Elle ne sait pas où elle est, ni pourquoi, et pourtant quelque chose en elle sait, que sa survie de cette question incandescente. Que suis-je ?
C'est étrange les formes que peuvent prendre les crânes, la laideur dissimulée par les cheveux.
Comme il en va de la lessive, de la cuisine et de l'accouchement, il revient apparemment aux femmes d'accompagner les morts vers leur dernière demeure.
Elles sont ce qui arrive quand on ne ferme pas son clapet de grosse salope.
Alors elle attendait, couchée sur le lit, ce qui était assez drôle, car voilà précisément comment tout avait commencé. Mais pour le reste, cela n’avait rien à voir, il y avait la chemise de nuit qui râpait malgré la chaleur, l’immense terre déserte qui s’animait dehors, personne pour se soucier de savoir où elle était, son corps encombrant oublié, réduit à marcher, souffrir, avoir faim et soif, manger et dormir, pisser, chier, saigner.
Elle ne peut pas résister, elle ne peut pas comprendre ni s'interroger. C'est une sorte de soulagement muet.
Elle sent dans son dos l'autre fille qui observe sa curieuse tenue. Le long tablier vert en toile raide, la blouse d'épais calicot dessous, les bottines rigides en cuir marron et les hautes chaussettes de laine. Les sous-vêtements d'autrefois. C'est l'été. Verla transpire dans ses habits. Elle sent que l'autre fille saisit peu à peu qu'elle est face à un miroir, qu'elle même porte également ce costume absurde et que son allure est tout aussi bizarre.
Les histoires varient, des heures, les lieux, j’étais chez le médecin, j’étais dans mon club avec ma sœur, je crois que j’étais dans un taxi, mais elles partagent la même honte de n’avoir vu ni les unes ni les autres comment elles ont été livrées. De s’être bêtement laissé piéger
D’une voix enrouée qui résonne au creux de ses oreilles, elle s’entend dire : J'ai besoin de savoir où je suis. L’homme se tient là, grand et étroit d’épaules, la main toujours sur la poignée, surpris. Le ton presque compatissant, il répond : t'as surtout besoin de savoir ce que t’es, ma belle.
Un serpent à collier rouge glisse dans ses pensées, se faufilant dans les herbes.