Les lecteurs enamourés de la prose du grand auteur chinois
Yu Hua (
Brothers,
Vivre !, etc) espèrent impatiemment un nouveau livre de lui mais, en attendant, ils peuvent toujours se plonger dans
Destin trafiqué de
Dong Xi, qui est loin d'être un palliatif, et dont le style et les thématiques rappellent ceux de son glorieux aîné (de 6 ans seulement). En particulier, la noirceur mélodramatique du roman, largement contrebalancée par une truculence et un humour très présents qui font mieux passer, si l'on ose dire, les mille et une tuiles et avanies qui s'abattent sur Changshi, le héros malheureux et malchanceux du livre. Il faut dire que ce dernier est mal parti dans la vie, avec des parents pauvres et vivant à la campagne, dont il est le fils unique, porteur d'immenses espoirs. Rien ne sera épargné à Changshi et à sa famille, dans leur utopique quête d'ascension sociale, et surtout pas des humiliations constantes de la part des plus riches qu'eux et d'une administration qui n'a que mépris pour leur condition misérable.
Dong Xi écrit un procès à charge contre un système pourri jusqu'à la moelle et une société où l'argent et donc le pouvoir sont rois, un comble pour un régime prétendument communiste. A vrai dire, un terme qui ne figure pas dans le livre résume à peu près tout : corruption. Elle est présente à tous les étages : éducation, police, justice, entreprise, etc. Par bonheur, répétons-le, la crudité et parfois gaillardise de l'écriture de
Dong Xi atténuent quelque peu le pessimisme pourtant prégnant de
Destin trafiqué, jusqu'à sa conclusion d'une ironie extrême.
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