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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'enfance et l'adolescence - dans les années 1910-20 - d'un "moricaud", d'un gamin "nègre" dans le sud des États Unis, le Mississipi....Deux mots terribles qui traduisent tout le racisme, toute la violence de la population de cet État des États-Unis à l'égard des hommes de couleur, deux mots que lecteur retrouvera à chaque page, à tous les âges de ce gamin devenu auteur.
Un racisme faisant partie de la vie.
Un gamin élevé avec son frère par sa mère, le père avait déserté le foyer. Une mère qui les ballota, elle ne pouvait pas faire autrement, de logement sordide en logement sordide, qui les plaça chacun de leur coté chez des tantes, chez la grand-mère. Une mère malade paralysée que le gamin cherchera à soulager
Alors d'autres mots, d'autres violences aussi aussi terribles collent à l'enfance de ce gamin confronté à la faim qui l'obligea très tôt à exercer toutes sortes de petits boulots, à coté de l'école. A six ans il était alcoolique : en buvant dans les bars et en chantant, il faisait rire les consommateurs qui lui payaient à boire. Un gamin qui trouvait son plaisir à l'école, malgré sa violence, une école qu'il fréquenta très irrégulièrement, il ne fit pas pendant des années une année scolaire complète,. Malgré tout il appris à lire presque seul. Un gamin confronté à la religion, que ses oncles et tantes tentèrent de lui faire entrer de force dans le coeur, en le frappant, en le punissant, en le privant. Un nègre confronté comme tous les autres à la mort, la "mort blanche" qui pouvait surgir quand on regardait de travers un Blanc, aux coups si on oubliait de lui dire "Monsieur". Mais aussi un racisme des noirs à l'égard des Juifs.
Une violence "normale" au quotidien.
Des privations, des coups, des menaces, un danger qui construisirent la personnalité de l'auteur, un auteur qui chercha à comprendre cette ségrégation, qui cherche à nous la faire partager, à nous la faire vivre. Un déterminisme contre lequel il se battra, qu'il tentera de surmonter en quittant le Sud, accompagné de sa mère et de son frère pour chercher sa vie au Nord, là ou les nègres devenaient des Noirs.
L'amour sauva le gamin, et anima toute sa vie, l'amour pour son frère et pour sa mère, l'amour pour les livres, pour la liberté, pour les Droits de l'Homme, qu'il découvrit par hasard, dans les bibliothèques à la lecture du nom d'un auteur et de ses oeuvres, un auteur presque tombé dans l'oubli de nos jours, Henry-Louis Mencken.
Roman culte qui permet de mieux connaitre une époque, un pays, roman sombre, mais pas larmoyant, roman surtout sur la combativité, l'espoir, la construction d'une personnalité qui fit de Richard Wright un auteur américain. Une personnalité qui se forgea aussi grâce aux livres et à la littérature : "J'avais soif de livres, de nouvelles façons de voir et de concevoir. L'important n'était pas de croire ou de ne pas croire à mes lectures, mais de ressentir du neuf, d'être affecté par quelque chose qui transformât l'aspect du monde. [....] "Je savais maintenant ce que représentait le fait d'être nègre. J'étais capable de supporter la faim. J'avais appris à vivre dans la haine. Mais de sentir que certains sentiments m'étaient refusés, que l'essence même de la vie était inaccessible, cela me faisait mal, me blessant par dessus tout. Une faim nouvelle était née en moi."
Un classique indispensable

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Lu il y a quelques 25 ans auparavant, je me suis replongée dans l'enfance de Richard Wright suite à la demande de mon fils ado qui cherchait un roman traitant de la ségrégation aux Etats-Unis. J'avais déjà très apprécié cette autobiographie à l'époque, et l'intérêt et le plaisir de lecture étaient à nouveau au rendez-vous. On y rencontre un petit garçon, puis jeune garçon, jeune homme très attachant, avec une personnalité déjà très marquée, une capacité à percevoir les autres, un don de l'observation de la nature humaine, des groupes, hors du commun. L'écriture est vraiment intéressante, fluide et élégante, touchante, heurtante quand le sujet le nécessite. le fond est aussi passionnant, on y découvre, par les yeux de ce petit garçon très éveillé et curieux le vécu de la population afro-américaine dans le sud des Etats-Unis dans les années 20. Les humiliations constantes, la violence, l'absence de perspective d'avenir, la pauvreté,... Une excellente leçon de vie, toujours d'actualité, un hymne à la bienveillance humaine, aux respects des valeurs familiales, morales, malgré un environnement difficile et décourageant, et l'illumination de l'instruction, la culture, l'envie d'apprendre, force irréductible et salvatrice, qui entrouve la porte de la résilence.
A mettre entre toutes les mains dès 13 ans, prétexte d'une discussion sur le racisme et les discriminations raciales/culturelles/religieuses.
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La vie et l'expérience en tant que Noir aux Etats-Unis de Richard Wright, né en 1908, rencontre malheureusement de nombreux échos dans la société actuelle... Que de violence, autant physique que psychologique dans ce récit très dur!
Entre Arkansas et Mississippi, Richard, enfant, s'éveille peu à peu à la conscience d'être Noir dans un pays dominé par les Blancs et apprend, en voyant les lynchages qui se succèdent autour de lui que sa couleur de peau le renvoie à une sous-humanité: Richard est un sous-homme. Et un sous-homme doit baisser les yeux devant un Blanc, doit l'appeler Monsieur s'il ne veut pas risquer d'être battu à mort, et dépend entièrement du bon vouloir du Blanc pour lequel il travaille ou tout simplement qu'il rencontre dans la rue. On est au début du XXième siècle, l'esclavage a été aboli, et les Blancs ne s'en remettent pas. le Klu Klux Klan rôde.
A travers ce récit, Richard Wright s'interroge sur le profond impact psychologique qu'a eu sur son peuple ces siècles d'esclavage et d'oppression. Né dans une famille pauvre et très croyante, il est sans cesse brimé et battu par ses semblables, aveuglés par la terreur d'être rejetés par Dieu mais peut-être, aussi, incapables de compassion, d'amour filial: la plupart n'a pas de racines, séparés de leurs parents ou enfants au gré des ventes d'esclaves, les femmes violées et engrossées par leurs maîtres.
Par cette histoire personnelle, c'est un pan tragique de l'Histoire qui se dessine mais les violences subies, leur arbitraire, cette relation intriquée entre Blancs et Noirs dans ces états sudistes, tout cela nous ramène à aujourd'hui et montre quel énorme travail de réparation il reste à effectuer.

je ne m'attendais pas à un roman si dur, si violent et encore une fois je n'en reviens pas qu'il puisse exister de telles enfances vécues dans la terreur des coups et des insultes, malheureusement. Mais ne dit-on pas que ce sont ces enfants qui seront le plus aptes à affronter les coups durs plus tard? A voir...
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Je l'ai lu bien jeune et ne sais plus comment entamer cette critique. Pourquoi, alors, présenter une critique, me direz-vous? Parce que je me souviens que ce fut un grand moment de lecture, durant lequel ma conscience d'adolescente se mit en éveil, durant lequel je compris l'absurdité de l'ostracisme. Plus tard, bien plus tard, j'ai croisé des oeuvres littérairement parlant plus difficiles, comme "Homme Invisible, pour qui chantes-tu?" de Ralph Ellison. Et là ce fut le prolongement de l'indignation. Des livres qui font de nous des humains!
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Richard Wright retrace sa "jeunesse noire" dans cette auto-biographie sans concession. On se situe au début du XXeme dans le Sud de l'Amérique, donc ségrégationniste.
Richard Wright fut un des précurseurs dans la littérature "noire", et notamment parce qu'il met en exergue, en plus du raciste des blancs, la soumission extrême des noirs.

Je lis peu de livres traitant de l'esclavage, la ségrégation, les colonies parce que je suis envahie par un sentiment de mal aise, de dégoût. J'ai toujours du mal à me faire à l'idée que des hommes ont pu traiter d'autres hommes pire que des animaux. Donc, pour vous dire que cette lecture est bien sûr difficile.

On ressent la faim, les coups, les humiliations, les injustices, les incompréhensions. Quel est son tort à ce jeune garçon ? D'être né noir certes, mais pire que cela de vouloir comprendre alors il questionne : Pourquoi cette soumission des noirs ? Pourquoi ce racisme, cette haine des blancs ? Pourquoi cette injustice sociale, économique et culturelle ?
Alors il écrit ! Alors il raconte !
On crève de faim avec lui, on crève de peur avec lui, on crève d'espérance et d'incompréhension avec lui mais on se nourrit de cette soif de culture, de cet amour de la littérature , de cette logique d'esprit (qui est plutôt avant-gardiste).

Les dernières pages sont magnifiques ! Touchantes, percutantes !
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Richard Wright retrace son parcours de vie de Noir dans une Amérique, (particulièrement au Sud) encore sous le joug "légal" de la ségrégation raciale. On suit avec dépit son enfance dans une famille éclatée et un contexte extérieur oppressant. Ainsi, il prendra progressivement conscience des multiples formes de discrimination envers ses contemporains, tout en nourrissant son désir d'émancipation, en pensée et par action.
Au delà de la condition des Noirs, Black boy servi par une écriture généreuse et précise est un document poignant sur la nécessité de se maintenir, d'imaginer une autre vie que celle que la triste réalité nous impose.


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Le hasard fait parfois bien les choses puisque c'est en furetant dans la boîte à livres près de chez moi, dans laquelle habituellement il n'y a rien de particulier, que je suis tombée sur ce Black Boy.

Récit autobiographique de Richard Wright, nous traversons son enfance et adolescence dans le Sud des États Unis dans les années 20'. Contexte politique post sécessionniste dans les États du Sud où le racisme est quotidien et systémique, où les Blancs traitent les Noirs de façon ignoble.

L'auteur n'est pas un petit garçon comme les autres, il peine à se soumettre, à supporter l'injustice quotidienne, à rentrer dans le moule du gentil « negre » qui ne fait pas de vague. Dans son foyer, violence et pauvreté sont de mise.

J'ai été choquée par la violence raciale inouïe mais aussi par la cruauté au sein de sa propre famille. le fouet (ou les mains, ils n'étaient pas regardant sur l'outil !) était pratique courante, non seulement par ses propres parents mais par n'importe quel membre de la famille. La religion étant particulièrement présente, le manque de foi de Richard lui valait les pires remontrances et méchancetés verbales.

L'injustice, c'est le mot unique qui pourrait résumer toute l'histoire. J'ai eu envie de tout casser à la lecture de ces lignes, tellement les situations d'inégalité, de persécution et de partialité étaient monnaie courante.

Et malgré tout, ce petit garçon fait preuve dune résilience et d'une force de caractère impressionnante. Jamais il n'abandonne l'idée de rejoindre le Nord, plus clément à la condition Noire.

Un roman poignant, un personnage criant de vérité (et pour cause puisqu'il est autobiographique ;)), une histoire toujours aussi dure à lire et à supporter à l'heure où des personnes noires sont encore assassinées quasi impunément par la police. Une leçon de vie et de courage.
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Un récit autobiographique passionnant : Richard Wright né en 1908 au Mississippi nous raconte son enfance et le fait d'être noir à cette époque : la place de la religion, sa famille, ... En tant qu'enfant, il nous décrit sa découverte progressive des blancs : de l'absence de contact tout d'abord jusqu'à la haine et les attaques dont il fut victime en tant qu'adolescent.
Le mépris, la méfiance, les insultes ... c'est ainsi qu'il grandit et que sa personnalité se développe, forcé pour survivre de baisser la tête mais sans renoncer : la lecture et la découverte d'auteurs blancs critiquant eux-mêmes la société américaine l'a poussé à espérer.
On le quitte à la fin de cette première partie d'autobiographie, en route vers le nord, vers Chicago, avec l'espoir de comprendre le sud et son fonctionnement.
J'espère bien lire la suite rapidement!
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J'ai lu Black boy au collège. Je l'ai lu à un moment du collège où je n'étais pas en phase avec l'école et où j'avançais gentiment mais sûrement sur le chemin de l'échec scolaire. Sur pas mal de points, je me suis retrouvée dans le livre de Richard Wright. Et c'est ce roman qui m'a fait comprendre (en ce qui me concerne) l'importance des études dans la réussite sociale. Et quand un roman vous touche aussi réellement et au tréfonds de votre cerveau, c'est tout simplement un chef d'oeuvre. Thank you Mister Wright !
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Ce grand classique peut se lire à plusieurs niveaux.

D'abord comme un éclairage sur l'épouvantable vie menée par les Noirs américains dans le sud des USA pendant la première partie du XXème siècle (le livre a été publié en 1945). Humiliation, mépris, violence et lynchage sont le lot commun de cette population qui n'a aucun droit, sinon de jouer les bons « nègres » contents de leur sort. C'est d'ailleurs le meilleur parti à prendre pour échapper à l'assassinat. Bien sûr, nous ne sommes pas sans ignorer ce qu'il en était dans le sud des USA à cette époque (une mentalité qui n'a d'ailleurs guère changé chez certains Blancs de ces Etats du Sud), mais de nombreux exemples concrets sont rapportés qui frappent le lecteur. Cet aspect historique, vu par des exemples, est édifiant et nous rafraichit la mémoire sur ce racisme structurel aux Etats Unis.

Ce sont ces exemples eux-mêmes qui donnent un autre niveau de lecture puisque ce roman est essentiellement autobiographique. Richard Wright, qui est né dans une misérable communauté noire du sud, raconte son enfance. C'est son propre témoignage qu'il nous offre en tentant d'exprimer les sentiments ressentis dès son plus jeune âge au cours de la découverte progressive de sa différence (il est Noir…), différence qu'il a du mal à percevoir et qui va très tôt l'exposer à des ennuis.

En effet, on ne naît pas Noir ou Blanc, on le devient. Il s'agit bien d'une construction sociale que d'être placé dès la naissance dans une « race » inférieure dominée par une « race » supérieure qui a sur vous droit de vie et de mort. Pour l'enfant, c'est une découverte douloureuse qu'il faut intégrer au plus vite. La manière dont le petit Richard vit cette période est bien le noeud central du livre. Par une introspection minutieuse de ses sentiments, Wright reconstitue son évolution intérieure depuis « l'innocence » initiale (je suis un être humain comme un autre) jusqu'à la compréhension (je suis Noir dans le regard des blancs). Ce niveau de lecture est particulièrement original. Wright est le premier écrivain afro-américain à effectuer cette démarche, qui sera une découverte pour tant de Blancs et assura le succès du livre.

On pourra critiquer les dialogues quand Richard est si petit qu'il ne peut s'exprimer de la manière dont Wright s'autorise à le faire. C'est là que l'on sent la reconstruction et la reconstitution post-enfance, le travail intense de réflexion que Wright a dû mener pour analyser et décortiquer sa condition, dont le résultat ne peut être qu'un mélange intime et indémêlable entre les souvenirs de ses sentiments pendant les différents âges de l'enfance et l'élaboration de sa pensée intellectuelle adulte.

Enfin, et c'est du reste un point qui questionne Wright lui-même et dont il n'a pas la réponse, pourquoi a-t-il accédé à la voie qui fut la sienne ? Pourquoi, chez lui, ce refus constant, dès sa petite enfance, de la domination blanche, son refus d'abdiquer et de se soumettre face à la violence raciste, cette volonté d'égalité, sa manière de percer l'univers des Blancs par les lectures d'innombrables romans (lus très jeunes) qui lui ont permis de découvrir un autre monde interdit aux Noirs. Pourquoi s'est-il accroché à ce qui fut sa toute première et juste impression de l'enfance, à savoir que les Blancs n'étaient pas différents des Noirs ? Si Wright comprend le rôle primordial de ces romans (dévorés en cachette) dans la compréhension du monde, il ne sait pas pourquoi c'est lui, vu ses origines sociales et raciales, et pas un autre, qui a été capable de cet exploit : devenir un écrivain noir américain.
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