Mais il y avait dans sa gaieté, un certain charme indéfinissable, une sorte d'enfance et de bonhomie qui captivait le coeur en établissant momentanément entre elle et ceux qui l'écoutaient une intimité complète, et qui suspendait toute réserve, toute défiance, toutes ces restrictions secrètes, barrières invisibles que la nature a mises entre tous les hommes et que l'amitié elle-même ne fait point disparaître tout à fait.
J'ai écrit pour me retrouver, à travers tant de peines, pour dégager mes facultés de l'esclavage des sentiments, pour m'élever jusqu'à une sorte d'abstraction qui me permit d'observer la douleur en mon âme, d'examiner en mes propres impressions les mouvements de la nature morale, et de généraliser ce que la pensée me donnait d'expérience.
Le génie, c’est le bon sens appliqué aux idées nouvelles » .
Cet échec a laissé sa marque dans le cœur de Germaine de Staël. Un échec comme il en était question dans les romans de l’époque : la société contre l’amour ; l’amour-propre contre la passion.
Les plus grandes qualités de l'âme ne se développent que par la souffrance, et ce perfectionnement de nous-mêmes nous rend, après un certain temps, le bonheur.
Madame de Staël (de l'Allemagne)
"Rien n'est moins applicable à la vie qu'un raisonnement mathématique. Une proposition en fait de chiffres est décidément fausse ou vraie ; sous tous les rapports le vrai se mêle avec le faux d'une telle manière que seul l'instinct peut nous décider entre les motifs divers, quelquefois aussi puissants d'un côté que de l'autre. L'étude des mathématiques, habituant à la certitude, irrite contre toutes les opinions opposées à la nôtre ; tandis que ce qu'il y a de plus important pour la conduite de ce monde, c'est d'apprendre les autres, c'est-à-dire de concevoir tout ce qui les porte à penser et sentir autrement que nous. Les mathématiques induisent à ne tenir compte que de ce qui est prouvé ; tandis que les vérités primitives, celles que le sentiment et le génie saisissent, ne sont pas susceptibles de démonstration."
Croyez-moi, pour une fille, comme pour une femme, la gloire sera toujours d'enfermer dans la sphère des convenances les plus serrées ses ardents caprices. Si j'avais une fille qui dût être Mme de Staël, je lui souhaiterais la mort à quinze ans. Supposez-vous votre fille exposée sur les tréteaux de la gloire, et paradant pour obtenir les hommages de la foule, sans éprouver mille cuisants regrets ? A quelque hauteur qu'une femme se soit élevée par la poésie secrète de ses rêves, elle doit sacrifier ses supériorités sur l'autel de la famille. Ses élans, son génie, ses aspirations vers le bien, vers le sublime, tout le poème de la jeune fille appartient à l'homme qu'elle accepte, aux enfants qu'elle aura.
Rien n'est motivé dans l'amour ; il semble que ce soit une puissance divine qui pense et sent en nous, sans que nous puissions influer sur elle.
Le seul avantage des fictions n'est pas le plaisir qu'elles procurent : elles ont une grande influence sur toutes les idées morales, lorsqu'elles émeuvent le coeur ; et ce talent est peut-être le moyen le plus puissant de diriger et d'éclairer.
Toutes les fois qu'on se laisse conduire dans la vie par les calculs de l'ambition et de la fortune, que signifie l'amitié ?
Considère-t-on l'amitié comme un ornement de fête qu'il faille abandonner dans le malheur ? Si mon ami est en prison, je n'irai pas le voir de peur de me compromettre, s'il est malade, je craindrai de gagner sa maladie, s'il est pauvre, j'aurai peur qu'il ne m'emprunte de l'argent ? Enfin on ne finirait plus par avoir d'amis que ceux qui nous sont utiles.