Les couvertures de ce roman graphique sont très belles. Lee Oksun âgée se regarde jeune sur la première de couverture si on ouvre le livre. Tout un symbole pour cette femme victime de guerre sous la domination Japonaise en Coréen qui confie : « Depuis ma naissance je n'ai jamais été heureuse. »
Abandonnée, vendue, trompée, prostituée, violentée, comme toutes les
« femmes de confort » exploitées sous la domination japonaise pendant 40 ans, Oksun a été brisée dès l'adolescence.
Le travail de Kim Keum Suk de recherches a été acharné pour rendre cet hommage. Ses dessins en noir et blanc sont d'une grande qualité de nuances. Les doubles pages sur la nature accompagnent très bien l'histoire.
Une histoire intime très forte qui touche à l' universel. Horreur et violence pour toutes ces femmes qui sont mortes le premier jour de leur rencontre avec les soldats japonais. Pour celles qui ont survécu à ces conditions de vie, il a été impossible de tourner la page et de se reconstruire. Elles témoignent de la souffrance qui les ronge.
Un témoignage nécessaire sur l'histoire.
Le format manhwa permet un accès à tous à cet hommage.
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Magnifique roman graphique mettant en lumière les femmes de réconfort.
L'auteure nous y narre ce qui est arrivé à Oksun, jeune fille comme tant d'autre dans les années 30 qui a été enlevée et envoyée en Chine en tant qu'esclave sexuelle.
Les moments narratifs alternent entre le passé et les passages présents où la jeune femme interviewe Oksun, ce qui permet de faire un peu descendre la tension.
Ce livre est bouleversant tout en restant très sobre, les choses étant plutôt sous-entendues que montrées noir sur blanc. Nous y découvrons une jeune fille rêvant d'allier à l'école, travailleuse mais née dans une famille extrêmement pauvre. le livre aborde de nombreux sujets : l'occupation japonaise, la pauvreté qui pousse les familles à se séparer de leurs enfants, l'enlèvement des jeunes filles en leur faisant miroiter un travail à l'étranger, l'aide apportée aux Japonais par des Coréens dans ce trafic, les mauvais traitements bien sûr, la prostitution forcée, mais aussi ensuite la honte et le difficile retour au pays (des décennies plus tard). L'accueil réservée à ces femmes par leur famille est terrible et choquant. Elles n'ont rien fait par choix, ont énormément souffert,et ne rêvaient que de rentrer chez elles. Et finalement quand elles peuvent enfin le faire, c'est la déconvenue totale.
La dessinatrice a utilisé de l'encre de Chine nous donnant un rendu extrêmement marquant, jouant sur une encre plus épaisse lors des moments difficiles, pour montrer la noirceur des hommes, et utilisant parfois de l'encre un peu plus diluée. Les blancs sont également très importants, presque tout autant d'ailleurs que le noir.
Lecture donc très poignante, nécessaire pour ne pas oublier.
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BD piochée un peu au hasard à la bibliothèque pour meubler ma pause, j'ai découvert un pan entier d'histoire du XXème siècle méconnu et glaçant. L'histoire vraie de cette "femme de réconfort" est un témoignage qui mérite à être connu dans le monde entier. de manière générale, je trouve que l'histoire de l'Asie, notament durant la seconde guerre mondiale, est extrêmement mal connu sous nos lattitudes et je trouve que c'est dommage. Car les horreurs de la guerre ne sont pas limitées à un seul pays mais bousculent les frontières pour des générations et des générations de personnes, laissant des cicatrices indélébiles chez les victimes.
D'un point de vue purement graphique, l'autrice à fait le choix de ne rien dessiner qui puisse choquer, simplement de l'évoquer au travers de planches en noir et blanc, se focalisant sur le décor plutôt que sur les évènements qui arrivent. Ce choix s'explique aussi par une volonté de respecter le vécu traumatique de Sun, qui a accepté de raconter son histoire après des années et des années de silence. Et je trouve cela très correct de sa part, de ne pas infliger plus de souffances que nécessaire aux survivantes de tels crimes.
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Il y a énormément à découvrir dans ces 488 pages où Histoire, peinture, superbe travail graphique témoigne d’une horreur ordinaire pour une victime qui le restera face au révisionnisme japonais qui ne demandera pas pardon à la Corée.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Entre Keum et Oksun, le passage de génération est aussi celui d’un témoin, ou plutôt d’une témoin. Le récit de l’une par l’autre permet de joindre à un corps meurtri une mémoire concrète. Pas de solennité, pas une vraie gravité, mais plutôt un mélange entre le portrait et la poésie.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Officiellement, ils cherchaient des filles pour travailler dans une usine alimentaire. Mija avait eu la chance car la limite d'âge était fixée à dix-neuf ans.
Mija ne savait rien des "détails". C'est comme ça que l'on s'est connues.
- On est où, là ?
- En enfer.
- Qu'est-ce qu'on fait ici ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
- On doit vendre notre corps.
[p286]
J'ai supplié et j'ai pleuré. J'ai tout fait pour que ma mère m'envoie à l'école. Rien n'y faisait.
Tu sais, quand on ment, les poils nous poussent sur les fesses.
Oksun était un otage et les soldats japonais aussi, en quelque sorte, étaient otages du gouvernement impérialiste. Comment des êtres humains pouvaient-ils survivre ? Il faut dans doute puiser quelque part cette force nécessaire.
Et c'est peut-être dans la rencontre avec une autre personne qu'on peut trouver une certaine consolation qui nous fait oublier quelque temps l'enfer tout autour ?
Dans le Tokyo Nichi Nichi Shimbun parut un article parlant d'un concours de décapitation mené par deux lieutenants japonais [à Nankin].
Le quotidien titrait fièrement "Incroyable record" : Mukai 106 - 105 Noda.
"Les deux lieutenants effectuent une manche supplémentaire". En effet, le score de 105 à 106 ne permettait pas de les départager.
Le concours a poussé jusqu'à 150 décapitations.
Dans le 170e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente le parcours de Missak Manouchian, récemment entré au Panthéon, à travers deux bandes dessinées sorties récemment chez Les Arènes BD et Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie de l’album Copenhague que l’on doit au duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsberg, publié aux éditions Dargaud
- La sortie de l’album Le champ des possibles que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin d’Anaïs Bernabé et c’est édité chez Dupuis
- La sortie de l’album L’homme miroir que l’on doit à Simon Lamouret et aux éditions Sarbacane
- La sortie de l’album The Velvet underground, dans l’effervescence de la Warhol factory que l’on doit à Koren Shadmi et aux éditions La boite à bulles
- La sortie de l’album Sept vies à vivre que l’on doit à Charles Masson et aux éditions Delcourt dans la collection Mirages
- La réédition de l’album Mauvaises herbes que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis
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