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Critique de Meps


Meps
12 novembre 2019
Certaines romances en chassent facilement d'autres de l'esprit ! Car si on devait classer ce livre d'Edith Wharton , on aurait du mal à ne pas lui coller l'étiquette romance.

Bien sur c'est beaucoup plus que ça, car à travers cette(ces) histoire(s) d'amour(s) (oui je brouille les pistes) contrariées, c'est surtout un portrait au vitriol de son monde qu'offre Edith Wharton . J'avais déjà lu deux ouvrages de l'auteur Gens de New York et La récompense d'une mère. Je ne faisait pas de critiques Babelio à l'époque mais il me restait une impression générale favorable du ton sarcastique de l'auteur, une certaine liberté bien mise en valeur par un style recherché. Je la positionnais dans mes références aux côtés de ses cousines d'outre-Atlantique (d'outre Manche pour nous) George Eliot et Virginia Woolf.

Dans le temps de l'innocence, elle montre combien la société bourgeoise new-yorkaise ne fonctionne que sur des codes préétablis dont personne ne parvient réellement à se rappeler les raisons (voir certains passages sur les règles vestimentaires) mais qui régissent néanmoins l'ensemble des relations entre les individus, y compris au niveau le plus personnel. le bonheur des individus ne semble jamais être non seulement le but final mais même une variable à prendre en compte. le Nouveau Monde cherche à se démarquer de l'Ancien tout en le copiant.

Mais cependant l'aspect romance n'est pas totalement occulté. Il est au contraire bien au premier plan avec une fine analyse des sentiments, des pensées, des renoncements qui traversent les deux personnages principaux, à la fois pris dans ce carcan sociétal et rêvant de s'en affranchir. Et là où on touche au chef d'oeuvre, c'est que tout cela est rendu par petites touches de sous-entendus qui laissent le lecteur en suspens jusqu'au bout, dans un type d'histoire où on est pourtant habitué à deviner très vite le dénouement.

Ajoutez à cela une narration qui, sans bouleverser la chronologie, joue avec les ellipses de temps plus ou moins longues entre les chapitres (de quelques secondes... à 30 ans) et vous comprendrez ce qui a fait du Temps de l'innocence une oeuvre majeure de son époque qui justifie même encore en 2019 une nouvelle traduction plus proche de l'original.

Wharton avait presque 60 ans à la publication du livre, un temps où toute innocence s'était sans doute envolée de sa vie. On sent cependant à travers ses mots qu'à l'image de ses personnages, elle aurait voulu pouvoir la retrouver, le temps d'un baiser.
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