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Critique de tienstiensolivier


Houlala ...
430 pages, j'te jure, la prof elle abuse!

J'avais bien senti que le défi allait être difficile à relever pour ma petite ado.
J'allais donc essayer de l'aider un peu et me voilà donc absorbé dans la lecture du premier volet de "Uglies" de Scott Westerfeld.

"Dans le monde de l'extrême beauté,
Les gens normaux sont en danger."

Hhmmm?
C'est quoi au fait des "gens normaux"?

Le livre est truffé de belles intentions. Des sujets qui forcément nous interpellent en tant que parents : le difficile rapport à l'image, l'estime de soi, les dictats de la mode, le poids des codes et des normes, les injonctions sociales... Ajoutez un soupçon d'écologie et tout y est.

Tous ces sujets sont abordés, effleurés par l'auteur mais le traitement me semble totalement loupé et rate son objectif. C'est lourd, c'est long. Plein de chapitres inutiles qui ne servent qu'à perdre le lecteur et n'apportent rien à l'intrigue.
Quatre ou cinq chapitres à apprendre à faire du skateboard volant sans tomber, pas sûr que ça amène à la réflexion.

Et l'ensemble est saupoudré de quelques magnifiques fulgurances :

"Tally ferma les yeux, ce qui ne fait aucune différence dans le noir complet."

Ben oui. Mais c'est bien sûr !!!

Clairement, les dystopies ont la cote dans les lectures jeunesse. Il n'y a qu'à voir les succès de Divergente ou Hunger Games.

Je reste à croire que nos adolescents sont tout à fait capables de lire et de comprendre Aldous Huxley et "Le meilleur des mondes" ou encore "La ferme des animaux" de George Orwell pour ne citer que ceux-là, quitte à les aider à contextualiser un peu mais là se trouve aussi le rôle de l'enseignant.

Pas besoin de passer par des niaiseries tel que ce "Uglies". Ils sont déjà entourés par tant de bêtises, autant essayer de les tirer un peu vers le haut.

Pour finir, j'avais envie de vous partager un petit article du psychopédagogue Bruno Humbeeck qui aborde ces thèmes bien mieux et sans en faire tout un roman.

"Si à 10 ans, 3 petites filles sur 4 aiment leur reflet dans le miroir, elles ne sont déjà plus que 1 sur 3 à 13 ans. Pire, entre 13 et 15 ans, 1 fille sur 3 a honte de son apparence. Des chiffres qui ont de quoi sérieusement inquiéter, mais qui n'étonnent pas les spécialistes.
Chaque individu se bâtit en trois phases: l'image de soi, la connaissance de soi et l'amour de soi. Les réseaux sociaux permettent de modifier ce processus sans avoir encore pu développer les deux dernières étapes. On est loin d'être construit à 10 ans à peine... Pour jouer avec son image, il faut de la maturité et être conscient qu'il s'agit d'une mise en scène. Instagram, TikTok, Facebook... ce sont davantage des outils de marketing et de design de soi que de réelle communication. On y crée un soi sur mesure, sorte d'avatar fabriqué de toutes pièces, avec plus ou moins de vrai dedans...
L'émergence des réseaux sociaux et leur omniprésence dans la vie quotidienne à un âge bien trop précoce contribuent à accentuer de façon drastique les injonctions à correspondre à une image stéréotypée chez les petites filles. Au lieu de jouer avec une Barbie, relation qui permet de distinguer la poupée de soi et du réel, on devient sa propre Barbie. La mésestime de soi peut alors prendre des proportions inquiétantes, sous prétexte qu'on n'est pas suffisamment suivie, likée ou aimée par sa communauté. C'est comme si on ne pouvait plus vivre sans être validé par le regard des autres.
C'est pour cela que les parents doivent prendre le temps de dire et de montrer à leurs enfants qu'ils apprécient davantage l'image réelle qu'ils ont d'eux que l'avatar qui, en multipliant les filtres, finit par ne plus leur ressembler que très vaguement pour correspondre à l'image idéalisée que l'adolescent voudrait donner de lui-même... parce qu'on grandit mieux, quand on est adolescent ou adolescente, dans le regard inconditionnellement aimant que les parents portent sur soi que dans les yeux, qualifiants ou disqualifiants, que les internautes portent les uns sur les autres dans un univers qui fait de l'image arrangée, sublimée et trafiquée de soi un argument de compétition..."



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