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Critique de jmb33320


« Tout le monde se hâtait. On s'affairait dans l'urgence. On marmonnait sans cesse. On se croisait sans se reconnaître. Sans même tourner la tête. Comme si l'on était seul. Comme si le monde entier dormait et que l'on était seul éveillé, à s'affairer. Si l'on avait quelque chose en tête, on se mettait à la tâche en rêvant. Sans rien en tête, on se précipitait n'importe où, dans la nuit des somnambules. »

Li Niannian , le narrateur de ce roman cauchemardesque, est, s'il faut le croire, une sorte de jeune idiot du village dans ce bourg de Gaotian, perdu dans l'immense Chine centrale. Il s'adresse aux Dieux, à Bouddha, et autres Esprits supérieurs pour leur raconter les évènements effroyables qui se sont passés quelques semaines plus tôt, alors que les habitants de ce village ont sombré dans le somnambulisme et les violences, aggravés par une nuit d'une longueur exceptionnelle.

La fameuse citation extraite de « MacBeth » de Shakespeare, trouve dans ce roman une nouvelle illustration saisissante :
« La vie n'est qu'une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et s'agite une heure sur la scène
Et qu'ensuite on n'entend plus ; c'est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien. ».

De la fureur, il y en aura beaucoup dans ce texte, pourtant non dénué d'une pointe d'humour, le plus souvent noir. Et il y aura même du théâtre, il est vrai assez cruel.
Li Niannian est le plus proche voisin de Yan Lianke (oui, l'auteur s'est offert un personnage à son nom) et il sait lire : il a lu et relu ses romans, que l'auteur lui prête. Et il les cite volontiers !

Son père, Tianbao, a beaucoup de choses à se reprocher, en lien avec des dénonciations qu'il faisait à propos de voisins qui ne respectaient pas l'obligation de faire incinérer leurs morts. Il tient avec sa femme un petit commerce d'objets funéraires en papier découpé et de couronnes. Les haines, cuites et recuites, se libèreront pendant cette nuit interminable…

D'autres lecteurs verront sûrement dans cette intrigue un parallèle évident avec d'autres romans du genre horreur/morts vivants. Mais je manque de référence dans ce domaine pour pouvoir y apporter mon grain de sel.
Je remercie les éditions Picquier et Babelio pour m'avoir permis de découvrir, dans le cadre de Masse Critique, ce roman puissant et original.
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