Sans doute celui qui fait quelque chose se rend-il toujours ridicule aux yeux de celui qui ne fait rien.
La plupart des faits sont simples et connus de tous; ils ne deviennent significatifs que lorsqu'on en découvre la portée.
J'ai constaté que la plupart du temps, les gens sont beaucoup plus fiers de ce qu'ils ne savent pas et qu'ils ne veulent absolument pas savoir que de ce qu'ils savent.
Je définirais le ridicule comme la distance enter le parfait et l'imparfait ou, formulé cyniquement, entre le négatif et le positif: le rien est toujours parfait, le quelque chose a toujours des défauts. A la sérénité du Bouddha, l'agitation du monde paraît ridicule car lui-même n'a plus rien à voir avec cela. A cynique les sentiments du prochain paraissent ridicules parce que lui-même n'a plus de sentiments. A celui qui ne joue pas au football il parait ridicule de courir pendant des heures derrière un petit ballon de cuir ; il ne se demande pas si ce jeu serait follement amusant, il ne voit que le côté ridicule de ces hommes adultes jouant comme des petits garçons. Sans doute celui qui fait quelque chose se rend-il toujours ridicule aux yeux de celui qui ne fait rien. Celui qui agit peut toujours prêter le flanc ; celui qui n'agit pas ne prend même pas ce risque. On pourrait dire que ce qui est vivant est toujours ridicule car seul ce qui est mort ne l'est pas du tout.
"Je suis jeune et riche et cultivé; et je suis malheureux, névrosé et seul.
Je suis le carcinome de Dieu. Rien qu’un petit carcinome, naturellement, à l’intérieur de ce vaste cadre, mais c’en est un tout de même. La taille n’a d’ailleurs aucune importance car déjà le plus petit nerf, s’il fait vraiment bien mal, peut produire un tel effet que le corps entier est envahi par la sensation douloureuse. C’est ainsi que je me vois touchant le nerf dans le corps de Dieu de manière telle que, tout comme moi, lui aussi ne peut pas dormir la nuit et se retrouve dans son lit en criant et en hurlant.
Ce n'est pas le mal aux dents que guérit le dentiste mais la dent malade, ce qui fait automatiquement cesser la douleur ; et de même le psychiatre n'a pas à guérir le complexe d'infériorité mais l'infériorité elle-même, de telle sorte que les complexes deviennent superflus. Ma dépression, c'était comme le mal aux dents, tous deux ont pour fonction, par l'entremise de la douleur, de signaler la maladie.
L’angoisse et le désespoir, en moi, n’ont plus de cesse. On dirait un volcan qui explose en moi et ne pourra s’éteindre tant que je vivrai. La nuit, quand je ne peux dormir et que, baigné de sueur, gémissant et hurlant je me débats dans mon lit, quand je cours en rond dans mon appartement en criant comme un fou et que j’insulte les murs de ma chambre, alors ce volcan est en éruption.
J’ai constaté que, la plupart du temps, les gens sont beaucoup plus fiers de ce qu’ils ne savent pas et qu’ils ne veulent absolument pas savoir, que de ce qu’ils savent : je ne veux absolument pas en entendre parler ; je ne veux rien avoir à faire avec cela ; il n’y a pas de cela chez nous –telle est la formule typique de l’homme de bien. Pour la plupart des gens il est plus important de ne as avoir de vices que d’avoir certaines vertus positives.
Je crois que le cancer est une maladie de l'âme dont la nature consiste en ceci: tout être qui ravale sa souffrance au tréfond de lui-même sera avalé tôt ou tard à son tour par cette souffrance au fond de lui. (184)