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Critique de Butylphenyl


“La seule façon de passer de la nullité à la grandeur, c'est d'oublier que l'on est un gramme et de se sentir le millionième partie d'une tonne.”

Après l'extraordinaire Avant la nuit de Reinaldo Arenas, je poursuis mon petit tour d'horizon des dénonciations de systèmes totalitaires – et vous, votre dimanche, bien ou bien ?

Considéré comme le premier grand roman d'anticipation en la matière, Nous autres décrit le quotidien de D-503, un citoyen lambda qui oeuvre à la construction d'un vaisseau spatial supposé fédérer le reste de l'univers autour d'une société présentée comme idéale. Chaque journée est millimétrée par la table des heures qui garantit un emploi du temps identique pour tous. Les murs des bâtiments sont transparents car les habitants n'ont rien à cacher et cela allège le travail du Bienfaiteur, haute autorité chargée de maintenir le bonheur.

Si vous êtes un(e) adepte des romans d'anticipation, vous devez avoir votre alerte “1984” qui clignote à plein régime. Il est vrai que les parallèles entre les 2 oeuvres ne manquent pas : la société décrite, placée sous surveillance constante d'une instance qui rappelle en tous points Big Brother, le rôle déclencheur d'une femme dans le désir d'émancipation, la dénonciation d'une société totalitaire où l'Homme est privé de ses libertés...Il faut toutefois savoir que Nous autres a été publié 29 ans plus tôt – et naturellement censuré en URSS.

L'oeuvre de Zamiatine impressionne donc en ce qu'elle ne se contente pas de décrire un système pré-existant sur lequel l'auteur aurait quelques années de recul comme ce fut le cas pour Orwell ou Huxley mais ce qui est en train de se construire voire est à venir – de fait le système y est donc moins bien décortiqué que dans 1984. le style est quant à lui d'une grande ingéniosité et se libère de sa rectitude à mesure que le héros s'émancipe du système. le dernier chapitre illustre quant à lui habilement la désintégration du “je” au profit du “nous” et à travers eux, la perte d'individualité et la déshumanisation.

Il y a d'ailleurs dans ce roman une exactitude des mots, de leur sens qui est assez remarquable : "Pourquoi est-ce beau ? me demandai-je. Pourquoi la danse est-elle belle ?" Parce que c'est un mouvement contraint, parce que le sens profond de la danse réside justement dans l'obéissance absolue et extatique, dans le manque idéal de liberté."

Pourquoi cette note en demi-teinte alors ? Tout simplement à cause du manque de fluidité de l'ensemble qui, à quelques fulgurances près (dont celle ci-dessus), m'a ôté absolument tout plaisir de lecture. J'ai été extrêmement gênée par l'écriture et la pensée mathématiques du protagoniste (même si bien sûr j'en comprends le but). le choix du journal à la 1ère personne a qui plus est exacerbé ce défaut – passer un peu plus de 200 pages dans la tête d'un ingénieur quand tu n'as jamais eu de relation pacifique avec les sciences, c'est compliqué.


•°•°•°• A lire tout particulièrement si :
- vous aimez les romans d'anticipation ;
- vous n'avez pas encore lu le meilleur des mondes et/ou 1984 (autrement, je trouve qu'on risque plus la déception) ;
- vous avez pris mathématiques en LV2 ;

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