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Critique de Bazart



Les éditions Belfond dont je suis particulièrement les parutions, tant j'apprécie la collection, viennent de lancer une nouvelle collection « Vintage » dont le but est redonner vie à des livres cultes devenus introuvables. Parmi ces ouvrages Les femmes de Brewster Place de Gloria Naylor (en mai) et Crazy Cock d'Henry Miller (en septembre) ont effectivement un parfum de souffre et de culte assez manifestes.

Pour inaugurer cette collection, Belfond commence en force avec un roman qui rentre totalement dans leur ligne éditoriale. Les Délices de Turquie de Jan Wolkers est un roman hollandais qui connut un succès phénoménal au moment de sa sortie en 1969 ( il ne fut traduit en français que 7 ans plus tard), tant il collait à l'esprit de cette époque Woodsotkienne en diable.

Le texte, cru, provocateur, met un coup de pied dans les conventions de toute sorte, totalement dans le mouvance des autres oeuvres fortes de la même époque, des Valseuses au Dernier Tango à Paris. Les délices de Turquie est en fait une peinture sociale sans concession à une époque où la littérature pouvait encore scandaliser dans les chaumières.

Car, condamné par l'establishment puis porté au pinacle tant son succès fut grand, la réédition de ce classique permet de porter un regard neuf, détaché du jugement sévère dont le livre fut l'objet pour son langage crû et ses descriptions sexuelles, considérés comme sulfureux à l'époque.

Aux Pays-Bas, on a célébré ce livre, et à travers lui son auteur, comme une victoire de la contre-culture sur la société traditionnelle : crû, sensuel, érotique, sexuel. Tout cela est vrai, Les délices de Turquie s'inscrit parfaitement dans le mouvement contestataire qui traverse les sociétés occidentales dans le courant des années 60.

Devant un tel succès notamment dans son pays natal, ce livre fut d'ailleurs adapté au cinéma en 1973 par un cinéaste alors débutant, mais qui allait, quelques décennies après devenir une vraie star, Paul Verhoeven, cinéaste qui continuera à filmer des oeuvres provocantes, mais sous le sceau holywoodien, de Basic Instinct à Showgirls.

Bref, je connaissais plus le film des délices de Turquie, avec dans les rôles principaux d'autres débutants prometteurs, Rutger Hauer (futur interprète sublime de l'androïde poursuivi par Harrison Ford dans Blade Runner) et Monique van de Ven que l'oeuvre littéraire que j'ai pu découvrir, grâce à Babelio et son opération Masse Critique.

Dès le premier paragraphe, on sait très vite à quoi on va s'en tenir, puisque tout le livre sera dans cet esprit là, cru et provocateur : « J'étais vraiment dans la merde depuis qu'elle m'avait plaqué. Je ne travaillais plus, je ne mangeais plus. Toute la journée je restais allongé entre mes draps sales et je collais le nez sur des photos d'elle à poil, si bien que je pouvais m'imaginer voir frémir ses longs cils surchargés de rimmel lorsque je me branlais".

Ce genre de langue, aussi crue que déjantée, on y adhère ou pas. Et maheureusement, je dois vous avouer que je suis plutot dans la seconde catégorie, moi qui n'étais pourtant pas le plus coincé des types.

Si je reconnais une vertu à ce roman, celui de réussir à restituer l'énergie et la créativité de l'Amsterdam des sixties ( je ne l'ai bien sur pas connu, mais je la devine ainsi), désireuse d'échapper à une culture protestante étouffante, j'ai trouvé ce ton provocateur et constamment cru assez glauque ( une propension à aimer le sale, les crottes de nez, les excréments ect), qui ne m'a pas séduit outre mesure et finalement assez daté 40 ans après.

Cette recherche du scandale à tout prix avait ,certainement, comme je l'ai présenté au début de mon billet, une nécessité et une évidence à l'époque de sa publication, mais de nos jours, le livre semble être un simple exercice de style intense au début, mais qui devient vite vain, lassant et agaçant au bout de 50 pages.

Bref, des délices de Turquie qui nous laissent un peu trop sur notre faim!!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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