Il est extrêmement rare que ce phénomène m'arrive: être captivée par un roman dès le début au point de ne plus le lâcher jusqu'à la centième page, puis m'en lasser au point de ne lire qu'une vingtaine de pages par jour, pour finalement, en être agacée au point de ne pas le finir…
C'est pourtant ce qu'il m'est arrivé avec "
Les heures rouges". Intriguée, j'en ai cherché les raisons:
- Mon engouement du départ a été indéniablement lié à la découverte des protagonistes de l'histoire. Tous m'ont plu. Ro, la prof quarantenaire qui se désespère de ne pas réussir à procréer; Susan, la femme de son collègue, qui, elle, en a plus qu'assez de sa condition de mère au foyer; Mattie, l'élève de Ro, vive et intelligente, mais finalement pas assez pour éviter de compromettre son avenir sur la banquette arrière de la voiture de son petit-ami; et Gin, la guérisseuse qui fait peur aux hommes à trop aider les femmes.
Des portraits extrêmement précis qui permettent de bien cerner les personnages et leurs rôles dans l'intrigue.
Sauf que, à mon goût, ces personnages n'évoluent pas, ou pas assez, au fur et à mesure que se tournent les pages. Premier désagrément.
- Les différentes perspectives narratives: autant j'ai adhéré aux récits de Ro et de Mattie; autant les sous-entendus trop flous concernant Gin et Susan m'ont agacée. Pourquoi avoir changé la manière de raconter? Question de style probablement.
- Une platitude des répliques dans les dialogues. Il y a trop peu de verbes de parole permettant de nuancer l'intensité du propos et on ne "sent" pas l'intention du locuteur lorsqu'il s'adresse à autrui. Dans la vie réelle, les mimiques du visage permettent de cerner la pensée de celui avec qui on parle. Sans indications dans un texte, la discussion tombe à plat et le lecteur n'en comprend pas toujours le but.
- Enfin, l'impression que l'intrigue n'avance pas, ou alors vraiment trop lentement. Je suis sure qu'avec cent pages de moins, le roman aurait été plus efficace et moins languissant.
Bref, je deviens peut-être exigeante avec mes lectures car celle-ci avait tout pour me plaire: un sujet d'actualité qui me préoccupe (le droit des femmes à disposer de leur corps), des personnages féminins aux profils différents… et une quatrième de couverture alléchante!
Merci à Babelio de m'avoir permis de découvrir ce premier roman de
Leni Zumas.