AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le supplice du santal (10)

De tout temps, sous toutes les dynasties, il en avait été ainsi : les bourreaux dont le visage était oing de sang de coq n'appartenaient déjà plus à l'espèce humaine, ils étaient le symbole des lois sacrées et solennelles de l'Empire. Nous n'avions pas à nous agenouiller, même pas devant l'empereur.
Commenter  J’apprécie          20
Je saisis les cordes à deux mains, baisse les fesses vers le bas, ploie les jambes toujours vers le bas, prenant appui sur la point des pieds, je relève le postérieur en arrière, propulse mon corps en avant, bombe le torse, lève, gonfle le ventre, la balançoire se met à osciller. Je tire les cordes vers l'arrière, recommence la série de gestes. Les gros anneaux en fer sur le portant transversal se mettent à grincer. La balançoire s'envole. J'y mets toute ma force, mes mouvements sont de plus en plus amples, la balançoire va de plus en plus haut, de plus en plus vite, décrit une trajectoire de plus en plus escarpée, et hop, et hop, et hop... Les cordes tendues sifflent, produisent du vent, les anneaux en fer sur le portant transversal grincent avec un bruit effrayant. Je me sens des ailes, impression de légèreté, d'avoir des plumes qui me poussent par tout le corps. Je fais monter la balançoire jusqu'à une hauteur extrême, mon corps se balance avec elle, il y a comme une marée qui déferle en moi, qui enfle, puis retombe. Une vague chasse une autre vague, écume chassant l'écume. Un gros poisson chassant les petits, un petit poisson chassant les crevettes. Tchak, tchak, tchak... Plus haut, plus haut encore, toujours plus haut ! C'est vrai que c'est haut, encore plus haut, encore un peu plus... Mon corps part à la renverse, mon visage touche le ventre jaune clair des petites hirondelles qui tournoient pour voir le spectacle ; je suis allongée voluptueusement sur un coussin de vent et de pluie d'un moelleux incomparable. Arrivée au point culminant, je tends le cou pour saisir entre les dents une fleur au faîte du vieil abricotier, celui qui est plus gros que les autres, autour de moi ce ne sont qu'applaudissements... Comme c'est agréable, quelle satisfaction ! Je suis au paradis, me voilà une immortelle...
Commenter  J’apprécie          10
A l’automne de l’année 1996, je me mis à écrire Le supplice du santal. Autour des légendes liées au train et à la voie ferrée, j’arrivais à un texte de cinquante mille idéogrammes environ, que je laissais de coté un certain temps. Quand je le repris, force me fut de constater qu’il était empreint de réalisme magique, aussi décidai-je de le retravailler entièrement, de nombreux détails captivants, pour cette même raison, furent également rejetés. Finalement je choisis d’affaiblir la voix du train et du chemin de fer au profit de celle de l’opéra chat. Certes, en procédant ainsi je réduisais la richesse du texte, mais je fis le sacrifice sans hésiter, ce qui comptait était désormais de préserver le plus possible de saveur populaire, de rester dans le pur style chinois.
Commenter  J’apprécie          10
Sa seigneurie avait descendu de façon mesurée les marches devant la salle des Audiences, elle avait franchi la porte des Cérémonies, était entrée dans la cour annexe. Le soleil radieux éclairait son visage. Il avait agité la main à l'intention de la foule. Son sourire éblouissant avait laissé voir des dents très blanches. La foule en avait été émue, mais cette émotion toute intérieure ne s'exprimait pas par des sauts, des acclamations, des larmes. En fait, les gens avaient été saisis par l'allure de Sa Seigneurie. Même si tous avaient entendus parler de la belle prestance de cette dernière, peu avaient pu constater la chose réellement de leurs yeux. Ce jour-là, il ne portait pas les habits de mandarin, mais une tenue décontractée. Il n'arborait pas de couvre-chef, la moitié antérieure de son crâne fraîchement rasée avait la couleur bleue d'une carapace de crabe, tandis que la partie postérieure était si luisante qu'on aurait pu s'y mirer, une longue natte épaisse pendait jusqu'aux fesses. Au bout de la natte étaient attachés un beau jade vert et une petite clochette argentée, laquelle émettait un son cristallin à chaque mouvement. Il portait un ample vêtement de soie blanche et des chaussures en toile foncée à double arête et à semelles à multiples couches, à ses chevilles étaient attachés de petits rubans de soie. Son large pantalon faisait penser à une méduse flottant sur l'eau. Bien sûr, le plus beau était encore cette barbe sur sa poitrine. Plutôt qu'à une barbe, on pensait à une pièce de soierie noire, tant elle était luisante, brillante, huilée, lisse, et cette barbe luisante, brillante, huilée, lisse retombait sur sa poitrine blanche comme neige. A la voir, on ressentait du bonheur.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (161) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Mo Yan

    Mo Yan est , à ce jour, le seul prix Nobel de littérature chinois. Mais en quelle année a -t-il obtenu ce prix ?

    1955
    2010
    2019
    2012

    10 questions
    14 lecteurs ont répondu
    Thème : Mo YanCréer un quiz sur ce livre

    {* *}