Critique juste avant le gong mais si le nombre de jours correspondait à nos étoiles pour « noter » un ouvrage, @Le fils de Taïwan de @
Yu Pei-Yun illustré par @
Zhou Jian Xin les aurait toutes !
Quel coup de coeur ! Cette biographie de Kunlin Stai, homme d'exception taïwanais, aujourd'hui octogénaire, est non seulement instructive mais aussi bouleversante. de ses quatre tomes, c'est le premier que j'ai eu la chance de recevoir.
@Le fils de Taïwan, c'est l'incroyable parcours de Kunlin Stai, de sa petite enfance jusqu'à la fin de son adolescence. Entouré d'une famille soudée et bienveillante, Kunlin Stai aime les livres et c'est peu de le dire. La lecture lui est aussi nécessaire que l'air qu'il respire. Et lorsqu'au fil des ans, les événements lui décillent ses grands yeux confiants, la littérature est certainement pour lui un soutien indispensable. Kunlin Stai traverse en effet une succession de périodes terribles et terrifiantes dont la bien nommée Terreur blanche. Rien n'est plus jamais stable. La vie de tous est en jeu, que ce soit par des soupçons d'intentions contre un régime politique en place ou tout simplement la faim lorsque l'île est ruinée économiquement, victime entre autres des prévarications des gens au pouvoir. Au fil de ces transformations lourdes de conséquences, même les prénoms des Taïwanais changeaient !
Nous vivons avec Kunlin tous ces bouleversements politiques. Taïwan ne cesse d'être sous occupation, les Japonais perdent l'île lorsque Kunlin, enfant, est encore seulement un petit garçon qui aime lire. Les guerres sont inhérentes aux volontés de domination. À la fin de la première guerre succède celle entre la République de Chine (Tchang-Kaï-Chek) et la République Populaire de Chine. Arraché à ses études, l'adolescent âgé de 14 ans va devoir se former comme soldat.
Et, en dépit de toutes ces difficultés, le jeune garçon puis le jeune homme ne cesse de rêver à un avenir meilleur. Ses rêveries et son imagination le soustraient pour un temps à l'horreur. L'aviation attaque mais Kunlin voit une libellule se superposer au fuselage et aux ailes de l'avion, celles-ci se confondant avec des ailes de libellule. La libellule est comme un personnage dans @Le fils de Taïwan. Vous la verrez tout le temps présente. Libellule espoir, libellule évasion, poésie et moments de joie, moments parfois volés mais bien présents. L'importance de la libellule est cruciale. Elle apparaît en 1ère page, puis dans une comptine et est dessinée tout au long du livre.
J'ai adoré @Le fils de Taïwan. Dès la jaquette j'ai été conquise. Avec ses couleurs saumon et vert d'eau, elle attire l'oeil. Chaque dessin est important. le résumé est succinct mais affûté. Et le livre est très bien fait, très bien conçu. Il y a une mise en contexte et des informations essentielles. J'aime de plus en plus (grâce à Babelio) m'ouvrir à divers pays et cultures asiatiques. L'histoire de Taïwan m'était inconnue. Les mots et les noms qui me disaient vaguement quelque chose ont pu enfin prendre sens. le travail de documentation en profondeur de @
Yu Pei-Yun est remarquable.
Et grâce aux illustrations de @
Zhou Jian-Xin, @Le fils de Taïwan est un petit bijou. J'ai trouvé excellente et efficace l'idée d'utiliser différentes typologies graphiques pour pouvoir distinguer les langues parlées : la langue maternelle qui est le minnan, puis aussi le japonais et le mandarin. Ce choix permet au lecteur d'intégrer très rapidement les langues parlées à l'un ou l'autre. J'ai beaucoup aimé aussi le dessin au crayon noir dans toutes ses nuances, les traits plus ou moins appuyés ; l'apparition du rose à divers moments, des choix faits toujours à bon escient.
Dans @Le fils de Taïwan, la nature et les animaux tiennent une place très importante. Cela m'a enthousiasmée. Quasiment tout le temps, on peut voir des arbres, des fleurs dont la délicatesse nous touche infiniment et des animaux domestiques que nous pouvons imaginer à nous. Cela rapproche et traduit également le caractère du jeune homme.
J'ai tout aimé dans ce manhua. La disposition des cases est originale Je suis devenue fan de la patte de @
Zhou Jian-Xin.. J'ai aimé les divers plans significatifs, par exemple la tête dans une case et le corps dans celle d'en dessous. Cases à hauteur d'enfants ou d'adultes… ou totalement autre chose. Je relirai @Le fils de Taïwan. Tout est signifiant. C'est un livre à lire et à relire.
J'ai pris un plaisir fou à regarder les dessins pleine page. Ceux-là, on peut s'y plonger à différents moments et c'est toujours nouveau. Un livre qui bougera de la bibliothèque. Se plonger dans ces planches toujours redécouvertes. Un délice rare. Quel talent !
Et quelle magnifique association pour faire du @Le fils de Taïwan une merveille ! Lorsque j'ai fermé la dernière page je me suis dit qu'il fallait absolument que je lise les trois autres tomes.
Aujourd'hui, je pense que la situation de Taïwan par rapport à la Chine et un peu semblable à celle de l'Ukraine par rapport à la Russie. Les Chinois veulent récupérer Taïwan dans leur giron. Taïwan n'est pas un état reconnu par la communauté internationale mais nonobstant, c'est un état où les gens vivent libre et sont bien décidés à ne pas se laisser faire. La stratégie d'encerclement par les bateaux a commencé mais je pense que comme les Ukrainiens les Taïwanais ne se laisseront pas faire. Je l'espère bien. Sinon, cela pourrait être catastrophique.
Géopolitique , littérature, art… je suis bien certaine que Kulin Tai aime @Le fils de Taïwan et sa suite. Et moi, lectrice, j'adore pour toutes les raisons déjà mentionnés. Et dernière confirmation : j'ai envie d'en parler autour de moi et de l'offrir !
@Le fils de Taïwan. À lire. Absolument.
Merci infiniment à @nicolasbabelio, à toute l'équipe BABELIO, aux éditions Kana, aux auteurs et à An Ning pour la traduction.