Owen, tu devrais vraiment apprendre à parler canin, parce qu’il y a une ou deux choses que je pourrais te dire, aboie Jen, exaspérée. Tu es amoureux de Liz, tu sais ! c’est une évidence pour tout le monde ! (Jen gratte à la porte d’entrée en hurlant.). regarde à quoi tu me réduis !
- Tu veux sortir ? lui demande Owen.
- Ah, tu crois ? persifle Jen. Allez, on y va ! je t’emmène promener.
(Petite précision: Jen est un chien et sur Ailleurs, la plus part des gens comprennent le canin, c.-à-d. la langue parler par les chiens pour certain c'est inné, d'autre l'apprennent)
Liz avait été heureuse. C'était extraordinaire ... Pendant tout son séjour sur Terre, elle ne s'était pas considérée comme quelqu'un de particulièrement heureux. [...]
Aujourd'hui, Liz voit enfin la réalité en face. Elle avait été heureuse. Heureuse, heureuse , heureuse.
Oh, et puis sois heureuse ! Il est plus facile d'être heureux que d'être triste. Être triste exige beaucoup d'efforts. C'est épuisant.
Je suis morte, se dit Liz dans sa tête. Puis elle répète cette phrases à haute voix pour entendre quelle sonorité elle a :
-Je suis morte. Morte.
C'est une chose étrange d'être morte, car son corps ne lui semble pas mort du tout. Son corps lui semble être comme d'habitude.
À mon humble avis, l'amour, c'est quand quelqu'un de bien particulier croit qu'il ne peut pas vivre sans quelqu'un de bien particulier. [...] Personne n'a réellement besoin de quelqu'un d'autre ni de l'amour de quelqu'un d'autre pour survivre. L'amour, [...] c'est quand de manière irrationnelle, on est arrivé à se persuader que c'était le cas.
-Ma chérie, j'en ai fini avec l'amour, et ça fait déjà un moment.
-Dire que tu en as fini avec l'amour revient à dire que tu en as fini avec la vie. La est plus belle avec un peu d'amour, tu sais.
C'est étrange comme le ciel peut ressembler à la mer, se dit-elle. La mer a l'apparence d'un ciel détrempé, et le ciel d'une mer essorée. Liz se demande vers où se dirige le navire, si elle va se réveiller avant qu'il n'arrive, et qu'elle interprétation sa mère donnera à ce rêve.
- Le grand Jimi Hendrix disait : "Tout le monde vous aime quand vous êtes mort : une fois que vous êtes mort, vous êtes fait pour la vie." Ou quelque chose comme ça. Mais tu n'étais sans doute pas née.
Liz regarde par la vitre. C'est donc ça. Ailleurs... Elle contemple un endroit qui ressemble à n'importe quel endroit sur Terre. Elle trouve ce pays affligeant de banalité, désespérant de similarité avec la vraie vie. Il y a des magasins, des routes, des autos, des ponts, des gens, des arbres, des fleurs, de l'herbe, des lacs, des rivières, des plages, de l'air, des étoiles et des cieux. Une absence totale d'originalité. Ailleurs aurait pu être la ville juste à côté, se trouver à une heure de trajet en voiture, ou à une nuit d'avion.
Liz s'esclaffe. Toutes ces larmes pour un petit bout de fil, et tout ce cinéma pour un pull-over. Sa vie se réduisait à une bobine de fil.