AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 452 notes
Qu'il est bon de lire du Zweig de temps en temps, pour retrouver des mots qui s'ébattent avec maestria, qui se nouent et se dénouent pour nous laisser une fois de plus étonnés, surpris, amusés, émerveillés, angoissés… jamais indifférents.

Les sinuosités de l'âme humaine y sont toujours décrites avec subtilité, sans jamais être totalement percées. Les obsessions et les névroses sont déposées sur les pages comme autant de petits cailloux que nous suivons, tel le Petit Poucet, pour retrouver notre propre chemin.

Les sentiments sont exacerbés, la passion comme la jalousie. Même la psychologie canine est décrite avec fougue, et un brin d'anthropomorphisme, certes, mais je pardonne à cet auteur qui me ravit chaque fois que je l'invite à venir passer du temps avec moi...

Commenter  J’apprécie          12116
Dans la campagne anglaise Besty raconte comment ses nouveaux voisins, des citadins, adoptent un chien pour combler leur désir d'enfant non satisfait, et les prémisses d'un drame, quand le jeune homme se passionne pour l'animal alors que sa femme tombe enceinte. Une narration psychologique prenante et adroite où en quelques pages Stefan Zweig, créant une ambiance oppressante, démontre avec virtuosité les dangers d'un caractère excessif et obsessionnel. du grand art.

« Pour ma part, j'en suis tout à fait certaine, le meurtrier c'est lui - mais il me manque la preuve ultime, irréfutable. " Betsy ", me dit toujours mon mari, " tu es une femme intelligente, qui observe vite et bien, mais tu te laisses mener par ton tempérament et tu portes souvent des jugements hâtifs. " En fin de compte, mon mari me connaît depuis trente-deux ans et ses mises en garde sont peut-être, et même probablement, justifiées. Je dois donc, puisqu'il me manque cette preuve ultime, me faire violence pour réprimer mes soupçons devant les autres. Mais chaque fois que je le croise et qu'il s'approche de moi, brave et amical, mon coeur s'arrête de battre. Et une voix intérieure me dit : c'est lui et lui seul, le meurtrier. »

Challenge MULTI-DÉFIS 2018

Commenter  J’apprécie          754
Aussi bref qu'une plongée dans les eaux troubles des sentiments exacerbés, Stefan Zweig écrit ici une toute petite nouvelle, haletante où l'oxygène manque indéniablement.

Un couple emménage à la campagne faisant très vite connaissance avec leurs voisins dont le très exubérant John Limpley. C'est un homme joyeux, optimiste, bon vivant. Un caractère bonifié qui tend à oppresser sa jeune épouse par tous les élans grandiloquents de son époux. L'épouse ne trouve de répit que loin de son mari, vouant un plaisir certain au silence et à l'oisiveté. Les voisins s'entendent à la perfection, que de bons sentiments entre eux. L'oisiveté dans laquelle se complaît la jeune épouse interloque la voisine qui voit de bon augure de lui offrir un chien. A défaut d'un enfant que le couple ne parvient pas à avoir. John va de suite accaparé le chien Ponto de toutes sortes de louanges et d'attentions.
Outrageuse éducation où le chien deviendra maître chez lui et John son esclave.
Jusqu'au jour où la jeune épouse attendra un enfant, Ponto se verra délaissé, abandonné. S'en suit une lente métamorphose teintée de rage, de vengeance pour Ponto.

Stefan Zweig signe un roman magistral où l'ennemi n'est autre que les sentiments nocifs et aveugles que l'être humain porte en lui. Cette toxicité se matérialise brillamment à travers un pauvre animal qui aura manqué d'éducation et une place qui lui revient en tant qu'animal domestique et non en tant qu'enfant ou être humain.

Un voyage méditatif et interpelant ! Magistral.
Commenter  J’apprécie          7118
Avec ses 70 pages toutes mouillées (tombées dans le canal ?), Un soupçon légitime relève plus de l'exercice de style que du roman ou de la nouvelle. Mais un exercice de style magistral, charmant... et encore bien plus cruel qu'il n'est charmant !

C'est Betsy, une vieille Anglaise avenante et observatrice qui est la narratrice. Dés la première phrase, elle nous fait part de sa conviction qu' "il" est un meurtrier. De qui parle-t-elle et de quel meurtre s'agit-il ? C'est ce que nous allons découvrir progressivement en l'accompagnant dans sa vie campagnarde tranquille et en rencontrant avec elle ses jeunes voisins si attachants, les Limpley.

L'histoire est rondement menée, la dernière phrase bouclant la boucle en un écho presque parfait à la première. Comme toujours chez Zweig, le style est pur et ciselé au point de se faire oublier. Enfin, et c'est certainement le plus important, la psychologie des personnages, des situations et même des animaux, est rendue avec un immense talent : j'ai ainsi été lessivée et agacée par les excès de mots et de bonheur de Limpley, j'ai souffert et pleuré avec Ponto quand il a été abandonné, j'ai tremblé en voyant l'ombre rôder dans le jardin et j'ai voulu empêcher la fin terrible en criant ou même en m'arrêtant de lire...

Si le soupçon de Betsy est légitime, il me semble surtout très abouti et très réussi ; je l'ai d'ailleurs lu 2 fois quasiment d'affilée, la première le plus vite possible pour connaître la suite, et la deuxième le plus doucement possible pour savourer les indices et les subtilités glissées ça et là.

Challenge Petits Plaisirs 27/xx
Commenter  J’apprécie          640
Trop trop court, mais la construction du scénario est intéressante.
Dans la campagne anglaise vient s'établir un couple de citadin. Lui est exubérant, elle est du genre discrète.
Ne pouvant avoir d'enfant, les voisins leur conseillent d'adopter un chien, surtout pour distraire la femme. Mais contre toute attente c'est l'homme qui tisse une relation privilégiée avec l'animal, jusqu'au jour où sa femme ressent les premiers signes de la maternité.
La narration est faite par la voisine, ce qui donne une vision décalée de l'intrigue, presque une confidence. Les mots sont choisis, rien ne dépasse tout est en place pour nous évoquer le drame.
Commenter  J’apprécie          505
Un soupçon légitime , c'est effectivement ce que je nourrirai à l'égard des éditions le Livre de Poche la prochaine fois qu'il me prendrait l'envie de leur refiler quelques piécettes . Bouquin affichant 175 pages au compteur , fin de ladite nouvelle à 66 ! Passé ce chiffre satanique – à un 6 près , on va pas chipoter – une petite verveine , le CD de bonne nuit les petits dans les esgourdes et direction le paddock ! Diantre , comment se fait-ce-t-il m'interrogerez-vous fort judicieusement ? A toi Fred...
Facile Jamy , les éditions tes sousous dans ma popoche ont cru bon , à des fin que je qualifierais de bassement mercantiles si j'avais l'esprit mal tourné – et je l'ai – et ceci sans aucune précision préalable , de doubler la fameuse nouvelle dans la langue de Goethe ! Ya , große surprise Jamy !
Imaginez l'effet dévastateur d'une telle initiative sur quelqu'un de traumatisé par 10 années assidues d'Allemand poussif et n'aspirant désormais qu'à une seule chose , l'oublier...
Afin d'en rajouter une petite couche , l'on RElira , porté par un enthousiasme forcément moindre , les quelques 50 feuillets supplémentaires sur Stefan Zweig et le monde d'hier...feuillets déjà parus dans la même collection foutage de g....e dans le but d'étoffer un peu plus un récit et inciter , de fait , l'acheteur visiblement considéré comme souffrant de troubles de la mémoire persistants , à se fendre d'un nouveau p'tit billet de 7 euros ! Zweig se suffisant pourtant à lui-même...
Il n'en reste pas moins ce méchant sentiment d'avoir été pris pour un jambon à l'achat , un coup à nourrir quelque ressentiment durable ça , d'autant plus que je ne suis même pas de Bayonne ! Ach nein !

Bon , d'accord Fred , mais quid de l'objet à proprement parler ?
Facile Jamy , l'on connaissait l'écrivain Zweig passé maître dans l'art de disséquer l'âme humaine , il démontre ici une aisance toute aussi confondante dans le domaine animalier ! Référence immédiate : le gentil Cujo du King ! La rage ayant ici fait place à un sentiment universel : la jalousie .
D'une plume toujours aussi élégante et racée , Zweig pose adroitement son récit , harponne le gentil lecteur tel un Achab assoiffé de vengeance baleinière , le cueille et le retourne en moins de temps qu'il n'en faut pour balancer un anticonstitutionnellement en Teuton...ou peu s'en faut .
Palpitant et oppressant , ce court récit ne déroge pas aux précédents en démontrant habilement les risques encourus par tout sujet obsessionnel ! L'amour aveugle , tenace et outrancier , d'un maître pour son toutou tout fou potentiellement dangereux et qui , pour le coup , ferait passer l'adage « ...est le meilleur ami de l'homme «  pour une vaste blague mortifère !

Un soupçon légitime : oh que oui , enfin j'me comprends...mais bien quand même , n'était...enfin j'me comprends...
Commenter  J’apprécie          482
Même en micro-dose, Zweig se savoure comme un nectar!
Ce 'soupçon légitime' ne pèse que quelques dizaines de pages mais elles suffisent à faire passer le lecteur par toutes les couleurs dans un crescendo oppressant de sensations, et lui faire admirer une fois de plus le talent de l'auteur pour conduire au plus fin sa narration dans un format aussi resserré.
C'est d'un point de vue extérieur, celui de la voisine Betsy dont le lecteur épouse le regard distancié mais empathique, que l'on fait la connaissance d'un couple heureux en apparence mais dangereusement dysfonctionnel en réalité, du fait du mari dont la jovialité débordante révèle le caractère passionnel excessif et inhibe douloureusement son épouse.
Sur le conseil de Betsy qui cherche à adoucir la solitude de cette dernière, l'arrivée d'un chien dans le foyer, loin de rétablir un équilibre, exacerbera jusqu'au drame les fêlures existantes...
Un court texte à lire ne serait-ce que pour la scène du landau, à peine esquissée et pourtant terrifiante!
Commenter  J’apprécie          390

Bon... Comment dire...

A l'achat de ce livre, je m'attendais à une lecture de près de 200 pages, où toute la psychologie humaine ou animale serait profondément décrite et analysée par Zweig... Je me réjouissais de le lire (enfin, déjà de découvrir Zweig)... Et bouf... Machinalement j'ouvre par pur réflexe ce roman vers le milieu... Quelle surprise d'y lire alors « Ponto shnappte und Limpley würgte, das Knie auf die Brust des Tieres gestemmt ».... Aaarghhh... Non, je ne l'ai quand même pas acheté en allemand, ce roman ?? Petite vérification rapide, je retourne les pages dans tous les sens et là... Tilt... le texte original suit le texte traduit en français et précède la biographie... Petit calcul rapide... D'un roman psychologique de 200 pages, on passe à une nouvelle de 55 pages que j'ai donc lu en moins de temps qu'il m'en faut pour promener mon chien.

C'est court, très court... J'aurais bien attaqué la seconde partie pour faire un peu durer mais malheureusement je ne parle pas l'allemand.

Je ne parle pas le chien non plus... Mais bon, là c'est moins grave, parce qu'on comprend quand même tout l'esprit tortueux et démoniaque qui a pris greffe dans le cervelet de ce brave bouledogue lorsque son maître finit par le délaisser au détriment (et quoi de plus normal !) de son épouse et de leur petite fille qui vient de naître. Il a pas apprécié, le brave Ponto et sa vengeance saura se préparer, insidieuse, cruelle, vicieuse, elle se mangera aussi froide qu'une pâtée dans son écuelle !

Aargh... Mais c'est horrible cette histoire !

Je ne doute pas un instant des qualités de Zweig... Son écriture est élégante (en tout cas la traduction française qui en est faite), l'histoire se met très vite en place (mais avec une nouvelle de 55 pages, c'est préférable) et la psychologie humaine est bien abordée, « avec des qualités aussi estimables que la bonhomie, la cordialité, la franchise, la chaleur des sentiments » mais aussi avec de la soumission, de la tyrannie, du despotisme, de l'amour-propre, de l'anthropomorphisme, de la perversité, de la cruauté... Tout ça en... 55 pages !

Je pense toutefois que cette lecture du jour, en mode « terrasse – salon de jardin – soleil » et beaucoup trop courte, m'a empêché de me plonger plus profondément dans une analyse psychologique détaillée, qui pourrait toutefois mériter qu'on s'y attarde quand on sait que Zweig a dû écrire ce roman peu de temps après l'Anschluss et durant son exil britannique... On pourrait y voir bien des choses dans les yeux de ce bouledogue !

Je viens de vérifier... le Joueur d'échecs, qui m'attend dans ma bibliothèque, est bien entièrement écrit en français... Ouf ! Ce sera mon prochain Zweig.

En attendant, il faudra que je pense à vérifier les vaccins de mon Cairn Terrier... Il me regarde bizarrement pendant que j'écris ce billet :o)
Commenter  J’apprécie          3536
Petite nouvelle lue d'une traite.Stefan Zweig nous démontre ici son grand talent d'analyste des sentiments.
C'est avec un sens précis de la description qu'il nous livre la palette des passions humaines,avec beaucoup de clarté et un vocabulaire accessible à tout un chacun.
Commenter  J’apprécie          310
Je ne suis pas vraiment amatrice de nouvelles mais pour ma deuxième rencontre avec Stefan Zweig, j'ai choisi "Un soupçon légitime", ayant rapidement vu qu'elle faisait quelques 140 pages : un petit roman, me suis-je dit. Quand je me suis aperçu qu'en fait, la moitié du livre était l'édition originale en allemand, j'ai pensé que ce pourrait être enrichissant de découvrir les véritables mots de l'auteur avant qu'ils ne soient passés dans les mains d'un traducteur. Mais, ne parlant un mot de la langue de Goethe, la raison a rapidement freiné mon emballement premier !!!!

Rassurez-vous, la qualité l'a emporté sur la quantité. de son écriture élégante et soignée, que j'avais pu appréciée dans "Vingt-quatre heures de la vie d'une femme", Stefan Zweig nous offre un récit d'une forte intensité dramatique dont le personnage principal est, fait assez rare, un chien, comme dans une fable ou un conte.
L'originalité de l'histoire vient déjà du fait qu'elle est narrée par un témoin extérieur au drame, la voisine. Les faits nous parviennent à travers son ressenti puisqu'elle ne vit pas en permanence avec les protagonistes.
Nous voilà, au départ, plongés dans une ambiance plutôt bucolique dans ce décor de campagne anglaise. L'auteur a cependant veillé à ce que l'on ne se laisse pas bercer par trop de romantisme puisqu'il nous a prévenu, dès les premiers mots, qu'un meurtre allait avoir lieu. La graine de l'angoisse a été plantée au fond de nos entrailles.
Un parallèle va se faire rapidement entre le tempérament excessif en tout de Mr Limpley qu'il va transmettre, par son éducation ou plutôt son manque d'éducation, à son chien. Élevé dans le culte de sa propre gloire, Ponto va devenir complètement tyrannique et d'une jalousie telle qu'elle va permettre à l'impensable de se passer. Enfin, c'est ce que l'on suppose puisque ce chien intelligent veillera à ce qu'aucun témoin n'assiste à l'évènement dramatique. L'auteur décortique les sentiments avec un talent magistral en mêlant habilement psychologie et suspense.

Même si passionnée par nos amis canins et leur éducation, j'aurais pu être l'avocate du chien en demandant au juge les circonstances atténuantes pour faute d'éducation, je reste sensible à ce genre de drame qui illustre trop souvent nos journaux et que je trouve très moderne pour l'époque où il a été écrit. Une bonne note donc pour ma première lecture de l'année 2014. 16/20
Commenter  J’apprécie          260




Lecteurs (904) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1881 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..