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Critique de Crossroads


Une nouvelle nouvelle de Stefan Zweig qui confirme , si besoin était , son incroyable propension à captiver un lecteur en peu de mots !

Le cadre de ce récit : une pension de famille renommée sur la Cote d'Azur debut XXe . Zweig focalise sa chronique sur les personnages . de la grande muraille Cannoise ou des jardins suspendus de la Roquette-sur-Siagne , merveilles emblematiques du sud de la France , pas un mot ! Dommage...

Mrs C. , pensionnaire aristocratique Anglaise d'une distinction toute British , va profiter d'un évenement peu banal faisant écho à sa propre histoire , pour se confier , confesser ce qui lui pese depuis tant d'années , afin de ne plus en porter le fardeau . Ce n'est pas un religieux , auquel elle ne croit pas , mais un client à l'esprit ouvert qui fera office d'exutoire . Ici , point de rédemption espérée mais uniquement l'envie de dire sa blessure , de conter son tourment .

Vingt-quatre heures comporte tres peu de dialogues mais s'assimile plus à un long monologue ou la psychologie des personnages a , de nouveau , la part belle . le lecteur a d'ailleurs l'impression d'etre véritablement partie prenante , le narrateur intervenant assez peu . L'on découvre , avec délectation , ces aveux circonstanciés , objets de tant de remords et cependant socles fondateurs d'une vie nouvelle .
Mrs C. , jeune veuve quarantenaire , traine alors sa monotonie au casino , sorte de pélérinage rendu à son défunt mari . Elle tombera litteralement sous le charme de mains fines et alertes avant de se prendre d'affection pour son jeune proprietaire Hongrois qui lui rend pres de vingt ans . Malheureux au jeu , ce dernier est en passe de jouer sa derniere carte . La définitive . Forte de ses sentiments naissants , Mrs C. mettra tout en oeuvre afin qu'il en réchappe , au risque de se perdre...
Passion amoureuse dévorante versus passion du jeu . Faites les votres , rien ne va plus !

Un récit magistral porté par une plume redoutable . Zweig excelle dans l'art de camper des personnages simples et touchants . Les histoires ne sont jamais extraordinaires mais ont le don de réveler ou de réveiller les consciences . Superbe évocation du remord tout en pudeur et en retenue . Une sensibilité de tous les instants . Zweig magnifie l'Humain . Il est évident qu'une telle histoire , de nos jours , preterait certainement à sourire , les moeurs ayant quelque peu " évolué " nous faisant prendre ainsi conscience du fossé abyssal qui s'est creusé en pres d'un siecle . Ce qui passait pour inconcevable et outrancier à l'époque est désormais devenu monnaie courante...Société de consommation poussée à l'extreme , vacuité des sentiments inclue...

Supreme paradoxe , ces vingt-quatre heures inoubliables furent l'élément marquant d'une vie à priori toute tracée mais , au final , qui fut le rédempteur ?
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