roman de littérature de jeunesse, un peu classique : Lizzie, une adolescente qui découvre des pouvoirs après un événement traumatique.
Situation familiale, amitié, romance et fantastique un peu inquiétant : j'ai déjà lu ça ailleurs et même si l'histoire de Lizzie est très sympathique à lire, elle ne sort pas vraiment de l'ordinaire de beaucoup de romans fantastiques jeunes adultes anglo-saxons (bon, "ordinaire" supérieur néanmoins car c'est quand même Westerfeld l'auteur!).
Ce qui change tout, c'est que son histoire est en fait le roman écrit par l'autre protagoniste principal du livre, Darcy, jeune adolescente dont le livre va être publié et qui découvre le monde des jeunes auteurs.

C'est la partie la plus intéressante : Westerfeld décrit avec beaucoup de véracité et d'humour l'envers de tous ces romans ou séries que j'ai pu lire : le processus éditorial, le système promotionnel (ah, la photo de l'auteur sur la jaquette) mais aussi pour la jeune auteure l'exploration d'un nouveau continent (celui des écrivains), la démarche de ré-écriture ou de correction. Cette exploration s'accompagne dans le roman de son émancipation par rapport à sa vie antérieure, de son épanouissement sentimental et sexuel.
Le roman aborde les éléments accidentels ou prédictifs qui font qu'on roman plaît ou pas au public, qu'il se vende ou pas.

En outre, il évoque le processus de l'écriture lui-même.
J'ai trouvé la "bataille des éléments" du roman passionnante : qu'est-ce qui est le plus important dans un récit?
Les personnages, l'intrigue, le conflit, le cadre? La démonstration est à l'américaine (toute dans le show) mais très convaincante.
Cette distanciation critique m'a permis de revenir sur les séries qui m'avaient plu et de voir lequel de ces éléments prédominaient ou comment ils se combinaient.
Exercice vertigineux qui fait encore plus apprécier les bouquins bien écrits!

Le premier chapitre du roman est à ce titre un exemple flagrant : il m'a vraiment happé dans le livre, j'ai voulu connaître le suite et dans "la réalité" de Darcy, c'est ce qui arrive : c'est la lecture de ce premier chapitre qui a convaincu l'éditeur, l'agent littéraire que le livre en valait la peine.
Et cela reflète bien une vérité de lecteur : l'importance des premiers mots, des premières pages, du premier chapitre.
Souvent son effet résonne sur tout le reste du livre et décide de l'impression du lecteur.

Le procédé narratif est donc extrêmement bien trouvé : ce que nous lisons sur Lizzie est le résultat des tâtonnements de Darcy, de ses choix d'écriture et le titre du livre de Darcy est celui de Westerfeld.
En quelque sorte Darcy pourrait être le double féminin de l'auteur lui-même et de ce qu'il aurait vécu lors de ses premiers pas en littérature.
Ou alors, elle est totalement fictive et Westerfeld s'est amusé à imaginer ce que serait d'être jeune auteur aujourd'hui dans le système éditorial américain.

Bref, un livre extrêmement jouissif pour la partie concernant Darcy.
L'auteur souligne bien le ridicule parfois des intrigues de ces livres jeunesse : un personnage qui prédit l'avenir grâce aux mouvements des chats et acquière des pouvoirs en grandissant parmi ces félins? J'ai adoré!

Malheureusement, cette dichotomie entre les deux parties, de ton, d'univers, d'enjeux, a fait que j'ai eu du mal à passer de l'histoire de Darcy à celle de Lizzie.
Je m'immergeais dans l'une et il fallait en sortir pour entrer dans l'autre. J'ai eu du mal et c'est la raison pour laquelle, le livre ne représente pas un coup de coeur.
Mon adhésion au livre a été purement intellectuel : je l'ai trouvé intelligemment construit et pertinent mais je n'ai pas "craqué" pour lui.

D'autre part, les personnages du roman ne sont restés que des stéréotypes (pour Lizzie, par exemple, stéréotype du personnage principal de roman jeunesse") ou des vecteurs des thèmes et messages que Westerfeld voulait faire passer. C'est un peu dommage.

Trois étoiles et demie.

A partir de 15 ans
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