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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Feu pour feu", petit livre de quelques 72 pages, est un grand roman de Carole ZALBERG (Ed.: Actes Sud, 2014).
Dans cette quête d'un endroit où aller, un père raconte sa fuite des massacres rebelles. Pour lui, un seul objectif, donner à sa fille, un endroit où vivre un avenir, loin des rancoeurs et de la haine que le passé pourrait faire germer en elle. Il ne dira rien à sa fille de la mort de sa mère, des violences extrêmes générées par ses frères de sang, de sa longue errance et de sa route de fuyant cherchant refuge dans un pays qu'il voudrait d'accueil. Il ne lui dira rien de la nécessaire invisibilité à épouser pour se fondre, se diluer dans l'anonymat qui seul permet d'exister encore. Il ne lui dira rien du mépris, de la suffisance et de l'arrogance des passeurs, des négriers et des bureaucrates ou bénévoles se targuant d'être dispensateurs d'aides sociales...
Il ne dira rien à sa fille, pas plus qu'il ne comprendra la lente et sûre montée de la colère qui habite désormais le coeur de l'enfant devenue adolescente dans la cité.

Quand, à son tour, elle boutera le feu, "Feu pour feu! Feu pour feu?", il n'aura rien vu venir, ne comprenant pas. Et pourtant, il accordera toute sa confiance à cette fille qu'il a tant voulu sauver! .

Avec une écriture fluide, des changements de style maîtrisés, Carole ZALBERG nous introduit dans la complexité de la vie. Liant des massacres de rebelles aux périples des réfugiés et au mal-être des jeunes dans nos cités déshumanisées, elle nous invite à vouloir, si non comprendre, au moins envisager la trame qui lie des situations que, par facilité, nos médias traitent séparément. Une invitation à développer un esprit critique, une prudence avant tout jugement.

Pour moi, un livre coup de coeur, assurément!
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Deux voix se mêlent et s'entrechoquent, celle d'un père qui a fui un pays et un passé mortifères que le feu a détruits à tout jamais, celle d'une fille sauvée d'une mort certaine par ce dernier et qui a grandi en France. le père pensait avoir réussi à reconstruire une vie meilleure, à s'être intégré, comme fondu, dans le pays d'accueil. Et pourtant, sa fille, qu'il avait voulu protéger d'un passé trop douloureux en taisant l'insoutenable de ses racines, va venir raviver la blessure princeps.

« Feu pour feu » de Carole Zalberg raconte en moins de 100 pages le choc des cultures et des traumatismes, le déracinement, les non-dits qui exacerbent les béances là où l'on voudrait qu'ils protègent et apaisent, le hiatus des voix narratives : d'un côté, le père, sur le versant d'un passé tu qui vient le chanter en son for intérieur d'une manière où le poétique magnifie la souffrance, de l'autre, la fille, sur le versant d'un présent adolescent que des rivalités amoureuses viennent brouiller, et qui scande sa douleur de manière hachée, lapidaire, où le futile le dispute au tragique.
« Nous l'avions gagnée, m'imaginais-je, notre immunité. Ne nous battons-nous pas jour après jour, mois, année, dès notre arrivée, dans ce pays ? Ne sommes-nous pas des greffons exemplaires, absorbant ce qu'il y a à absorber de notre hôte, mots, institutions, usages, afin de ne pas être rejetés ? Je le fais pour nous deux, au commencement, avec conscience et acharnement. Je nous fonds. J'ai su passer pour mort au milieu des morts, je peux bien mimer tout ce qu'il y a à mimer pour avoir le droit de vivre ici. » (p. 70.)
Et quand les mots se heurtent, s'entrechoquent sans même se rejoindre, le passage à l'acte n'est pas loin, l'irrémédiable vient affleurer, le feu des origines peut de nouveau araser les coeurs…
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Feu pour feuCarole Zalberg

Court texte de 72 pages, mais très fort, très puissant rempli d'émotions, de force, de vie et de mort.

Deux voix entremêlées, celle du père douce et poétique pleine d'incompréhension face à ce qui lui arrive et celle de sa fille Adama, violente et adolescente et inconsciente.

Questionnement sur l'exil, le déracinement et sur l'intégration ou pas.

Texte sensible qui se lit d'une traite mais qui laisse des traces presque indélébiles

Challenge abc 2014/2015


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"Ce livre aux allures ancestrales, comme une voix venue de loin, des tréfonds d'un peuple oublié, se forme soudain, et, au détour de phrases limpides, s'attaque soudain à un engagement inattendu, à la volonté de dénoncer, mais bien plus de montrer, d'émouvoir, et enfin, de comprendre.

Ainsi, le ton est poignant dès les premières lignes. le texte, sous la forme d'un long monologue, se souffle d'une expiration déclarée d'un père à sa fille. C'est ce qui s'affiche en premier, s'étouffe de mots durs, comme une coque protectrice, pour se parer contre le monde, pour éviter de fracasser cet amour immense mais d'une fragilité sans nom. C'est dans ces deux aspects que résonne toute l'émotion du livre, toute la chaleur des mots, et leur pouvoir incontestable. Carole Zalberg, par son héros en cavale perpétuelle contre le monde, offre au lecteur un récit touchant et pigmenté d'émotions extrêmement fortes qui gonflent les mots d'existence. C'est la voix d'un père qui parle à sa fille, raconte, mais plus que cela veut la protéger de ce monde devenu brutal, horreurs, erreurs. "

Suite : http://lavoixdulivre.blogspot.fr/2014/09/tel-est-le-mystere-des-hommes-qui.html
Lien : http://lavoixdulivre.blogspo..
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Notre narrateur est un père meurtri. Il a, il y a bien longtemps, quitté son pays en guerre pour la France avec sa fille Adama. Il a connu le camp de réfugiés, d'où il a préféré partir dès que l'occasion (tragique) s'est présentée. Il a alors erré, cherché chaque matin un emploi illégal pour finir par offrir à sa fille un endroit où vivre. Mais on le sait dès le début de ce texte, sa fille n'a pas su profité de cette deuxième chance. Dans un moment de bêtise, elle a tué.

Il est un peu court pour moi ce texte mais comment nier sa beauté? Les pages sur l'immigration sont aussi belles que celles sur la paternité. Cet homme digne et fier qui ne baisse pas les bras est un superbe personnage. C'est très fort mais Carole Zalberg ne tombe jamais dans le pathos, ni dans le pamphlet politique et je lui tire mon chapeau. J'ai un peu moins aimé les paroles d'Adama, pourtant très réalistes.
Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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