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4,25

sur 3584 notes
Oeuvre subtile, oeuvre forte, oeuvre minutieuse comme une dentelle d'Alençon, La Confusion Des Sentiments ne manquera pas de laisser une troublante impression envers tout lecteur disposé à se laisser mener sur les bancs de la passion à l'âge de la fac (ou sur les bancs de la fac à l'âge de la passion, au choix).
Quiconque a déjà connu une attraction magnétique vis-à-vis d'un être jugé supérieur se reconnaîtra dans le jeune Roland, lui, littéralement happé, aspiré comme un noctambule papillon par l'éclat phosphorescent de son professeur, son mentor et maître, manière de Pygmalion de la littérature.
Stefan Zweig a l'art d'évoquer des sujets, a priori, assez racoleurs ou qui peuvent sembler faciles ou usés, comme la débauche, l'éveil d'une relation amoureuse ou l'homosexualité avec un tact et une pudeur hors normes, ce qui en fait un grand orfèvre en la matière et justifie pleinement son renom.

Roland, jeune étudiant originaire du nord de l'Allemagne consume son existence à l'université de Berlin dans une vie d'excentricités et d'errements variés jusqu'au jour où son père, qui le croit studieux, le surprend en pleine débauche. L'électrochoc est tel pour les deux, qu'ils décident conjointement qu'il convient mieux à Roland d'étudier dans une petite ville universitaire qu'auprès des tentations et dépravations de la capitale.
Le jeune homme, muni d'une toute nouvelle envie de se racheter, se lance avec frénésie dans les études. Son chemin croise celui d'un professeur de littérature anglophone particulièrement charismatique, passionné et passionnant. Magnétisé par ce tourbillon passionnel, Roland, dont la passion ne demandait qu'une cible pour se focaliser va se satelliser autour de cet homme et de sa vie de solitude. Bientôt familier et habitué du foyer, il y fait la connaissance de la jeune épouse de son maître.
Mais derrière cet élan inconsidéré pour la dramaturgie anglaise du XVIIème siècle se cache des zones d'ombre et de mystère. Pourquoi cet homme est-il si solitaire, si isolé, même à l'université ? Pourquoi est-il si froid avec sa jeune et aimable épouse ? Pourquoi, par moments, s'absente-t-il inopinément pendant plusieurs jours ? Pourquoi sa femme comprend-elle si bien le trouble et les frustrations de Roland ? Pourquoi ce malaise au milieu de ce couple qu'il apprécie tant ? Pourquoi ses sentiments sont-ils si confus, si contradictoires, si constamment cahotés d'un pôle à l'autre ?
Voilà ce que je me propose de vous laisser découvrir. En tout cas, ce petit roman est mon préféré de ceux que j'ai lus de Stefan Zweig. Je le place bien avant le Joueur D'Échecs ou Vingt-Quatre Heures de la Vie D'Une Femme, mais ceci n'est que mon avis, un parmi tellement d'autres, particulièrement confus qui plus est, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Stefan Zweig est un auteur qui a mon sens est un véritable orfèvre de l'écriture.
On suit son réçit avec passion et il arrive a nous mettre dans la peau du personnage et a nous faire subir tous ces sentiments si confus au court de ce roman.

j'ai également adoré le final, auquel je ne m'attendais aucunement.. je voyais, j'avoue un épilogue complètement différent.

J'ai tout simplement dévoré ce court roman cette nuit. Une fois débuté l'écriture de Zweig nous emporte et on oublie tout simplement le temps qui passe.
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♫Au nom du peu d'intérêt
Porté à mon sujet
Pour être encore à l'endroit
Quand l'envers me tend les bras
J'attends un regard
J'attends un sourire
J'attends à tout moment
Un peu d'encouragement
J'attends sans l'attendre
Un compliment
Un geste, un mot tendre
Tout simplement
J'attends♫
-Chagrin d'honneur- Kent- 2017-
----♪-----♫-----🤩-----😢-----😍-----♫-----♪----
Exaltation, pas passion !!?
Histoire d'un théatre enGlobe :
Une tour hexagonale
Tours et détours
Circonvolutions magistrales
Cirque, arène, spirale
Emprise sublimanimale
Concours d'éloquence
Ronde des mots
Intérieur at mot Sphère
je suis ton pair
Sir Conférence
Inspiration à chaque Expire
Eclosion-floraison
Candide, innocent
premiers tourments
Turbulences- tourbillons
Eruption-Confusion
Pro-fusion de mots que le feu jaillisse
tout un Art t'y fisses
Reconnaît sens
d'un volcan mort
dit tyran bi-
que l'esprit impétueux
sût planter lâme un peu tueuse
to be or not to bi
Réducteur- caractère- vieux cratère
Eteindre la lumière
Littérature Germe à nique
Mériterait que j'y reVienne
Retourné acrobatique
Exposé, tous Sonnets
plus un geste
chanson de Roland
et vie dense
danse de Vienne
Noir papillon
Addiction soustraction
album de Kent ♪Grande illusion♪
Recherche d'un temps perdu
un Cercle de poétes disparus

mon ressenti ment, confus
5/5 + ma réelle Volupté
Devoir absolu à m'incliner...
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Qu'on me donne un Z ! Qu'on me donne un W ! Aaaah si les noms propres étaient autorisés au scrabble , sur un mot compte triple...

Un nom qui claque , des récits à son image ! Nouvelliste par choix , Zweig excelle dans le genre . En un peu plus de cent pages , l'auteur assoit et développe son histoire avec une facilité déconcertante .

D'une plume fine et élégante , Zweig évoque , avec la pudeur qui le caractérise , les sentiments ambivalents entre un professeur et son éleve . Alors que ce dernier n'éprouve qu'une admiration malsaine , sans bornes et sans partage pour son mentor qui désormais l'héberge , son précepteur , lui , embourbé dans un mariage qui le tue à petit feu , semble éprouver un malin plaisir à souffler le chaud et le froid au gré de ses humeurs , de ses envies , de ses secrets inavouables...Un mariage de façade , une femme dont il n'a que faire , un nouveau disciple venant attiser le feu des possible , feu qu'il s'évertue à maitriser depuis tout jeune , l'image de professeur au-dessus de tout soupçon en étant la triste et illusoire récompense . Un mari , une femme et un jeune chien fou dans un jeu de quilles . Trio ultra classique d'un sujet qui ne l'est pas moins . A une différence pres , ici , pas de femme volage ( encore que...) mais une délicate approche de l'homosexualité réfrénée , bridée par la volonté vacillante d'un etre fatigué de lutter . Des sentiments qui naissent , se développent , s'expriment tout en tact et en subtilité sans jamais en laisser supposer leur véritable teneur . Un trio atypique aux humeurs aussi changeantes que les marées océanes . Un récit à la beauté indéniable , fragile et tragique .
Zweig est un orfevre de la plume qui cisele ses propos comme il affine ses récits . Partant d'un sujet souvent ordinaire , il épure au maximum pour en extraire la quintessence des etres et des situations .

Un sentiment facilement identifiable prédomine à la lecture de cette nouvelle : jubilatoire !
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🎵🎶"La plus belle fois qu'on m'a dit "je t'aime"
C'était un mec qui me l'a dit.

(…)
Pendant qu'il me regardait
Ça flanchait dans mes yeux
Et plus il me regardait
Plus mon pouls sonnait creux
Le coeur comme un marteau
La tête comme un pourquoi
J'étais mal dans ma peau
Pourtant, il y avait pas de quoi
Pourtant il m'a pas fait du plat
Comme un mec avec une nana
J'ai fait celui qui veut rien entendre
J'ai fait celui qui veut pas comprendre
Et j'ai bredouillé quelques mots
Des trucs qui sonnaient un peu faux
Du style moi aussi je t'aime bien
Tout le monde ici, tous les copains
J'me suis senti con ce jour-là
De pas être comme lui, d'être comme moi
(…)
A chacun son amour
C'est pas le mien, voilà tout.
Aimer les filles ou les garçons
Aimer, c'est aimer de toute façon
Mais...

La plus belle fois qu'on m'a dit "je t'aime"
C'était un mec qui me l'a dit. "🎶🎶
( Francis LALANNE)

Comment est-il possible d'aller aussi loin, avec autant précision et de finesse, de poésie et d'amertume, dans le descriptif des sentiments humains, si ce n'est en les ayant soi-même éprouvés au plus intime de son être ?

C'est avec beaucoup d'humilité que je rédige cette critique, tant je sens que mes mots vont paraître fades après la lecture de ceux du Maître. Il m'aura donc fallu attendre tant d'années pour découvrir une plume si affutée, un univers si intime et tellement universel pourtant.

Quand la passion vous étreint, mais qu'il vous faut la taire pour diverses raisons, quand l'interdit et le regard des autres sont plus forts que l'envie le jour, mais que l'envie est plus forte que tout la nuit, vous vous sentez comme dissocié. Blanc et noir. Honnête et malhonnête. Vis-à-vis de qui ? de vous-même peut-être ?

Ici, tout l'art de ZWEIG est de nous plonger à la fois dans les passions des uns et des autres, mais dans tous les tourments violents qu'elles entrainent. Amours des hommes pour d'autres hommes : amours fantômes qui hantent la nuit par leurs errances. Amours interdites, amours tues et amours qui tuent à petit feu, du feu de la passion maudite… amours suspectes, amours inédites et amours contredites, amours adultères, amours intellectuelles…
Amours autopsiées jusqu'à la moindre cellule, même quand il ne reste plus que des cendres.

Pour toutes ces descriptions qui sont autant d'hymnes à l'amour, j'ai vibré au-delà du raisonnable. Je ne sais plus lire normalement, je deviens l'encre de chaque mot, incrédule je relis les phrases, à la moindre virgule, je bascule dans le temps, je visualise chaque scène décrite avec une acuité exacerbée… je ne lis pas, je ressens. Violemment.

Mais lisez ou relisez ZWEIG, je vous y exhorte ! Exhumez-le des bibliothèques, jetez vos téléphones portables, éteignez vos ordinateurs, laissez tomber Babelio le temps de l'aventure, mais lisez-le avant de mourir, un titre au moins !

J'étais rentrée en épousailles avec Daniel KEYES lors de la lecture de « Charlie, Algernon et moi », mais avec Stefan ZWEIG, je suis devenue le sang pulsé dans ses veines, j'ai carrément pénétré en son coeur, j'ai palpité avec lui, j'ai été confuse au plus haut point. Je me suis tapie dans l'ombre lors des grandes révélations de la fin, j'ai souffert pour l'autre homme, et pour la femme aussi. Simulacre du mariage, mirage.

Il m'a achevée !

Si la réincarnation de Stefan ZWEIG existe en ce bas monde, je l'invite à venir m'apprendre l'art d'écrire et de décrire les sentiments humains avec autant de talent. Merci.

Pour les paroles de cette magnifique chanson de Francis Lalanne, suivez le lien⬇︎⬇︎⬇︎


Lien : https://youtu.be/rhOaqZ6kRnI
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Au soir de sa vie, l'universitaire Roland se souvient d'un professeur de philologie qu'il a côtoyé lors de ses études dans une petite université allemande.

Une rencontre qui avait été, pour le jeune étudiant qu'il était, déterminante. En effet, après des années de vie facile et de débordements, cet enseignant remarquable lui avait donné l'envie d'étudier lui faisant défaut, et transmis sa passion de Shakespeare. Mais l'attitude ambivalente de son maître avait ajouté, à ce goût pour les choses de l'esprit, une grande confusion des sentiments et un émoi amoureux inédit chez lui.

Dans ce bref mais dense roman, les rapports maître-élève, le désir et les pulsions, les doutes, la passion, les difficultés d'une relation amoureuse entre hommes sont abordés avec une extrême délicatesse et une remarquable sensibilité. Une mise en scène des tourments affectifs et sensuels où, une fois de plus, on est émerveillé par la maîtrise du sujet, la pureté du style et la clarté de pensée de Stefan Zweig.
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J'ai mis très longtemps à aborder Stefan Zweig, et plus je le lis, plus je regrette cette réticence envers cet auteur.

Stefan Zweig est un orfèvre des mots. Quand je le lis, je note des dizaines de citations, tant les phrases sont justes, tant les mots sont ceux qui touchent, tant il y a exactement ceux qu'il faut, tant ses écrits sont universels et intemporels.

N'ayez pas peur de vous heurter à un auteur que l'on peut qualifier de classique. Son écriture n'a pas pris une ride, et c'est peut-être cela la force de ceux qu'on appelle les classiques : s'adresser à tous, quelque soit l'age, l'époque et les remuer, les toucher au plus profond.

L'auteur développe justement un thème assez classique dans cette longue nouvelle. Un jeune étudiant, après avoir jeté sa gourme pendant quelques mois à Berlin, est envoyé dans l'université d'une petite ville du centre de l'Allemagne. Il va y connaitre la fascination, une véritable passion pour un de ses professeurs qui célèbre la beauté de la littérature anglaise, dans des cours qui enflamment ses étudiants. Mais paradoxalement ce professeur est un homme très seul, presque ostracisé. Et l'étudiant va le rejoindre dans cet isolement qu'il ne comprend pas.

Une trame qui n'est donc pas foncièrement originale, traitée à de nombreuses reprises. Ce qui fait toute la force de ce récit, ce sont les mots de l'auteur qui nous emportent, qui nous remuent au plus profond de notre âme. Comment ne pas être bouleversé par ce jeune homme, qui même s'il a vécu quelques mois de débauche bien sage finalement, reste assez ignorant de la vie, par cet homme si talentueux, si passionné, mais enfermé la plupart du temps dans une prison dont juste l'amour peut le faire sortir, l'amour des poètes et de leurs mots, l'amour de la littérature et aussi un amour plus terrestre. Et puis aussi cette femme, qui essaye de ne pas disparaitre complètement dans l'ombre de ces deux-là, une femme dont la vie n'a surement pas réalisé ses rêves de jeune fille.

J'ai ressenti à coté de ce jeune homme toutes ses émotions, éprouvant comme lui passion, fascination, exaltation, mais aussi crainte, tourment, rejet, et même haine. Tous ces sentiments se mêlaient en moi comme en lui, créant la confusion. Aucun titre n'aurait pu résumer aussi bien ce livre. Et j'ai aussi souffert pour cet homme, qui a du se contenter de vivre à moitié, ne pouvant déployer son immense talent de professeur, ne pouvant écrire le livre de sa vie, bâillonné par les conventions de l'époque.

Surement mon préféré de ceux que j'ai déjà lu de l'auteur.

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Sublime ! L'adjectif n'est pas excessif.
Il n'est pas facile de retomber sur ses pieds après une telle lecture. Je savais un peu à quoi m'attendre, je m'étais préparé, effectivement je ressors totalement chaviré de cette lecture.
L'histoire est relativement simple. Roland, étudiant de dix-neuf ans, mène la belle vie à Berlin. Son père, dans l'espoir de le remettre dans le droit chemin l'expédie dans une université de province, endroit plus calme. C'est à cette occasion que Roland fera la connaissance d'un professeur de philologie dont la relation particulière, insolite, solaire, le marquera à jamais, un peu comme une cicatrice indélébile. Quarante ans plus tard, il s'en souvient encore...
La Confusion des sentiments est une nouvelle d'une intensité extrême, Stefan Zweig est selon moi un orfèvre de l'âme humaine. Chaque phrase est ciselée comme un joyau, les mots sont peints, sculptés dans l'ombre et la lumière du récit.
L'histoire se noue et se dénoue dans une tension palpable à chaque instant.
Il y a un côté Pygmalion dans cette histoire entre un disciple et son professeur, du moins tout au début, mais cela va bien au-delà... Il y a sans doute en effet quelque chose de fascinant dans cette relation entre un élève et son professeur, qui relève du magnétisme.
Au départ, j'imagine que l'éblouissement n'était que dans la dimension intellectuelle... Et puis il suffit d'une voix pour ouvrir une brèche dans l'incertitude et laisser y entrer tous les sortilèges. Une voix qui ressemble autant à une blessure qu'à un enchantement. Bien plus qu'une voix, c'est une parole qui devient un acte magique.
La Confusion des sentiments, c'est un malentendu, un endroit où viennent plusieurs sentiments mêlés, comme des cours d'eau qui se rejoignent pour affronter le fleuve tumultueux en aval, le nourrir, l'affronter...
Ici des volcans d'émotion viennent à fleur de peau, c'est un effleurement sismique qui soulève les pages, les éventre, ouvre des failles, m'a fait trébucher vers des chemins inconnus, quoique...
Oui, quoique, car cette histoire m'a troublé à plus d'un titre... En effet, au même âge que le personnage principal, c'est-à-dire vers dix-neuf ans, soit il y a presque quarante ans, en classe préparatoire de commerce, un professeur de philosophie que j'ai trouvé de prime abord odieux, ma totalement aimanté. Il m'attribuait les meilleures notes de la classe, c'est-à-dire 10 sur 20, pardon de paraître prétentieux mais je pense que je ne le méritais pas et qu'il cherchait ainsi à me séduire. Naïf, je l'ai compris bien plus tard. Il était horriblement misogyne, il humiliait les élèves de sexe féminin, leurs notes plafonnaient à 5. Je le détestais pour cela. Mais je ne saurais dire pourquoi, il me fascinait aussi. Son érudition était impressionnante, mais surtout il donnait envie d'accéder à ce savoir. Il avait une attitude un peu gauche, un peu maladroite quand il entrait en classe, on en riait, il s'asseyait devant son bureau, il n'avait aucune prise de notes, jamais je n'ai vu de texte devant lui, tout était dans sa tête. Il jetait ses doigts pêle-mêle dans sa chevelure, fermait alors les yeux pendant à peu près cinq minutes, cela paraissait long. On avait l'impression qu'il entrait en transe. Puis il les rouvrait, et alors c'était un soleil éclaboussant, un fleuve de mots, un geyser de pensées jaillissant de son esprit... C'était totalement prodigieux. Dans les épreuves individuelles qu'on appelle des "colles ", j'ai compris qu'il cherchait à tisser une relation particulière avec moi, ayant réussi à deviner l'ascendant de mon signe zodiacal, il en était fier. Il y avait de ma part une fascination totalement intellectuelle et je pense avoir été à deux doigts de basculer vers un monde qui m'était totalement inconnu. Ayant vécu cela de très près, je vous assure que c'est grisant comme une ivresse.
À la différence de Roland, je suis resté en deçà de la frontière ténue où il m'aurait peut-être été difficile de reculer, je comprends le trouble qu'a ressenti le narrateur. Être à quelques encablures du vertige par la seule pensée intellectuelle d'un autre, ses mots, sa façon de les dire, de les agencer comme une citadelle imprenable et séduisante, vouloir rejoindre cet endroit à toutes forces, se sentir là-bas un peu protégé de la médiocrité du monde.
Quelques années plus tard, je l'ai croisé dans un bar à Brest. Il buvait un verre avec un ami, son ami, un de ses anciens étudiants, il était fier de nous présenter respectivement. J'étais heureux de le retrouver et j'ai compris alors ce qui m'avait un peu échappé à l'époque. Je n'oublierai jamais cet homme fascinant et insupportable, qui m'a apporté beaucoup de lumière et d'interrogations sur le sens de la vie...
J'ai l'impression de le reconnaître un peu dans les pages de cette nouvelle...
Est-ce vraiment la seule raison pour laquelle je ressors ébranlé par ce récit ? Non, Stefan Zweig ici nous invite bien plus loin, dans les méandres de nos propres vertiges insondables, nous promenant de l'intime à l'abyssal. C'est beau et tourmenté. Comment ressortir indemne d'une telle lecture ? Impossible !
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Ce grand classique paru en 1927 n'a pas pris une ride.
La sensibilité et l'intelligence de coeur de Zweig avaient probablement un siècle d'avance sur son époque. L'atmosphère un peu à l'Attrape coeurs de Salinger est remplie de pudeur et au même temps de sincérité.

Freud a rendu hommage à ce récit où sont ficelés avec finesse les troubles de la passion et les déceptions amoureuses. Les sentiments sont au coeur d'une brillante analyse qui met en exergue le noyau insondable des êtres et l'éveil à la vie sentimentale et intellectuelle.

La passion dévorante qui naît de l'admiration et l'exaltation de l'esprit alerte en soif de connaissances, sont relatées avec passion et noircissent des pages aussi douloureuses qu'enchantées remplies d'inconstance et d'arrachement.

La langue est belle, la plume élégante et poétique de Stefan Zweig lui permet de manier les thématiques des deux pôles extrêmes de la vie, la jeunesse et la vieillesse, comme une partition qui se joue en plusieurs tempos.

La soif de connaissance afin d'éviter la morgue de l'esprit est toujours très autobiographique chez l'auteur autrichien.

On en ressort transi par la justesse, la clairvoyance et l'humanité déchirante de Stefan Zweig.


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Et dire que j'ai attendu si longtemps avant de lire du Zweig !
Quelle révélation ! Quelle plume magnifique ! Quelle richesse ! Et quelle poésie !
J'ai ressenti des émotions profondes et troublantes, délicates et insoupçonnées en découvrant la passion qui lie, dans le roman, le maître à son élève. C'est avec une intensité rare que Zweig la dévoile à nos yeux, variant plaisirs denses, déceptions amères, vibrations positives et compassion attendrissante.
Il y décrit avec force et talent, la pureté de l'Amour, la passion du Savoir, la pudeur du Secret et la diffusion sournoise de la souffrance vécue seul...
Ce soir Zweig est le maître. Je suis l'élève admirative et attachée.
Ce soir, je suis totalement sous le charme....
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