Citations sur Mort et vie de Bobby Z (13)
- Tu es débile ou quoi? s'enerve Guzsa.
On t'amène sur un plateau un trafiquant de drogue-marchand d'esclaves rôti à point avec en prime son fridolin qui est tombé du ciel comme un météore, t'as un gros caillou en plein désert avec tellment de cadavres d'Indiens qu'on se croirait dans un film de John Wayne et tu me chantes qu'il n'y a pas de lien?
C'est quoi ta chanson alors? La foudre est tombée sur la baraque et l'a soufflé comme à Nagasaki ? D'où tu sors toi? De l'Iowa?
- Du Kansas, répond-il.[...]
- Dis-moi la vérité, vous en avez des drogues, au Kansas?
Il était froid comme la banquise, sauf que lui, y'a pas un pinguoin qui aurait osé lui chier dessus !
Entrer chez les autres n’est pas un problème, corrigea Tim. Le problème, c’est, une fois entré, d’arriver à sortir.
Reynaldo Cruz a une qualité : il sait tirer.
Cruz a été la star de l'école de tir de Pendleton. L’instructeur qui l'a eu dans son groupe chez les marines prétendait qu'il aurait pu tirer dans les couilles d'une puce. Quand il était dans le Golfe avec son unité, Cruz s'entraînait à dégommer des officiers irakiens du plus loin possible. Par exemple à l'instant T tu as une irakien qui est tranquillement en train de faire Allah Akbar, et à l'instant T +1 ton irakien se retrouve chez Allah. Avec les compliments de R. Cruz, tireur d'élite.
Elle croise son regard et lui adresse le même petit sourire que tout à l’heure, un sourire entendu, moqueur, même. Tim prend le temps de bien la regarder. Il la détaille. Elle a noué autour de ses longues jambes un paréo de gaze fine, un chemisier en coton qu’elle n’a pas boutonné recouvre à moitié le haut de son bikini noir. Ça lui plaît qu’elle soit couverte, qu’elle n’ait pas les seins à l’air comme toutes ces filles qui paraissent poser pour Playboy. Ses cheveux sont toujours relevés, elle a le cou long et gracieux. Mais c’est son sourire, vieux, qui fait craquer Tim.
Les femmes, ce sont des rêves de taulards. Presque toutes blondes, de grands chapeaux de paille sur des coiffures à mille balles signées José Ebert. Des bijoux en veux-tu, en voilà – chaînes en or, boucles d’oreilles, bracelets sur des maillots de bain chérots. Surtout des deux-pièces noirs. Ou topless, en paréo, avec des gouttes de sueur qui perlent entre les seins brunis.
Ils ont des gueules de riches – et riches, ils doivent l’être. Les hommes sont presque tous grands, minces, musclés de s’être entraînés sur des machines dans des salles de gym avec air conditionné. Ils ont le bronzage parfait au café – aucun rapport avec le bronzage paysan ou prolétaire, qui s’arrête où commence la chemise.
Le Mexique a bousillé ses réserves de pétrole, explique Brian. Ses mines d’or sont à sec, il n’est pas foutu d’exporter un frijol, mais il chie les Mexicains comme les Japonais les voitures. Les Mexicains sont le seul produit d’exportation du Mexique.
Elle a les dents d’un blanc de neige, les lèvres pleines, la peau bronzée, et de l’avoir, là, sous les yeux, Tim réalise qu’il est sorti. Peut-être pas sorti du pétrin, ça serait vite dit, mais sorti du trou en tout cas. Il a retrouvé le pays du lait, du sucre et des femmes.
Des filles soignées, mignonnes, des pros de la bronzette. Des filles sûres d’elles, ça se voit rien qu’à leur regard qu’elles savent que le monde leur appartient, qu’il suffit qu’elles se pointent et que tout leur est dû.