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2,78

sur 88 notes
Je suis tellement fière de moi ! Il m'en faut peu, me direz-vous..

J'ai réussi à finir ce livre, qui ne fait pourtant que 300 pages.

Ces quelques heures de lecture ont été un calvaire.
Je n'ai pas voulu abandonner vu la taille du livre mais il s'en est fallu de peu.

Que de saleté, de crasse, de descriptions dégoûtantes de boutons purulents, d'entre jambes sales et velues, de poupée pourrissante et puante de mort.

Ces femmes transformées en animaux, kidnappées et oubliées sans que l'on sache le vrai pourquoi, le comment et sans qu'une fin véritable nous soit proposée.

J'avais demandé ce livre à ma mère en cadeau d'anniversaire l'année dernière. Désolée maman, je me renseignerai un peu mieux pour le prochain..
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Dix femmes sont retenues prisonnières dans un campement . Elles ont toutes eu le crâne rasé, et sont vêtues de guenille.

L'auteure nous décrit la longue et interminable descente aux enfers de ces femmes. Les descriptions sont très détaillées. L'écriture de de Charlotte Wood est très agréable , limite poétique sur certains passages.
Le scénario quand a lui est assez lent, mais arrive a nous tenir en haleine quand même. On veut savoir le pourquoi du comment et par qui sont enfermées ces femmes.
Mais ce roman noir nous décrit plutôt le retournement de situation de ces femmes. Leur instinct de survie prend le dessus et de prisonnières elles deviennent de véritables prédatrices (ou pas).
L'auteure décide de prendre l'option de la psychologie et nous montrant les différences de caractère et d'attitude entre les protagonistes de l'histoire. L'évolution des personnages est vraiment très intéressante.

J'ai vraiment accroché au début de l'histoire , avec l'envie de savoir. le seul hic c'est que je ne sais toujours pas une fois refermé le roman. J'ai beaucoup de questions qui restent sans réponses. Même si l'auteure a voulu montrer le côté psychologique de l'instinct de survie, le scénario perd en qualité du fait de ses non réponses. Et c'est franchement dommage.

Je remercie Babelio et les éditions du masque pour cette masse critique privilégiée.
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Attention roman féministe hardcore !
Résumé facile : dix femmes se retrouvent dans un camp de concentration au fin fond du bush australien. Elles sont tondues, habillées comme des servantes d'autrefois, avec une "coiffe" sur la tête dotée d'un long tuyau devant la bouche, qui leur permet de respirer et de voir sans vraiment voir...Elles sont gardées par deux jeunes hommes stupides et brutaux et une seule femme, qui les humilient et les obligent à des travaux forcés. Cependant, un défaut d'organisation du camp va faire évoluer la situation. On s'attache particulièrement à deux filles : Verla et Yolanda.
Pourquoi les femmes sont-elles là : parce qu'elles ont dérangé la société par des scandales sexuels (cela se passe à notre époque) : aventure avec un homme politique en vue, gagnante potentielle de The Voice séduite par le producteur, escort-girl pour footballers célèbres etc...Elles sont punies pour ces comportements. En tout cas, c'est ce qu'elles pensent. Qui les punit ? Ce n'est pas clair. Elles ont été enlevées et droguées. L'auteure garde cet élément dans le flou, comme beaucoup d'autres. A chacun de se faire une opinion. le roman montre l'évolution de la situation au camp, alors que les prisonnières et leurs geôliers semblent avoir été oubliés dans le désert par ceux-là même qui les y ont mis. On se retrouve dans un étrange univers parallèle, on l'on sait que le monde réel a existé, mais dont on est coupé.
C'est un roman féministe radical car il met l'accent sur les fautes gravissimes de la société misogyne et phallocrate sur les jeunes femmes. Chacune d'elle a été un objet sexuel mis au rebut, sans aucune considération pour son humanité. Aucun des hommes mis en cause dans les scandales n'a été puni pour son comportement. Ensuite, le texte montre la dégradation de leurs corps de femme, qui cessent d'être un objet de désir et de plaisir pour devenir un corps sale, maigre, non entretenu, hirsute, blessé, odorant. La description de ces corps est volontairement choquante, de même que l'évolution psychique des jeunes filles, qui réalisent peu à peu comment elles ont été consommées puis jetées, le mensonge de l'amour, et réagissent chacune de façon différente.
C'est un roman qui peut mettre mal à l'aise par les thèmes qu'il aborde et la manière dont il le fait. de plus, la fin laisse perplexe. Néanmoins, c'est un texte original, intéressant et courageux...Dénoncer le machisme insouciant des jeunes garçons, par exemple, comme on le voit dans les conversations entre les deux geôliers, est une nécessité absolue. Ils parlent des femmes comme si elles étaient des esclaves, mais je n'étais pas en territoire inconnu. J'ai déjà entendu des choses comme ça, et c'est intolérable.
En tout cas, je remercie vivement Babelio et les éditions Lattès pour m'avoir permis de découvrir cette auteure sans tabou.
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Basé sur les pratiques scandaleuses dans une prison pour adolescentes de 14 à 18 ans (le "Hay Institution" qui a -heureusement- fermé ses portes en 1974), Charlotte Wood a transposé son roman dans un ancien camp de tondeurs de moutons, au fond du bush, à notre époque. le livre à remporté plusieurs prix littéraires en Australie mais y a également causé de vives discussions.

L'auteure dénonce une contradiction toujours actuelle dans notre société d'aujourd'hui, encore (trop) dominée par les hommes. Si on pardonne de façon générale plus facilement à la gent masculine les frasques extra-conjugales, ces mêmes actes sont étiquetés comme mauvais et vulgaires quand c'est la femme qui en prend l'initiative. Et pire, si ces femmes deviennent victimes et osent s'en ouvrir au monde...
Comme ces dix filles dont il est question dans ce récit et dont le "on" (influent) a voulu se débarrasser.

Il n'est jamais clairement écrit ce que ces jeunes femmes ont vécu, seulement suggéré, par bribes, en sautant de l'une à l'autre. On n'apprend presque rien sur leur vie antérieure sociale, exception faite pour Yolanda et Verla, les protagonistes principales. Mais là aussi, si peu, que le lecteur peine à s'y attacher... et s'en détache d'ailleurs complètement quand, dans la deuxième partie du livre, la faim les pousse, dans un instinct de survie, à des activités obsessionnelles.
C'est alors que mon intérêt est tombé tout à fait. A l'instar de ces jeunes femmes j'avais l'impression de tourner en rond... sans répit.

Et il y a une chose qui m'a franchement agacée. Au début de leur emprisonnement, quand elles disposent encore de toutes leurs forces et vigueur, elles ont, plusieurs fois, l'occasion de s'en prendre à leurs deux geôliers masculins (sensiblement de leur âge et tout sauf musculeux), mais non !, elles subissent sans réagir (ou à peine) les brimades et humiliations, physiques comme morales, jusqu'à n'être plus que des déchets humains.

Ce n'est que la belle plume descriptive de C. Wood (on ressent les sévices subis, on meurt de soif, on se sent crasseux, on avale la poussière, comme les lapins... tellement on ressentît la faim)... qui sauve finalement ce récit, sans réelle histoire, ni épilogue.


Merci à Babelio et aux éditions le Masque dans le cadre d'une masse critique privilégiée.
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Charlotte Wood est une auteure australienne dont La nature des choses sera le premier roman à  être publié en France à la rentrée prochaine. J'ai donc eu la chance de le découvrir en avant-première.
Roman noir dans la lignée de ce que produit notre Sandrine Collette nationale. J'arrêterai là ma comparaison.
Prisonnières  dans le bush australien,  dix femmes au crâne rasé, vêtues de guenilles improbables et masquées, tentent de survivre.
Qui sont-elles ?
D'où viennent-elles  ?
Pourquoi sont-elles ici, dans ce coin perdu ?
Et leurs trois geôliers aussi bêtes que méchants et qui finalement ne sont peut-être pas mieux loti qu'elles, qu'attendent-ils ?
Qui est ce mystérieux Hardings qui doit arriver ?
Charlotte Wood dresse le portrait de ces femmes qui ne se seraient sans doute jamais rencontré et qui pendant trois saisons en enfer feront preuve de solidarité,  partageront les angoisses, les mauvais comme les rares bons moments et vivront et assumeront les drames.
Si j'ai découvert et lu ce livre, huis-clos angoissant, avec plaisir, il reste que toutes les questions ne trouvent pas de réponse et c'est parfois, d'ailleurs déconcertant...
Pour les amateurs de romans noirs énigmatiques et..... de civet.....
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Quand Yolanda reprend conscience, elle ne sait pas où elle est. Idem pour Verla, une autre jeune fille. En tout, une dizaine de filles se retrouvent dans cet endroit inconnu, dirigé par deux hommes, Boncer et Teddy. Pourquoi sont-elles là dans cette prison perdue au milieu de nulle part ?
Curieux roman de Charlotte Wood, il m'a un peu fait penser à Captifs de Kevin Brooks. Des personnes sont enfermées dans un endroit où il est impossible de s'échapper sans raison valable (un début d'explication mais très vague). J'ai beaucoup aimé suivre l'évolution psychologique des personnages avec l'enchainement des évènements. Chacun, prisonnière ou géolier, change pour devenir un être différent. Yolanda se tourne vers les lapins, l'état sauvage. Hetty deviendra une poupée au service des gardiens. La nature est très présente dans ce roman : on y croise des lapins, des champignons, le bush environnant… Dommage que les personnages ne soient que vaguement brossés, seules Yolanda et Verla semblent un passé, la notion de temps est seulement esquissée (des jours, des semaines, des mois, encadrés par les saisons).
Je suis curieuse de voir l'adaptation cinématographique de ce roman (en cours de réalisation). Merci à Babelio et aux éditions du Masque pour cette étonnante découverte.
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Comment peut-on se retrouver en huis clos dans un espace totalement ouvert? En étant confiné dans le bush australien, dans des locaux désaffectés, en compagnie de deux geôliers aussi piégés que leurs captives tandis que la clôture électrique calme les velléités d'évasion.

Qui sont-elles ces jeunes femmes et pourquoi sont-elles là? le mystère n'est pas entièrement éclairci, car ce ne n'est pas le but du récit. On sait vaguement qu'elles ont été impliquées dans des histoires de scandale sexuel, mais pourquoi les avoir rassemblées et qui est à l'origine de leur rapt, on n'en sait rien et on s'en fiche un peu.

L'essentiel est ce qui va se produire et évoluer dans les relations entre les prisonnières et avec leurs gardes. D'autant que les conditions de détention sont extrêmement spartiates. La période de réclusion se prolonge jusqu'à ce que la réserve des maigres denrées plus ou moins périmées s'épuise. C'est l'occasion d'un glissement des rapports de force dans le groupe de reclus.

On n'est pas loin des romans de Robert Merle, comme L'île ou Malvevil, qui témoignent de ce qui se met en place dans une communauté humaine confrontée à la lutte pour sa survie. Les personnalités se dévoilent , évoluent au gré des difficultés rencontrées, et bien vite à chaque fois les conflits surgissent

Ici l'auteur s'attache plus particulièrement à l'évolution individuelle de deux des jeunes femmes, que cette expérience va profondément transformer.

C'est assez rude : les détails sur l'évolution physique des prisonnières, dépourvues de toute possibilité d'hygiène minimale, ne nous sont pas épargnés. On rêve pour elle d'une douche et d'un peigne et on imagine le luxe que pourrait constituer un tube de dentifrice! La violence des geôliers n'a pas de limite. Autant dire que ce n'est pas une lecture apaisante, pas du tout un roman feel-good. On est confronté à ce que la nature humaine peut engendrer de pire.

C'est une lecture marquante, difficile à oublier, avec comme effet secondaire de vous dissuader de manger du lapin pour le reste de vos jours.

Merci à Babelio et aux Editions du Masque pour leur confiance.

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Je remercie Babelio et les éditions DU MASQUE pour l'envoi de ce livre même si c'est en enfer qu'ils m'ont emmené, très involontairement, j'en suis persuadée.

Dès les premières lignes, j'ai pourtant été happée par l'histoire de ces femmes prisonnières au fin fond du bush australien, dans un lieu indéterminé. Est-ce une prison où un hôpital psychiatrique ? On ne le sait pas vraiment.
Ce qui est sûr, c'est que tout y est laid, sale, puant. Dix femmes y sont retenues, vêtues de haillons, les pieds martyrisés dans d'affreuses bottines, tenues en laisse lors des promenades.
Si elles ont des rêves d'évasion, les clôtures électrifiées les en dissuadent bien vite.
« Là dans les prés et sur la crête, elle comprend, elles sont… ignorées. Elles ne sont pas menacées d'être matraquées, ligotées, attachées en laisse, harponnées. Elles ne sont ni des putes, ni des prisonnières. Pas même des filles, quand elles sont là, mais comme des graines emportées par le vent. »

Que dire des gardiens ? Deux hommes et une pseudo infirmière qui n'ont pas l'air d'en savoir plus sur le sort réservé à leurs prisonnières. Ils semblent attendre un mystérieux personnage nommé Harding.

Je ressors de ce livre lessivée, en proie à un étrange malaise. Toute cette horreur, cette saleté, cette puanteur m'ont collé à la peau au point que j'ai souvent lâché cette lecture pour aller faire un tour dans mon jardin, respirer l'air pur.

De plus, j'y ai trouvé des longueurs insupportables, notamment dans la préparation du lapin qui devient rapidement la seule nourriture, lorsque les vivres viennent à manquer. L'auteur ne nous épargne rien des pièges posés, du dépeçage, de la préparation, de la cuisson. Cela dure des pages et des pages.
Je vais rester sans en manger pendant longtemps, je crois.

J'ai mis trois étoiles à ce livre car malgré toute cette souffrance, je salue une écriture addictive, un suspense constant.
Je me pose beaucoup de questions en refermant ce livre mais l'auteur a choisi de garder des zones d'ombre dans ce récit déjà bien noir.
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Suspendue entre effroi et malaise, voilà dans quel état je suis ressortie de ce roman singulier. Entre huis-clos à ciel ouvert et torture psychologique Charlotte Wood m'a traîné, comme ses héroïnes, dans la moiteur et la poussière de l'impitoyable bush australien afin d'exposer la cruelle réalité d'une société patriarcale. de ce groupe de femmes kidnappées, nous ne savons rien ou très peu, seulement qu'elles sont jugées par une agence qui ne supporte pas leur liberté d'agir, seul privilège des hommes. Jusque là, rien de bien neuf sous le soleil mesdames... Oui, mais la particularité de ce roman choral sont les non-dits et la tension psychologique grandissante qui pèse autour de ce camp caché des regards. Prisonnières et peu à peu déshumanisées, ces dix jeunes-femmes vont devoir composer entre perte de dignité et instinct de survie. Encadré par trois geôliers peu professionnels, le groupe change lentement de visage à mesure que la disette se profile. Qui les retient prisonnières ? Pourquoi ne sont-ils pas ravitaillés ? Malgré des longueurs impitoyables de noirceur et quelques frustrations, ce roman porte un regard acéré sur la place de la femme, mais aussi sur notre nature profonde et le rôle que l'on s'attribut.

Enfermées dans un endroit inconnu au milieu du bush et soumises à d'humiliantes formes de tortures psychologiques, dix femmes qui ne se connaissent pas vont devoir survivre à cet enfer. Surveillées par trois geôliers imprévisibles, notamment le vicieux Boncer, elles sont tour à tour rasées, habillées de guenilles et enchaînées pour le plus grand plaisir de ceux-ci. Embauchés par une mystérieuse agence, que leur réserve les trois individus ? Les jours passent et l'humanité déserte peu à peu ces jeunes-femmes dont la raison vacille. Parmi elles, nous suivons les pensées de Verla et Yolanda deux femmes au parcours différent, mais liées par la même volonté de résister. A mesure que les jours, les semaines et les mois s'égrènent, un constat s'impose, le mystérieux Hardings qu'attendent les geôliers ne viendra pas. A l'aube de la famine, le vent semble tourner dans le camp...

Étouffant et pesant, avec ce roman Charlotte Wood livre ici un plaidoyer féministe élaboré. Non seulement, elle met en lumière la misogynie ambiante, mais utilise l'escalade psychologique comme démonstration de la perfidie de l'homme. Étrange sous bien des aspects, en se concentrant sur Verla et Yolanda, l'intrigue prend une forme inattendue puisqu'elle renvoie ces femmes à leur identité de genre, mais leur permet également de se confronter à leur nature profonde et ainsi découvrir certains aspects de leur personnalité.

De ce retour à l'état sauvage décrit avec virulence et parfois poésie, la romancière met en opposition le désir que ces femmes inspirent en début de détention et la laideur physique acquise au bout de quelques semaines. J'ai pu sentir l'odeur pestilentielle dégagée par ces corps poisseux, les puces s'attaquer au cuir chevelu ou encore la faim tirailler les estomacs. C'est à travers cette écriture persuasive que les personnages troquent malgré eux le confort de la modernité contre une vie misérable sous le joug de la peur et la domination masculine.

Roman dense, j'ai toutefois été frustrée par des éléments passés sous silence ainsi que des passages assez redondants ce qui, selon moi, n'est que le reflet de l'attente des prisonnières. Toutefois, j'ai plutôt été séduite par une fin ouverte assez intéressante malgré un style littéraire parfois indigeste. Bref, voilà un roman important dans la lignée de la grande Margaret Atwood !
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
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Beurk !
C'est la première impression que ce livre m'a laissée, la dernière page tournée. Perplexe, je me suis interrogée sur le pourquoi d'un tel roman choc et donc, je suis allée sur le net pour connaître les motivations de son autrice.
Quoique publié en français par les éditions du Masque (que je remercie au passage, ainsi que Babelio, pour son envoi), ce n'est ni un thriller et encore moins un polar même si la tension est bien là et que je l'ai lu très vite, ne fût-ce que pour savoir comment tout cela se terminerait. J'ai rencontré le terme « fable dystopique » pour le qualifier et je trouve qu'il lui sied bien.

À l'origine de cette fable donc, la colère. C'est le visionnage de téléréalités du type Bachelor et surtout celui d'un documentaire consacré à la Hay Institution for Girls, centre de redressement pour jeunes filles tristement célèbre en Australie, dans les '60-'70, pour les traitements inhumains qui étaient infligés à ses « pensionnaires » dont le principal tort était d'avoir été victimes de viols et d'agressions sexuelles et de l'avoir dit autour d'elles et donc d'être… débauchées !!! Cela a conduit Charlotte Wood à s'interroger plus largement sur la négativité intrinsèque associée au genre féminin dans nos sociétés occidentales. Ce livre, cathartique, elle dit l'avoir écrit non pas avec l'esprit conscient mais avec son instinct, ses trippes. Et, de fait, il est question de viscères, de corps et d'animalité primitive dans La nature des choses, à en provoquer la nausée.
Il s'agit donc d'un roman féministe que j'ai trouvé à la fois manichéen et nuancé. Manichéen quant au sort réservé aux hommes, représentés par les deux geôliers de ces dix jeunes femmes (sans oublier l'énigmatique Hardings) : « leur force ne tient que dans le flingue ou dans la queue », pour résumer (et paraphraser Renaud). Face à eux, avons-nous pour autant des femmes fortes, courageuses et solidaires ? Je vous laisserai en juger par vous-même. Certaines paroles, certains actes, parfois anodins, m'ont interpellée. Par exemple, leur absence de révolte : alors qu'unies elles auraient pu assez facilement mettre Boncer et Teddy hors d'état de nuire. En matière de solidarité, c'est le minimum syndical requis pour survivre. Très vite, alors qu'elles sont toutes logées à la même enseigne, les individualités se font jour, des petits clans se forment tandis que mesquineries et jalousies apparaissent. Elles iront jusqu'à se jeter leur passé, du moins le peu qu'elles en savent, à la figure et n'hésiteront pas à sacrifier l'une d'entre-elles à la concupiscence sexuelle de l'un de leurs gardiens. Deux d'entre-elles (Hetty et Nancy, leur « infirmière »-geôlière) se disputeront la place de favorite de Boncer, avec les conséquences que vous connaissez ou connaîtrez… Je retiens aussi ce qui peut paraître un détail de prime abord mais qui est assez révélateur selon moi, l'anecdote des… poils : cette jeune fille qui ne supporte pas ses poils pubiens, habituée par sa mère, dès la puberté, à fréquenter les centres d'esthétique. Parmi ces jeunes femmes, Verla et Yolanda noueront un lien particulier et l'une d'elle trouvera son bonheur en renouant avec son animalité. Mais ça, c'est pour la fin que je me garderai de dévoiler et que chacun est libre d'interpréter.
Toute fable comportant une morale, voici ce que j'en retire (et je précise bien qu'il s'agit là de mon interprétation personnelle) : une société se compose d'hommes ET de femmes ; il est temps de cesser d'en imputer tous les maux à la seule gent masculine et de réfléchir, en tant que femmes, à notre part de responsabilités quant aux carcans sociétaux et aux diktats que nous nous infligeons à nous-mêmes.
Voilà, le débat est lancé et a déjà alimenté les discussions, souvent houleuses, dans le pays d'origine de Charlotte Wood (en Australie, il a en outre remporté le Stella Prize en 2016).

En conclusion
Ai-je aimé ce roman ? Oui, finalement.
Est-ce que je le conseillerais ? Non, si vous recherchez juste un bon thriller. Non plus, si tout ce qui touche au corps –féminin en particulier- dans ce qu'il a de plus trivial vous dégoûte. Oui, si les thèmes de liberté, de féminité et de civilisation (vs animalité) vous préoccupent. À noter que ce livre provocateur est aussi empreint de lyrisme, baigné par la poésie de Walt Whitman.
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