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Critique de Patsales


Connie Willis m'enchante. Ses livres suivent le principe édicté par la série des « Robots » d'Asimov: soit des règles intangibles qui semblent avoir été transgressées et qui, en réalité, ne l'ont pas été, comme on le découvre dès lors que l'on adopte le bon schéma de pensée. D'où ce délicieux pot-pourri victorien qui combine la SF et ses voyages dans le temps avec le roman à énigmes : comment le « continuum » se débrouille-t-il pour que les interventions des voyageurs ne puissent altérer le cours de l'histoire ? Sachant que si Terence n'épouse pas Maud, leur fils non-né ne deviendra pas pilote de la RAF, au risque d'entraîner la victoire de l'Allemagne nazie. Les amours de Terence et de Maud, contrariées par la disparition d'une abominable potiche épiscopale et la réapparition d'une adorable chatte éprise de poissons rares raviront les lecteurs de Jane Austen. Ici, pas de paradoxe temporel : le continuum veille et répare les bévues des voyageurs du temps avec le même a-propos qu'Emma Woodhouse quand elle décide de marier ses amis. Moins prolixe ici que dans d'autres romans, Connie Willis annonce clairement que son amour pour l'Angleterre victorienne se limite à ses auteurs mais qu'elle se tamponne le coquillart de l'époque : « Darwin, Disraeli, la question indienne, Alice au pays des merveilles, la petite Nell, Turner, Tennyson, Trois hommes dans un bateau, crinolines et croquet… essuie-plumes, napperons
au crochet, le prince Albert, redingotes, refoulement sexuel, Ruskin, Fagin, Elizabeth Barrett Browning, Dante Gabriel Rossetti, George Bernard Shaw, Gladstone, Galsworthy, néogothique, Gilbert et Sullivan, tennis et ombrelles. Voilà… Il est paré » Ainsi s'achève la leçon accélérée à l'intention du voyageur temporel qui ne court, en réalité, qu'un seul danger à hanter la verdoyante campagne anglaise du XIX° siècle : ne pas déceler, sous la passementerie brodée au point de croix de la têtière posée sur le fauteuil crapaud, la flèche acérée de Cupidon.
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