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Critique de andman


Lorsque vous commencez un roman d'Akira Yoshimura, dites vous bien qu'au moins dix-sept de vos muscles observeront un repos complet de quelques heures : vos zygomatiques et leurs proches compagnons vont faire relâche…

« le convoi de l'eau » et « Liberté conditionnelle » m'avaient déjà permis de côtoyer l'univers très sombre de cet écrivain disparu en 2006. Ces deux livres ont en commun le meurtre d'une femme adultère : la première a le crâne fracassé à coups de bûche et la seconde est poignardée avec un grand couteau de cuisine.
C'est également par un fait sanglant à l'initiative du personnage principal que débute « La guerre des jours lointains ». La victime cette fois est un soldat américain, prisonnier de guerre de l'armée japonaise, décapité au sabre.

Officier responsable de la coordination des informations de la zone aérienne de défense, Takuya Kiyohara est basé dans un bunker de la banlieue de Fukuoka, ville située à la pointe nord de l'île de Kyūshū . Sur un écran il a une vue synthétique des centaines d'avions ennemis qui survolent quotidiennement le territoire national. Nous sommes en 1945 et les bombardiers américains pilonnent sans relâche les principales villes du pays.
Les 6 et 9 août, Il scrute impuissant les lampes rouges qui marquent la progression des B 29 jusqu'à Hiroshima et Nagasaki.
Traumatisé par la capitulation du Japon le 15 août et par les centaines de milliers de victimes civiles, Takuya se porte volontaire pour l'exécution d'un des aviateurs américains récemment capturés et dont le haut-commandement a ordonné la mise à mort.

Quelques semaines plus tard, ses supérieurs nient devant les services de renseignements américains avoir donné un tel ordre et Takuya devient, aux yeux des forces d'occupation, un criminel de guerre. Il est activement recherché et sait qu'en cas d'arrestation il n'échappera pas à la pendaison.
Commence alors la fuite désespérée de l'ancien officier à travers un pays détruit où une grande partie de la population souffre d'inanition et subit apeurée l'arrogance des vainqueurs.

Avec une fluidité d'écriture très agréable, Yoshimura relate le parcours tragique de ce jeune homme, victime collatérale d'une horreur qui le dépasse.
L'écrivain arrive par petites touches à rendre le fugitif attachant. le lecteur, captivé au fil des chapitres par un suspense allant crescendo, espère de plus en plus voir le pauvre Takuya sortir de cette impasse effrayante.

La dernière page de ce roman haletant permettra-t-elle au lecteur d'esquisser enfin un sourire ? Avec Akira Yoshimura, rien n'est moins sûr !
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