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Baptiste Touverey (Traducteur)
EAN : 9782246756118
139 pages
Grasset (14/10/2009)
3.92/5   452 notes
Résumé :
Un soupçon légitime est l'histoire d'un homme dont les passions vont causer le malheur de son entourage. John Limpley s'installe à la campagne avec son épouse et adopte un chien, Ponto. Adulé par son maître, l'animal se transforme en tyran... jusqu'au jour où il est délaissé, lorsque la jeune femme tombe enceinte.
Le drame qui va suivre est d'autant plus tragique qu'il reste inexpliqué.
Dans cette nouvelle angoissante, inédite en français, on retrouve ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (91) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 452 notes
Qu'il est bon de lire du Zweig de temps en temps, pour retrouver des mots qui s'ébattent avec maestria, qui se nouent et se dénouent pour nous laisser une fois de plus étonnés, surpris, amusés, émerveillés, angoissés… jamais indifférents.

Les sinuosités de l'âme humaine y sont toujours décrites avec subtilité, sans jamais être totalement percées. Les obsessions et les névroses sont déposées sur les pages comme autant de petits cailloux que nous suivons, tel le Petit Poucet, pour retrouver notre propre chemin.

Les sentiments sont exacerbés, la passion comme la jalousie. Même la psychologie canine est décrite avec fougue, et un brin d'anthropomorphisme, certes, mais je pardonne à cet auteur qui me ravit chaque fois que je l'invite à venir passer du temps avec moi...

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Dans la campagne anglaise Besty raconte comment ses nouveaux voisins, des citadins, adoptent un chien pour combler leur désir d'enfant non satisfait, et les prémisses d'un drame, quand le jeune homme se passionne pour l'animal alors que sa femme tombe enceinte. Une narration psychologique prenante et adroite où en quelques pages Stefan Zweig, créant une ambiance oppressante, démontre avec virtuosité les dangers d'un caractère excessif et obsessionnel. du grand art.

« Pour ma part, j'en suis tout à fait certaine, le meurtrier c'est lui - mais il me manque la preuve ultime, irréfutable. " Betsy ", me dit toujours mon mari, " tu es une femme intelligente, qui observe vite et bien, mais tu te laisses mener par ton tempérament et tu portes souvent des jugements hâtifs. " En fin de compte, mon mari me connaît depuis trente-deux ans et ses mises en garde sont peut-être, et même probablement, justifiées. Je dois donc, puisqu'il me manque cette preuve ultime, me faire violence pour réprimer mes soupçons devant les autres. Mais chaque fois que je le croise et qu'il s'approche de moi, brave et amical, mon coeur s'arrête de battre. Et une voix intérieure me dit : c'est lui et lui seul, le meurtrier. »

Challenge MULTI-DÉFIS 2018

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Aussi bref qu'une plongée dans les eaux troubles des sentiments exacerbés, Stefan Zweig écrit ici une toute petite nouvelle, haletante où l'oxygène manque indéniablement.

Un couple emménage à la campagne faisant très vite connaissance avec leurs voisins dont le très exubérant John Limpley. C'est un homme joyeux, optimiste, bon vivant. Un caractère bonifié qui tend à oppresser sa jeune épouse par tous les élans grandiloquents de son époux. L'épouse ne trouve de répit que loin de son mari, vouant un plaisir certain au silence et à l'oisiveté. Les voisins s'entendent à la perfection, que de bons sentiments entre eux. L'oisiveté dans laquelle se complaît la jeune épouse interloque la voisine qui voit de bon augure de lui offrir un chien. A défaut d'un enfant que le couple ne parvient pas à avoir. John va de suite accaparé le chien Ponto de toutes sortes de louanges et d'attentions.
Outrageuse éducation où le chien deviendra maître chez lui et John son esclave.
Jusqu'au jour où la jeune épouse attendra un enfant, Ponto se verra délaissé, abandonné. S'en suit une lente métamorphose teintée de rage, de vengeance pour Ponto.

Stefan Zweig signe un roman magistral où l'ennemi n'est autre que les sentiments nocifs et aveugles que l'être humain porte en lui. Cette toxicité se matérialise brillamment à travers un pauvre animal qui aura manqué d'éducation et une place qui lui revient en tant qu'animal domestique et non en tant qu'enfant ou être humain.

Un voyage méditatif et interpelant ! Magistral.
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Avec ses 70 pages toutes mouillées (tombées dans le canal ?), Un soupçon légitime relève plus de l'exercice de style que du roman ou de la nouvelle. Mais un exercice de style magistral, charmant... et encore bien plus cruel qu'il n'est charmant !

C'est Betsy, une vieille Anglaise avenante et observatrice qui est la narratrice. Dés la première phrase, elle nous fait part de sa conviction qu' "il" est un meurtrier. De qui parle-t-elle et de quel meurtre s'agit-il ? C'est ce que nous allons découvrir progressivement en l'accompagnant dans sa vie campagnarde tranquille et en rencontrant avec elle ses jeunes voisins si attachants, les Limpley.

L'histoire est rondement menée, la dernière phrase bouclant la boucle en un écho presque parfait à la première. Comme toujours chez Zweig, le style est pur et ciselé au point de se faire oublier. Enfin, et c'est certainement le plus important, la psychologie des personnages, des situations et même des animaux, est rendue avec un immense talent : j'ai ainsi été lessivée et agacée par les excès de mots et de bonheur de Limpley, j'ai souffert et pleuré avec Ponto quand il a été abandonné, j'ai tremblé en voyant l'ombre rôder dans le jardin et j'ai voulu empêcher la fin terrible en criant ou même en m'arrêtant de lire...

Si le soupçon de Betsy est légitime, il me semble surtout très abouti et très réussi ; je l'ai d'ailleurs lu 2 fois quasiment d'affilée, la première le plus vite possible pour connaître la suite, et la deuxième le plus doucement possible pour savourer les indices et les subtilités glissées ça et là.

Challenge Petits Plaisirs 27/xx
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Un soupçon légitime , c'est effectivement ce que je nourrirai à l'égard des éditions le Livre de Poche la prochaine fois qu'il me prendrait l'envie de leur refiler quelques piécettes . Bouquin affichant 175 pages au compteur , fin de ladite nouvelle à 66 ! Passé ce chiffre satanique – à un 6 près , on va pas chipoter – une petite verveine , le CD de bonne nuit les petits dans les esgourdes et direction le paddock ! Diantre , comment se fait-ce-t-il m'interrogerez-vous fort judicieusement ? A toi Fred...
Facile Jamy , les éditions tes sousous dans ma popoche ont cru bon , à des fin que je qualifierais de bassement mercantiles si j'avais l'esprit mal tourné – et je l'ai – et ceci sans aucune précision préalable , de doubler la fameuse nouvelle dans la langue de Goethe ! Ya , große surprise Jamy !
Imaginez l'effet dévastateur d'une telle initiative sur quelqu'un de traumatisé par 10 années assidues d'Allemand poussif et n'aspirant désormais qu'à une seule chose , l'oublier...
Afin d'en rajouter une petite couche , l'on RElira , porté par un enthousiasme forcément moindre , les quelques 50 feuillets supplémentaires sur Stefan Zweig et le monde d'hier...feuillets déjà parus dans la même collection foutage de g....e dans le but d'étoffer un peu plus un récit et inciter , de fait , l'acheteur visiblement considéré comme souffrant de troubles de la mémoire persistants , à se fendre d'un nouveau p'tit billet de 7 euros ! Zweig se suffisant pourtant à lui-même...
Il n'en reste pas moins ce méchant sentiment d'avoir été pris pour un jambon à l'achat , un coup à nourrir quelque ressentiment durable ça , d'autant plus que je ne suis même pas de Bayonne ! Ach nein !

Bon , d'accord Fred , mais quid de l'objet à proprement parler ?
Facile Jamy , l'on connaissait l'écrivain Zweig passé maître dans l'art de disséquer l'âme humaine , il démontre ici une aisance toute aussi confondante dans le domaine animalier ! Référence immédiate : le gentil Cujo du King ! La rage ayant ici fait place à un sentiment universel : la jalousie .
D'une plume toujours aussi élégante et racée , Zweig pose adroitement son récit , harponne le gentil lecteur tel un Achab assoiffé de vengeance baleinière , le cueille et le retourne en moins de temps qu'il n'en faut pour balancer un anticonstitutionnellement en Teuton...ou peu s'en faut .
Palpitant et oppressant , ce court récit ne déroge pas aux précédents en démontrant habilement les risques encourus par tout sujet obsessionnel ! L'amour aveugle , tenace et outrancier , d'un maître pour son toutou tout fou potentiellement dangereux et qui , pour le coup , ferait passer l'adage « ...est le meilleur ami de l'homme «  pour une vaste blague mortifère !

Un soupçon légitime : oh que oui , enfin j'me comprends...mais bien quand même , n'était...enfin j'me comprends...
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Parce que son coeur chaleureux, qui débordait, et donnait l'impression d'exploser sans cesse de sentiment, le rendait altruiste, il s'imaginait que pour tout le monde l'altruisme allait de soi, et il fallait déployer des trésors de ruse pour se soustraire à son oppressante bonhomie. Il ne respectait ni le repos ni le sommeil de qui que ce soit, parce que, dans son trop-plein d'énergie, il était incapable d'imaginer qu'un autre pût être fatigué ou de mauvaise humeur, et on aurait secrètement souhaité assoupir, au moyen d'une injection quotidienne de bromure, cette vitalité magnifique, mais guère supportable, afin de la faire revenir à un niveau normal.
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Pour ma part, j'en suis tout à fait certaine, le meurtrier c'est lui - mais il me manque la preuve ultime, irréfutable. " Betsy ", me dit toujours mon mari, " tu es une femme intelligente, qui observe vite et bien, mais tu te laisses mener par ton tempérament et tu portes souvent des jugements hâtifs. " En fin de compte, mon mari me connaît depuis trente-deux ans et ses mises en garde sont peut-être, et même probablement, justifiées. Je dois donc, puisqu'il me manque cette preuve ultime, me faire violence pour réprimer mes soupçons devant les autres. Mais chaque fois que je le croise et qu'il s'approche de moi, brave et amical, mon cœur s'arrête de battre. Et une voix intérieure me dit : c'est lui et lui seul, le meurtrier.
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Ses larges mains couvertes de taches de rousseur étaient, comme son grand cœur, toujours intrusives. Il ne se contentait pas de flatter le flanc de chaque cheval et de caresser chaque chien, même mon mari, qui avait pourtant un bon quart de siècle de plus que lui, devait consentir, lorsqu'ils étaient assis confortablement l'un à côté de l'autre, à ce que, dans sa candeur canadienne de bon camarade, il lui tapât sur les genoux. parce que son cœur chaleureux, qui débordait, et donnait l'impression d'exploser sans cesse de sentiment, le rendait altruiste, il s'imaginait que pour tout le monde l'altruisme allait de soi, et il fallait déployer des trésors de ruse pour se soustraire à don oppressante bonhomie.
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Mon mari et moi ne pouvions plus ni l'un ni l'autre supporter les effronteries de ce tyran. Intelligent comme il l'était, Ponton ne tarda pas à remarquer notre attitude irrévérencieuse à son égard et il s'attacha désormais, de son côté, à nous faire sentir son mépris de la façon la plus grossière. Il avait du caractère, c'était indéniable ; du jour où notre bonne , comme il avait laissé une trace indubitable de son passage dans un parterre de roses, le chassa avec énergie de notre jardin, il cessa de se faufiler à travers la haie épaisse qui formait la frontière pacifique entre nos deux terrains et se refusa même, malgré les exhortations et les prières de Limpley, à fouler notre seuil.
Nous renonçâmes à ses visites sans déplaisir ; ce qui était plus pénible en revanche, c'est que lorsque nous rencontrions Limpley, en sa compagnie, dans la rue ou devant chez nous, et que cet homme débonnaire et bavard se mettait à nous parler, l'animal tyrannique empêchait par son comportement provocateur que la conversation entre amis ne se prolonge. Au bout de deux minutes, il commençait à glapir ou à grogner de colère et il fonçait la tête la première dans les jambes de Limpley, ce qui signifiait sans ambiguïtés : " Il est temps d'y aller ! Ne discute pas avec des gens aussi répugnants. " Et j'ai honte de le raconter, mais, chaque fois, Limpley devenait nerveux. Il essayait d'abord de calmer le malotru : " Tout de suite, toute de suite ! On y va ! ", mais le tyran ne s'en laissait pas conter, et son pauvre esclave prenait donc -un peu honteux et confus - congé de nous.
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Le regard d'un animal, en cas de détresse extrême, peut devenir beaucoup plus émouvant, j'aimerais presque dire beaucoup plus éloquent, que celui d'un être humain, car nous confions aux mots, ces intercesseurs, l'essentiel de nos sentiments, de nos pensées, tandis que l'animal, qui ne maîtrise pas la parole, est obligé de concentrer toute son expression dans sa pupille. (p.54).
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Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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