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Critique de izziederives


Je ne sais pas quoi dire. J'ai l'impression d'avoir tenu entre mes mains mon livre préféré de tous les temps. J'ai tellement repoussé le moment de le lire, des années à imaginer son contenu avec la peur d'être déçue, je me suis retrouvée à perdre patience devant des histoires d'amour insipides, des passions où seul les instincts primaires en sortaient assouvis, et il me manquait cette petite touche intellectuelle, la petite flamme qui se transforme en brasier juste avant la concrétisation des sentiments, aussi maladroits soient-ils.

C'était putain de profond. Désolée, je ne sais pas comment le dire autrement. Certains penseront que la plume est verbeuse ou redondante. Pas pour moi. Je l'ai trouvée au contraire fine et pleine d'intelligence, d'une tendresse accablante pour le fantôme à qui elle est destinée. J'en ai souvent eu la gorge nouée, des instants où mon petit esprit jouissait, à hauteur de ce qu'il peut modestement goûter. Et c'est certainement ça qui m'a le plus touché, cette énorme tendresse du narrateur pour son vieux professeur, un homme qui n'aura jamais connu le véritable amour, par crainte de ses déviances.

C'était vraiment très beau, une ode à l'amour et à la passion à une époque où la tolérance pour ces « choses-là » était proche du néant. Dans l'Éternel Mari de Dostoïevski, on étouffera sous le ton moralisateur et les personnages sordides. Chez Zweig, l'amour est pur, éthéré, impossible à palper pour le narrateur dont on ignore le nom, et il est troublé, d'une puissance épouvantable chez le professeur qui lutte, refoule et inhibe tout ce qui pourrait le trahir.

Jamais Zweig n'est dans le jugement. Il raconte, analyse, donne quelques explications sans assommer. Ce sont juste les vérités de son personnage, les failles de sa jeunesse qu'il dissèque d'un oeil sage et bienveillant. Il écrit pour remercier cet homme qui l'a fait. Il écrit pour lui dire ce qu'il n'a pas su dire au moment où il l'aurait voulu. Il écrit pour lui avoué qu'il l'a aimé. Un pur chef-d'oeuvre. J'en aurais pleuré. Un livre que je relirais sans doute, pour saisir ce qui m'a peut-être échappé, ou juste pour le plaisir de réveiller les petites choses qui dorment en moi et que je peine à éveiller.
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