Citations sur Un soupçon légitime (26)
Parce que son coeur chaleureux, qui débordait, et donnait l'impression d'exploser sans cesse de sentiment, le rendait altruiste, il s'imaginait que pour tout le monde l'altruisme allait de soi, et il fallait déployer des trésors de ruse pour se soustraire à son oppressante bonhomie. Il ne respectait ni le repos ni le sommeil de qui que ce soit, parce que, dans son trop-plein d'énergie, il était incapable d'imaginer qu'un autre pût être fatigué ou de mauvaise humeur, et on aurait secrètement souhaité assoupir, au moyen d'une injection quotidienne de bromure, cette vitalité magnifique, mais guère supportable, afin de la faire revenir à un niveau normal.
Le regard d'un animal, en cas de détresse extrême, peut devenir beaucoup plus émouvant, j'aimerais presque dire beaucoup plus éloquent, que celui d'un être humain, car nous confions aux mots, ces intercesseurs, l'essentiel de nos sentiments, de nos pensées, tandis que l'animal, qui ne maîtrise pas la parole, est obligé de concentrer toute son expression dans sa pupille. (p.54).
"Qu'ils aillent au diable, lui et son bonheur!" sis-je, aigrie. "C'est un scandale d'être heureux d'une façon si ostentatoire et d'exhiber ses sentiments avec autant de sans-gêne. Ça me rendrait folle, moi, un tel excès, un tel abcès de bienséance. Ne vois-tu donc pas qu'en faisant étalage de son bonheur il rend cette femme très malheureuse, avec sa vitalité meurtrière."
L'animal, qui ne maîtrise pas la parole, est obligé de concentrer toute son expression dans sa pupille.
Ce qui distingue l'entendement animal de l'entendement humain c'est qu'il se limite exclusivement au passé et au présent et n'est pas capable d'imaginer ou d'évaluer l'avenir.
Ce Limpley était une masse imposante, d'au moins six pieds de haut, avec de larges épaules carrées qui eussent fait honneur à un haltérophile, mais, comme beaucoup de géants il arborait une bonhommie infantile.
Ses larges mains couvertes de taches de rousseur étaient, comme son grand cœur, toujours intrusives. Il ne se contentait pas de flatter le flanc de chaque cheval et de caresser chaque chien, même mon mari, qui avait pourtant un bon quart de siècle de plus que lui, devait consentir, lorsqu'ils étaient assis confortablement l'un à côté de l'autre, à ce que, dans sa candeur canadienne de bon camarade, il lui tapât sur les genoux. parce que son cœur chaleureux, qui débordait, et donnait l'impression d'exploser sans cesse de sentiment, le rendait altruiste, il s'imaginait que pour tout le monde l'altruisme allait de soi, et il fallait déployer des trésors de ruse pour se soustraire à don oppressante bonhomie.
Le regard d'un animal, en cas de détresse extrême, peut devenir beaucoup plus émouvant, j'aimerais presque dire beaucoup plus éloquent, que celui d'un être humain, car nous confions aux mots, ces intercesseurs, l'essentiel de nos sentiments, de nos pensées, tandis que l'animal, qui ne maîtrise pas la parole, est obligé de concentrer toute son expression dans sa pupille.
Pour ma part, j'en suis tout à fait certaine, le meurtrier c'est lui - mais il me manque la preuve ultime, irréfutable. " Betsy ", me dit toujours mon mari, " tu es une femme intelligente, qui observe vite et bien, mais tu te laisses mener par ton tempérament et tu portes souvent des jugements hâtifs. " En fin de compte, mon mari me connaît depuis trente-deux ans et ses mises en garde sont peut-être, et même probablement, justifiées. Je dois donc, puisqu'il me manque cette preuve ultime, me faire violence pour réprimer mes soupçons devant les autres. Mais chaque fois que je le croise et qu'il s'approche de moi, brave et amical, mon cœur s'arrête de battre. Et une voix intérieure me dit : c'est lui et lui seul, le meurtrier.
Un ennemi qui était plus puissant que lui, et cet ennemi était invisible, insaisissable. On ne pouvait l'agripper, le déchiqueter, lui briser les os avec ses dents, à cet adversaire fourbe, lâche et vicieux, qui lui avait pris tout son pouvoir dans la maison. P.51