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Critique de Zazette97


"Un soupçon légitime" est une nouvelle inédite signée Stefan Zweig - probablement rédigée par l'auteur en 1939 et traduite en français en 2009.

Betsy et son mari, un couple de retraités fraîchement installés dans une petite maison près de Bath, voient débarquer de nouveaux arrivants avec lesquels ils nouent rapidement des liens.
Attristés par la solitude de leur voisine Ellen dont le mari John passe la journée au travail, le couple les persuade d'adopter un chien pour tenir compagnie à la jeune femme.
Mais, dès l'arrivée du jeune Ponto, les choses prennent un tournant inattendu. John, d'un tempérament déjà propice à l'excès, s'accapare l'animal pour l'entourer d'une affection démesurée. le chiot grandit et se montre de plus en plus tyrannique...

Bon sang de bonsoir ! J'ai eu du mal à rédiger ce billet et ce pour au moins deux raisons...
Tout d'abord parce qu'il m'a fallu trouver un moyen de ne pas spoiler l'histoire comme l'a fait le quatrième de couverture mais aussi parce que me voilà bien forcée de reconnaître que pour une fois - et je n'aurais pas cru la chose possible - Stefan Zweig m'a déçue :/
Je suis tentée de croire que si l'auteur s'est abstenu de faire publier cette nouvelle de son vivant, ce n'était sans doute pas sans raison.
Malheureusement, il y a toujours des éditeurs prêts à écumer les fonds de tiroir pour publier des textes inédits qui se vendront sur la seule base de la réputation de l'auteur.
Et ça marche ! Je dois avouer que Stefan Zweig est pour ainsi dire le seul auteur dont j'achète les écrits presque à l'aveuglette, avec cette certitude de ne jamais être déçue, quelque puisse être le sujet de l'oeuvre en question.
J'étais tombée sur cette nouvelle il y a quelques semaines et je n'avais pas pu résister, certaine qu'elle ne ferait pas long feu dans ma PAL.
Et voilà que hier justement, alors que je tentais d'analyser le comportement exclusif et jaloux de mon chat ("Cette fille débloque complètement ma parole!"), cette nouvelle s'est rappelée à mon souvenir !

Il est ici question d'un homme excessif par nature qui va jeter son dévolu sur un chien - Ponto - au point de l'idolâtrer et de laisser l'animal régner en maître dans sa maison.
Le chien sent l'emprise qu'il exerce sur son maître et s'habitue tellement à être l'objet de toutes les attentions qu'il joue de son pouvoir en vrai despote.
Malheureusement, dès lors que son maître reporte son affection ailleurs du jour au lendemain, le chien ne comprend pas ce qui se passe, ruse pour attirer l'attention jusqu'à commettre l'irréparable.

Dans cette nouvelle, le chien apparaît bel et bien comme un personnage à part entière que l'auteur, connu pour la finesse psychologique de ses portraits, caractérise si précisément que cet animal nous apparaît sous un jour étonnamment humain.
Bien sûr une bête reste une bête et la fin de cette nouvelle - malheureusement on ne peut plus prévisible - se charge bien de nous le rappeler en faisant de ce chien un véritable psychopathe !

Et c'est là que le bât blesse ! Si je reconnais que les animaux peuvent ressentir de la jalousie et se laisser volontiers guider par leur instinct pour défendre leur territoire, je déplore que l'auteur ait choisi de forcer le trait en prêtant à ce chien de mauvaises pensées tellement humaines que j'en suis presque arrivée à oublier le caractère tragique de cette histoire.
Bien sûr on retrouve avec plaisir l'élégance du phrasé et le vocabulaire étoffé de l'auteur. le personnage de John, le maître, rappelle le goût de Zweig pour ces personnages de monomaniaques qui aiment toujours plus que de raison et ne peuvent exprimer leur passion que dans la démesure, s'abandonnant entièrement à une obsession qui les consume au point de les asservir.
Mais franchement, si vous voulez découvrir Zweig ou continuer à l'apprécier, prenez n'importe quelle nouvelle mais pas celle-ci...
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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