AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de michfred


Thérèse Raquin n'appartient pas aux Rougon-Macquart: c'est le quatrième roman publié par Zola, en 1867, et il l'adaptera pour le théâtre quelques années plus tard.

Je n'ai pas lu la pièce de théâtre et n'ai guère envie de la voir: le roman est tellement plein d'images macabres, violentes, glauques, que notre imagination suffit amplement à scénographier le livre!!

Le décor d'abord: un étroit passage comme il en reste quelques-uns à Paris. Celui du Pont-Neuf a aujourd'hui disparu, mais si vous allez traîner dans le passage de Bourg -L'Abbé- vétuste, sombre et abandonné- vous aurez une petite idée de la triste existence des boutiquiers dans ce boyau sans joie...(Je précise que je suis une fanatique des passages parisiens, et qu'il en existe de miraculeux, de vrais joyaux, on y resterait des heures, au contraire...)

Donc une boutique de mercerie dans le passage du Pont-Neuf, avec une vieille dame, Mme Raquin, mercière, en adoration devant son fils, Camille, ledit fils, tout mou, tout pâlichon, tout invertébré -le futur noyé, il a déjà le physique de l'emploi!- un chat aux yeux intelligents, Thérèse, effacée, douce, pauvre, qui épouse Camille faute de mieux et le travail dans la boutique faute d'autre chose.

Un triste ronron d'ennui et de médiocrité semble se programmer...

Et puis tout à coup,voilà qu'arrive Laurent, le rapin, le peintre, l'aaaartiste!! Il fait des croûtes mais pour Thérèse, jamais sortie de son bocal, c'est Delacroix! Il fait un portrait infect de Camille, on l'accroche dans la boutique comme celui d'Adonis...patience, ce sera bientôt le Radeau de la Méduse...

Thérèse et Laurent se plaisent. Adultère. Ils se plaisent de plus en plus, Camille, même ectoplasmique, devient gênant: qu'à cela ne tienne... meurtre sur les bords de Seine. Atroce: Camille ne sait pas nager, se cramponne, et mord Laurent.

La blessure ne disparaît pas, le chat a l'air de tout savoir, le tableau fait des siennes: les remords s'incarnent où bon leur semble, fantômatiques ...

Les amants , bientôt mariés , ne sont plus jamais en repos, espionnés par le chat, par le tableau, et par la vieille, devenue grabataire mais toujours vigilante, et qui a compris le pot-aux-roses...

Ambiance ..empoisonnée, tension à ...couper au couteau..

Du lourd!

Mais c'est une réussite étonnante: pas encore embrigadé dans le naturalisme et ses démonstrations un peu pesantes de génétique appliquée, Zola flirte très sérieusement avec le fantastique, et cela lui réussit: le tableau du mort- vivant (ou du mort, vivant?) , le chat noir comme le remords, la morsure satanique, la vieille aux yeux fous murée dans sa colère et son silence: on dirait de l'excellent Edgar Poe!!

Thérèse Raquin est un roman terrifiant et formidable!
Du grand Zola. Déjà!
Commenter  J’apprécie          523



Ont apprécié cette critique (48)voir plus




{* *}