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La Griffe du chien tome 2 sur 3
EAN : 9782021213157
720 pages
Seuil (01/09/2016)
4.34/5   958 notes
Résumé :
Dix ans après La Griffe du chien, Don Winslow revient avec un livre encore plus fort sur la montée en puissance des narco-empires.

2004. Adan Barrera, incarnation romanesque d’El Chapo, ronge son frein dans une prison fédérale de Californie, tandis qu’Art Keller, l’ex-agent de la DEA qui a causé sa chute, veille sur les abeilles dans un monastère.

Quand Barrera s’échappe, reprend les affaires en main et met la tête de Keller à prix, la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (109) Voir plus Ajouter une critique
4,34

sur 958 notes
On pourrait démarrer par une longue discussion — à bord d'une voiture en planque, ou à la table d'un fast-food crasseux, à la manière d'un film de Tarantino — sur l'histoire tourmentée des suites, des numéro 2, compilant exemples et contres-exemples, évoquant le Parrain ou bien Mad Max, et pointant, qu'en littérature, les exemples sont plus rares, le tome II étant souvent écrit sans attendre le succès du tome I, voir une simple question d'édition. On n'en serait pas beaucoup plus avancés, mais on aurait probablement bu quelques bières… sans parler du le Big Mac…
...
Dans ma critique de la Griffe du Chien, j'avais apprécié le fait que l'auteur prenne le risque d'en écrire une suite, dix ans après. Au vu de ma note, vous voyez bien qu'une certaine déception a ponctué la lecture express de cet ultra-violent Cartel ; note qui peut paraître assez basse, juste la moyenne, afin de bien marquer la différence avec le premier… que d'autres ici, à tort, ne marquent pas suffisamment… On va encore parler du respect des goûts de chacun, et s'arrêter là… Ou bien analyser froidement ce qui différencie un quasi-chef d'oeuvre, d'une suite un peu poussive…
...
La force du premier tome vient d'un équilibre subtil entre Histoire et action, d'une rare efficacité à les ancrer dans les cultures mexicaines et américaines. C'est un peu laborieux d'analyser tout ça, l'harmonie, va savoir… surtout que cela démarrait plutôt bien, avec une bien utile carte du Mexique en ouverture…
Et puis l'on parle d'un sujet hautement violent, carrément révoltant, tristement insoluble…
Prudence, donc.
...
Oui, je me suis lancé dans un truc un peu pénible… pour se détendre, on parlera à la fin de certains de mes collègues (dans la restauration) vegan-intersectionnels, qui se bourrent le pif à tour de bras entre deux tirades à tendance moraliste…
...
Don Winslow utilise beaucoup les phrases courtes, avec retour à la ligne; du rythme, du choc, qui n'est malheureusement ici plus contrebalancé par des paragraphes plus longs, comme s'il n'avait plus de temps à perdre, à vouloir condenser autant de faits et d'actions en si peu de pages… Oui, ces 700 pages s'avalent comme un drive-in Taco Bell… nauséeux car reprenant un grand nombre d'événements réels, qui auraient sans doute mérité un traitement plus long, le gore mis à part…
(Paginé comme chez Saramago, ce livre ferait moins de 250 pages…)
...
L'escalade de l'horreur prend une tournure blasante, probablement à dessein.
...
En ouverture, il rend hommage aux journalistes disparus durant la période couverte, un monument aux morts, non-exhaustif, de cette guerre ignoble. Il reste d'une grande lucidité quant aux responsabilités de chacun.
Il accentue cette psychologie taillée à la serpe de ses personnages. Cette dernière souffrait déjà légèrement dans le premier volet; ici, cela se voit trop, dommage.
...
L'influence décisive du type de drogues consommés sur la culture d'une génération n'est plus vraiment évoquée — comme la généralisation de la cocaïne a pu faire basculer les années 80 dans le culte de l'individu — alors que l'on rentre ici dans l'âge d'or de la meth' aux USA (en Europe, la cocaïne devient omniprésente, son prix ayant diminué de moitié).
Les livres officiels n'en parlent sans doute pas assez, renvoyant à la marginalité ce que la bourgeoisie ne veut considérer comme essentiel.
Ce Cartel donne l'impression que c'est un problème spécifique, alors que la Griffe du Chien l'englobait dans L Histoire.
...
Tout cela n'empêchera pas d'achever la série par La Frontière (qui reçoit une note moyenne pour le moment plus haute que le premier) car comme toujours, la littérature appelle davantage que l'audio-visuel à des recherches et de l'introspection, de ce sujet si complexe, moteur-fantôme fumant de l'économie mondiale.
...
Donc pour reprendre la comparaison avec des films connus, cette suite ressemble à l'Alien 2 de James Cameron, la finesse du premier restée à bord du vaisseau, avec le huitième passager…
...
« On est combien ? T'appelles ? T'as un numéro ? Attends, regarde sur mon iphone, oui, celui avec l'autocollant green214Q+++… »
(désolé pour le cliché, mais j'ai travaillé avec pendant deux ans, un fléau qui ne pose pas autant de problème de conscience qu'il ne devrait…)
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Des Cartel, en littérature, y en a pléthore.
Y a celui de Paulot-Loup que je ne connais pas personnellement.
Y a celui de Jacques Durand que personne ne connait, visiblement, en tout cas sur Babelio.
Puis y a celui du patron, du boss, Winslow.
Et là, j'ai envie de beugler : "faites tourner, Rogntudjuù!!".

Art Keller, ex-agent de la DEA, est désormais apiculteur.
Adán Barrera, ex-grand manitou de la drogue, est désormais néo-taulard.
Voili voilou. Fin de l'idylle. Plus qu'à plier les gaules.
Puissamment addictif, non ?

Cartel ou comment développer son propre réseau pour les nuls tout en évitant, accessoirement, de se faire dézinguer au détour d'une défonce party de malade par de vils gougnafiers qui font rien que vous jalouser.

Le pavé peut effrayer. Si, si.
Son généreux tour de pages est proportionnel au contentement éprouvé tout au long de ces près de 900 feuillets de pur extase.

La bête, tour à tour, caresse, intrigue, châtie mais toujours dans le respect de la personne humaine. Non j'déconne. Certains passages sont d'une violence inouïe. le petit monde paisible et chaleureux des narcotrafiquants semble laisser libre cours à ses pires instincts lorsqu'il s'agit de préserver son pré carré ou de tenter de le spolier.
L'accueillante petite station balnéaire de Ciudad Juarez, au charme suranné et aux assassinats traditionnels, ne laissera pas de séduire le touriste en mal de tranquillité retrouvée.

Difficile de parler d'un tel roman.
Foisonnant, palpitant, suffocant.
Une plongée en apnée dans un monde brutal à l'idéologie monomaniaque : devenir calife à la place du calife puis tenter de le rester.

Les gentils ne courent pas les rues contrairement aux pires salauds qui semblent tout droit sortis d'un élevage local.
Les rôles masculins fourmillent.
Les femmes ne sont pas en reste même si beaucoup plus en retrait.

Roman-fleuve sur la vengeance et la reconquête du pouvoir, Cartel est un rendez-vous en terre inconnue. Un continent où faux-semblants et souffrance se taillent la part du lion.

Il y aurait tant à dire et la vie est si courte.
Ouais, un brin grandiloquent.
Le mieux est encore que vous vous fassiez votre propre idée sur cet avant-goût de l'enfer qui ferait passer le Parrain pour un sirupeux conte à l'eau de rose.

PS : toute personne zappant La Griffe du Chien pour se jeter louablement sur Cartel sera sauvagement torturée puis brûlée vive dans un tonneau. le tortionnaire, dans sa grande miséricorde, laissera finalement le choix entre la grillade à feu doux et le démembrement sans anesthésie. On n'est pas des bêtes, tout d'même.
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Pfioouuu et bien excusez-moi chers lecteurs (de mon modeste blog), mais je dois reprendre mon souffle après cette lecture !
Mon dieu que c'était violent !!! Gloups ...et Re gloups ! J'en suis toute retournée.

Violences à foison, âmes sensibles abstenez-vous !

La lecture de ce livre c'est faite grâce à une Masse critique privilégiée (voir plus haut).

Je remercie Babelio et les Éditions du Seuil pour ce beau cadeau me permettant également de rajouter un pavé dans ma mare aux lectures et de participer au challenge Pavé chez Babelio encore et toujours, voir sur le forum du site : ICI

717 pages (l'équivalent de presque trois livres !)

Mais remontons un peu en arrière début octobre où j'ai pris quelques notes en cours de lecture :

Ma lecture de Cartel se poursuit et pourtant j'ai bien cru lacher l'affaire devant tant de violence qui ne menait à rien ...

Il m'a fallu attendre d'arriver au-delà des 250 pages pour que Art Keller, le personnage positif de l'histoire prenne enfin sa place et entre réellement en scène !

Morts, sexe, drogue, tortures et même pas de rock and roll... Quel monde l'auteur nous décrit ici : Avec des femmes objets, les polices véreuses, la drogue, enfin surtout l'argent qu'elle procure et tous les vices y afférents...

Ouf après 250 pages ma lecture évolue vers quelque chose de plus positif... en quelque sorte.

J'aurais souhaité une lecture plus douce mais je me suis fait prendre par la cadence infernale de ce bouquin.

Zoom avant le 18 octobre 2016 :

Mission accomplie, livre fini en temps et en heure avec même un soupçon d'avance, lecture au rythme cadencé de mes trajets quotidiens en train (transport du pavé dans un sac spécial) et de mes lectures nocturnes (pour m'endormir tranquillement ... mouarf...bonjour les cauchemars).

Attention ce livre n'est pas fait pour vous laisser tranquille et j'avoue comme je vous l'ai déjà dit l'abandonner au tiers de sa lecture.

Alors qu'est ce qui a fait que j'ai continué ... Très certainement une écriture qui capte son auditoire.

Ce livre traite du monde de la drogue, de son économie, de ses guerres entre les différents cartels, des implications géo-politique entre principalement le Mexique et les USA.

L'auteur prends le parti de nous décrire un monde où la drogue est partout et où elle guide tout.

L'auteur nous informe s'être inspiré de faits réels et d'avoir écrit une fiction. Et bien croyez moi ce monde est tout simplement terrifiant...

J'ose espérer que c'est un exercice de style et que l'auteur à pousser à son paroxysme les divers problèmes liés au commerce de la drogue... Souhaitons que le monde n'en arrive pas là car sinon c'est à désespérer de l'humanité.

Les deux principaux personnages de ce livre sont : (je commence par la méchant) Adan Barrerra le grand patron du cartel de la drogue au Mexique et Art Keller le héros positif agent des services américains de lutte contre la drogue.

L'arrivée tardive réelle d'Art Keller dans le roman a été salvatrice pour moi pauvre petite lectrice perdue au milieu de ce monde impitoyable et effrayant ...

Je me rends compte que j'ai bien du mal à émettre un avis sur cette lecture.

Ce livre m'a mis mal à l'aise, m'a bousculé et par moment j'ai failli laisser tomber tant je n'en pouvais plus de ces morts, de ces torturés, de ces personnages véreux sans humanité....

Pourtant quelques figures m'ont permis de souffler un peu et de croire un peu en l'humanité : il y a eu notamment un journaliste mexicain, Pablo qui aimait son pays et souffrait de ce qu'il était devenu...

Mais attention ici il ne faut pas s'attacher aux personnages ... On ne peut qu'être déçu...

Don Winslow a écrit là un roman choc, il ne prends pas de pincettes avec son lecteur et le malmène jusqu'à la fin. le travail de l'auteur est très bien documenté....

Comme une chanson de Hard Rock, ce livre peut ne pas plaire à tout le monde et aura un lectorat bien ciblé.

Je peux dire que d'emblée je ne suis pas vraiment de ce lectorat et que cette masse critique aura eu le mérite de me faire découvrir ce livre et cet écrivain.

Mais je l'ai lu en étant capturée (plus que captivée) par la violence comme si je regardais un accident sur la route avec des tas de morts et des blessés en me disant non c'est pas possible mais en ne pouvant détourner mon regard...

Alors amis lecteurs, si vous êtes trop sensibles, fuyez !!!!
Mais si rien ne vous effraie, foncez !!!!


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Il y a quelques années, Don Winslow nous expliquait dans un entretien qu'il nous avait accordé à l'occasion de sa venue au Festival International du Roman Noir de Frontignan, que non seulement il n'avait jamais vraiment eu pour projet d'écrire La griffe du chien, mais qu'en plus de cela, l'écriture de ce livre avait manqué signer sa disparition du paysage littéraire américain car, après cinq ans passés à écrire un roman, on avait tôt fait d'être oublié de tous, surtout en cas d'échec. On connaît la suite de l'histoire. Non seulement La griffe du chien a fait de Winslow un auteur reconnu, mais en plus, le succès de ses romans suivants et l'adaptation de Savages au cinéma l'ont mis à l'abri du besoin. Au risque peut-être de s'endormir sur ses lauriers et de décevoir parfois avec des livres banals et peut-être un peu vite écrits.
Et revoilà Winslow avec un roman annoncé comme la suite de la griffe du chien. Imposant (718 pages et un bon kilo), Cartel était donc très attendu et même, disons-le, un peu attendu au tournant. Et, disons-le aussi puisqu'on en est aux confessions, Winslow ne déçoit pas ici et complète avec panache ce qui est sans doute la grande oeuvre de sa vie.
La griffe du chien s'achevait à l'aube des années 2000, une époque où la violence des narcotrafiquants commençait à monter en puissance mais était encore sans commune mesure avec celle qui allait exploser dans les années suivantes et qui est au coeur de Cartel :
« Il contemple les corps dépiautés – manière choisie par Adán Barrera pour annoncer son retour à Nuevo Laredo – en songeant qu'il devrait être plus affecté. Des années plus tôt, son coeur s'était brisé devant le spectacle de dix-neuf corps, et aujourd'hui, il ne ressent rien. Des années plus tôt, il pensait ne jamais voir un spectacle plus atroce que le massacre à la mitrailleuse de dix-neuf hommes, femmes et enfants. Eh bien, il avait tort. »
2004-2014 : Cartel, c'est l'histoire de la guerre de la drogue au moment où les Zetas prennent leur indépendance et décident de devenir le Cartel et où le gouvernement se voit obliger de réagir suite à des exactions de plus en plus violentes. C'est aussi le moment où Adán Barrera, l'un des deux personnages principaux de la griffe du chien, librement inspiré de Joaquín « El Chapo » Guzmán, chef du cartel de Sinaloa tente d'imposer à nouveau son autorité tandis que l'agent de la DEA Art Keller reprend du service pour l'en empêcher.
Comme dans le précédent roman, Winslow choisi de multiplier les points de vue. On suit tour à tour un Keller avide de vengeance, un Barrera sur le point de se faire dépasser, les Zetas et leur politique d'escalade de la violence, la Familia Michoacana, ses délires messianiques et sa fâcheuse tendance à décapiter à tour de bras, les journalistes bâillonnés, les femmes victimes, bourreaux, révoltées, les policiers mexicains corrompus ou pas, les positions ambigües du gouvernement américain et la realpolitik catastrophique d'un gouvernement mexicain obliger de soutenir un cartel contre un autre pour tenter de limiter les dégâts. S'appuyant encore et toujours sur une riche documentation, Winslow dresse ainsi des portraits saisissants, émouvants ou effrayants et constitue de nouveau une fresque romanesque dans laquelle les héros ne sont pas forcément ceux que l'on croit et dans laquelle la frontière entre le bien et le mal fluctue et s'efface même parfois au gré des alliances de circonstances, des nécessités ou du désir de vengeance.
Empathique vis-à-vis de ses personnages principaux, Barrera compris, et en particulier de Marisol la médecin idéaliste, Pablo le journaliste et Chuy l'enfant-soldat, Winslow reste cependant sans illusion sur le cynisme avec lequel est menée non seulement cette guerre de la drogue mais aussi cette guerre contre les narcos dont il démonte patiemment les rouages et met en lumière les implications qui ne se limitent pas au Mexique et aux États-Unis mais, mondialisation oblige s'étendent aussi au reste de l'Amérique centrale et à l'Europe. Instructif, donc, certes, Cartel est aussi et surtout un formidable roman plein de fureur, de sang et de trahisons où la lâcheté et la folie le disputent à l'héroïsme. Exceptionnel.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Je sens que le syndicat d'initiative du Mexique ne va pas afficher ce roman dans sa vitrine car il a dû faire fuir les touristes qui voulaient visiter les régions du Sonora, du Sinaloa, les villes de Ciudad Juarez, de Nuevo Laredo…

Maintenant, si vous êtes un narcotrafiquant… Libre à vous d'aller vous promener dans les rues, tant que le loup n'y est pas… Si les loups Barrera ou Ochoa y étaient, ils vous mangeraient ♫

Voilà un roman qui vous scotche les mains au papier, qui vous les rend moite, qui vous fait déglutir difficilement, vous tord les tripes et vous donne parfois envie de rendre le repas.

Réaliste, terriblement réaliste, horriblement réaliste. J'ai arrêté de compter les morts, comme les gens des villes qui, devant toute cette débauche de cadavres, les enjambaient sans y faire attention.

Ça jette un froid, la banalisation de la mort telle que celle décrite dans le roman. Apparemment, on s'habitue à tout, même aux assassinats de masse et aux corps jonchant les rues. Tant que ce n'est pas le sien ou un proche, on banalise et on avance, le dos courbé pour ne pas se faire avoir aussi.

879 pages de noirceur sans nom, ça pourrait paraître indigeste mais ça ne l'est jamais, même si, pour votre santé mentale et votre petit coeur, des pauses lectures des "Aventures de Oui-Oui" sont recommandées…

On peut vraiment résumer ce roman noir par "Le guerre et paix au pays des cartels", car comme toutes les guerres, ça commence par des territoires que l'on veut garder, agrandir, conquérir et par des jeux d'alliances subtils car il s'agit de ne pas jouer le mauvais cartel… Votre vie en dépend.

N'oubliez jamais que les amis du matin peuvent ne plus l'être à midi, que votre cousin peut vous la mettre profond (la dague dans le dos), que votre femme/maîtresse peut aussi vous donner à l'ennemi.

À se demander d'ailleurs pourquoi tout le monde veut faire narcotrafiquant car on n'y fait jamais de vieux os et on a beau être plus riche que Crésus, on vit comme un réfugié, changeant de planque régulièrement, se méfiant de tout le monde, regardant toujours derrière son épaule.

Une fois de plus, avec Winslow, les personnages ne sont ni tout à fait blanc, ni tout à fait noir, ni même tout à fait gris…

Barrera, le patrón, semble correct, niveau narco : il ne tue pas les femmes, ne les viole pas, fait son trafic de drogue sans toucher aux civils. Sympa, le mec, non ? Oui, mais, dans "La griffe du chien", il a balancé deux gosses du haut d'un pont après avoir tué leur mère. Et pas que ça…

Le chef des Zetas n'a pas de principes, c'est un salopard de la pire espèce mais il n'est pas le seul coupable, d'autres le sont aussi, dont les États-Unis… Eux non plus ne sortent pas grandis de ce roman, ils ont été rhabillés pour tous les hivers.

Quant au Mexique, ses habitants se lamentent qu'il ne soit plus connu que pour les cartels de la drogue et les massacres que pour ses monuments, ses places, son Histoire et que les "célébrités" ne soient plus les écrivains, les acteurs, les producteurs mais les narcos et des tueurs psychopathes dont l'unique contribution à la culture sont des narcocorridas chantées par des flagorneurs sans talents.

Lorsque l'on mange à la table du diable, il faut une grande cuillère et si Art Keller veut arriver à ses fins, la fin justifiera les moyens et il ira s'asseoir à la table car il n'a rien d'un Monsieur Propre, lui aussi a un portrait nuancé, mais réaliste, comme tous les autres.

D'ailleurs, on ne peut s'empêcher d'apprécier Keller, même s'il se salit les mains d'une manière qu'il ne voulait sans doute pas. Parfois, pour obtenir une chose, il faut fermer les yeux sur d'autres choses, peu reluisantes. La fin justifie les moyens.

De la corruption, de la corruption, et encore ce la corruption… C'est ce qui fait tourner le monde, tout le monde ayant un prix et même si vous en voulez pas tremper dans la corruption, quelques menaces et tout de suite, le ton change. Vous acceptez ou vous mourez. Ou un de vos proches mourra.

Audiard le disait déjà : Dans les situations critiques, quand on parle avec un calibre bien en pogne, personne ne conteste plus. Y'a des statistiques là-dessus.

J'ai eu mal pour ce pauvre journaliste Pablo Mora, victime d'un dilemme insoluble, j'ai eu mal pour toutes ces petites gens, pris entre deux feux, sans avoir eu le choix, et qui se font assassiner pour leur appartenance à un cartel ou l'autre, même s'ils n'avaient pas choisi mais avaient subi.

Un roman noir qui ressemble à une enquête grandeur nature sur le monde des cartels, sur leur manière d'agir, de faire, de corrompre tout le monde. Un roman violent, très violent où les morts sont plus nombreux que dans GOT.

Un roman sur tout ces sans-noms qui sont morts dans l'indifférence de tous car ils étaient Mexicains. Un roman qui fait mal au bide, qui donne des sueurs froides, qui vous donne envie de remercier le ciel ou qui que soit de vous avoir faire naître en Belgique ou en France et pas dans une région infestée par les cartels.

Un roman noir qui coupe le souffle, un roman noir sur la vengeance, sur la conquête d'un trône fait de poudre blanche ou de cristaux bleus, sur les coups bas, les assassinats, les découpages d'êtres humains, le muselage de la presse et autres joyeusetés.

Don Winslow était attendu au tournant pour ce deuxième tome et il m'a semblé encore plus brillant que le premier. Son ton est toujours cynique, sans emphase, piquant et sans illusions aucune.

Toutes ces vérités assénées à coup de matraque, de flingue, tout ce que l'on nous cache, tout ce dont on ne nous parle pas aux J.T, tout se dont on se fout puisque nous ne nous sentons pas concerné. Toutes nos croyances sur la drogue et le monde qui l'entoure, sur la guerre contre les cartels qui n'en est pas une et toutes ces armes qu'on leur a fourni en pensant les combattre.

Vous qui entrez dans ce roman, abandonnez toutes illusions. Mais bon sang, quel pied littéraire, quel rail de coke !

Pour ma première lecture de 2020, j'ai choisi un pavé qui a été lourd à porter, tant il est obscur, sans lumière, sans possibilité de happy end.

Un coup de poing dans ma gueule, dans mon ventre, une lecture dérangeante, mais addictive et éclairante. Là, on a déjà mis la barre très haute et il se retrouvera dans mes livres qui comptent pour l'année 2020.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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critiques presse (7)
Bibliobs
19 octobre 2020
L'auteur de romans noirs le plus célébré aux Etats-Unis publie des nouvelles sur l'Amérique actuelle... et se déchaîne sur Twitter contre Donald Trump.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LaPresse
02 novembre 2016
Une fresque épique et sanglante (attention: scènes de torture et de massacre épouvantables!), une saga romanesque exceptionnelle écrite dans un style journalistique particulièrement efficace.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeJournaldeQuebec
24 octobre 2016
Avec La griffe du chien, Don Winslow signait un petit chef-d’œuvre sur le monde ultraviolent des narcotrafiquants. Il nous en offre maintenant la suite, qui est aussi bonne, sinon meilleure.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaLibreBelgique
30 septembre 2016
Une suite plus sanglante et glaçante.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Lexpress
19 septembre 2016
Cartel est un immense roman. Pas moins.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
16 septembre 2016
Le trafic de drogue entre les Etats-Unis et le Mexique, version épique. Un récit percutant et chirurgical.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
02 septembre 2016
Une excellente suite à La Griffe du chien, qui met en scène les conflits autour de la drogue.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (101) Voir plus Ajouter une citation
Ce livre est dédié à :

Alberto Torres Villegas, Roberto Javier Mora García, Evaristo Ortega Zárate,
Francisco Javier Ortiz Franto, Francisco Arratia Saldierna,
Leodegario Aguilera Lucas, Gregorio Rodríguez Hernández,
Alfredo Jiménez Mota, Raúl Gibb Guerrero, Dolores Guadalupe García Escamilla,
José Reyes Brambila, Hugo Barragán Ortiz, Julio César Pérez Martínez,
José Valdés, Jaime Arturo Olvera Bravo, Ramiro Téllez Contreras,
Rosendo Pardo Ozuna, Rafael Ortiz Martínez, Enrique Perea Quintanilla,
Bradley Will, Misael Tamayo Hernández, José Manuel Nava Sánchez,
José Antonio García Apac, Roberto Marcos García, Alfonso Sánchez Guzmán,
Raúl Marcial Pérez, Gerardo Guevara Domínguez, Rodolfo Rincón Taracena,
Amado Ramírez Dillanes, Saúl Noé Martínez Ortega, Gabriel González Rivera,
Óscar Rivera Inzunza, Mateo Cortés Martínez, Agustín López Nolasco,
Flor Vásquez López, Gastón Alonso Acosta Toscano,
Gerardo Israel García Pimentel, Juan Pablo Solís, Claudia Rodríguez Llera,
Francisco Ortiz Monroy, Bonifacio Cruz Santiago, Alfonso Cruz Cruz,
Mauricio Estrada Zamora, José Luis Villanueva Berrones, Teresa Bautista Merino,
Felicitas Martínez Sánchez, Candelario Pérez Pérez,
Alejandro Zenón Fonseca Estrada, Francisco Javier Salas, David García Monroy,
Miguel Angel Villagómez Valle, Armando Rodríguez Carreón,
Raúl Martinez López, Jean Paul Ibarra Ramírez, Luis Daniel Méndez Hernández,
Juan Carlos Hernández Mundo, Carlos Ortega Samper,
Eliseo Barrón Hernández, Martín Javier Miranda Avilés,
Ernesto Montañez Valdivia, Juan Daniel Martínez Gil,
Jaime Omar Gándara San Martín, Norberto Miranda Madrid,
Gerardo Esparza Mata, Fabián Ramírez López,
José Bladimir Antuna Garciá, María Esther Aguilar Cansimbe,
José Emilio Galindo Robles, José Alberto Velázquez López, José Luis Romero,
Valentin Valdés Espinosa, Jorge Ochoa Martínez,
Miguel Ángel Domínguez Zamora, Pedro Argüello, David Silva,
Jorge Rábago Valdez, Evaristo Pacheco Solís, Ramón Ángeles Zalpa,
Enrique Villicaña Palomares, María Isabella Cordero, Gamaliel López Cananosa,
Gerardo Paredes Pérez, Miguel Ángel Bueno Méndez,
Juan Francisco Rodríguez Ríos, María Elvira Hernández Galeana,
Hugo Alfredo Olivera Cartas, Marco Aurelio MartínezTijerina,
Guillermo Alcaraz Trejo, Marcelo de Jesús Tenorio Ocampo,
Luis Carlos Santiago Orozco, Selene Hernández León,
Carlos Alberto Guajardo Romero, Rodolfo Ochoa Moreno,
Luis Emmanuel Ruiz Carrillo, José Luis Cerda Meléndez,
Juan Roberto Gómez Meléndez, Noel López Olguín,
Marco Antonio López Ortiz, Pablo Ruelas Barraza, Miguel Ángel López Velasco,
Misael López Solana, Ángel Castillo Corona, Yolanda Ordaz de la Cruz,
Ana María Marcela Yarce Viveros, Rocío González Trápaga,
Manuel Gabriel Fonseca Hernández, María Elizabeta Marcías Castro,
Humberto Millán Salazar, Hugo César Muruato Flores, Raúl Régulo Quirino Garza,
Héctor Javier Salinas Aguirre, Javier Moya Muñoz, Regina Martínez Pérez,
Gabriel Huge Córdova, Guillermo Luna Varela, Esteban Rodríguez,
Ana Irasema Berreca Jiménez, René Orta Salgado, Marco Antonio Ávila García,
Zane Plemmons, Victor Manuel Báez Chino, Federico Manuel García Contreras,
Miguel Morales Estrada, Mario Alberto Segura, Ernesto Araujo Cano,
José Antonio Aguilar Mota, Arturo Barajas Lopez, Ramón Abel López Aguilar,
Adela Jazmin Alcaraz López, Adrián Silva Moreno, David Araujo Arévalo…

Journalistes assassinés ou « disparus » au Mexique pendant
la période que couvre ce roman. Il y en a eu d’autres.
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Le Mexique est devenu un gigantesque abattoir.
Et tout ça pour quoi ?
Pour que les Nord-Américains puissent se défoncer.
De l'autre côté du pont se trouve le marché gigantesque, l'insatiable machine à consommer qui fait naître la violence ici. Les Américains fument l'herbe, sniffent la coke, s'injectent l' héroïne, s'enfilent de la meth ,et ensuite ils ont le culot de pointer le doigt vers le sud, avec mépris, en parlant du "problème de la drogue et de la corruption au Mexique".
Mais la drogue n'est plus le problème du Mexique, se dit Pablo, c'est devenu le problème de l' Amérique du Nord.
Quant à la corruption, qui est le plus corrompu ? Le vendeur ou l' acheteur ? Et quel degré de corruption doit atteindre une société pour que sa population éprouve le besoin de se défoncer afin d'échapper à la réalité, au sang versé, et aux souffrances endurées par ses voisins ?
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ça le rend furieux , ces meurtres, ces morts.
C'est insupportable de se dire que nous sommes connus que pour cela maintenant : les cartels de la drogue et les massacres. Dans ma ville. La ville qui abrite l'Avenida 16 septembre, le Théâtre Victoria, les rues pavées, les arènes, la Central, La Fogota, plus de librairies qu'à El Paso, l'université, le ballet, les garapinados du pan dulce, la mission, la plaza, le Kentucky bar, chez Fred.... denenue célèbre à cause de ces gangsters débiles.
Et mon pays, le Mexique, patrie des écrivains et de poètes : Octavio Paz, Juan Rulfo, Carlos Fuentes, Elena Garro ..........
Aujourd'hui les "célébrités" sont des narcos, des tueurs psychopathes dont l'unique contributiion à la culture sont des narcoccorridas chantées par des flagorneurs sans talents.
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Tu crois vraiment que quelqu'un prend au sérieux cette prétendue guerre contre la drogue ? [...] Les gens sérieux ne peuvent pas se permettre de prendre ça au sérieux. Surtout pas après 2008. Après le krach, alors que la seule source de liquidités était l'argent de la drogue. S'ils nous avaient obligés à mettre la clé sous la porte, l'économie aurait définitivement plongé.
Commenter  J’apprécie          200
Vous êtes coupables de meurtres, vous êtes coupables de tortures, vous êtes coupables de viols, d'enlèvements, d'esclavagisme et d'oppression, mais surtout, j'affirme que vous êtes coupables d'indifférence. Vous ne voyez pas les gens que vous écrasez sous votre talon. Vous ne voyez pas leur souffrance, vous n'entendez pas leurs cris, ils sont sans voix et invisibles à vos yeux, ce sont les victimes de cette guerre que vous perpétuez pour demeurer au-dessus d'eux.
Ce n'est pas une guerre contre la drogue.
C'est une guerre contre les pauvres.
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Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

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