AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Fin septembre 2023 demande à la Réserve Centrale des Bibliothèques de la Ville de Paris....


Moment de lecture bouleversant ; émotion décuplée par les dessins pleins de sensibilité de Gérard Vulliamy...accompagnant les mots du Poète !

En surfant sur le Net, je tombe sur ce titre inhabituel du poète, Paul Eluard.Oeuvre m'étant inconnue, j'en ai fait la demande à ma bibliothèque parisienne...

Et surprise magnifique avec ce très beau recueil réédité en 2011 par Seghers; initialement publié en 1946, à petit nombre. Réédition fidèle à l'édition originale, enrichi d'une postface et de dessins inédits.

Revenons avec la genèse toute particulière de ce recueil : en novembre 1943, le poète, menacé pour ses activités clandestines, doit quitter Paris.Il se réfugie chez Lucien Bonnafé, médecin directeur de l'asile public de Saint- Alban. Malgré l'occupation, ce lieu n'est pas seulement un asile où on soigne différemment les malades, mais c'est aussi un refuge pour des résistants,des intellectuels...

Un haut lieu de création et d'humanisme...Eluard profondément ému par ce séjour écrit ce long poème composé d'un prologue de 6 portraits de femmes et d'un épilogue, qui restitue à sa manière la mémoire de ces mois passés, caché, parmi les aliénés....

Les poèmes sont doublement mis en valeur par les portraits très expressifs, dessinés par Gérard Vulliamy, le futur gendre d' Éluard ....

Je transcris l'extrait précisant la progression de cette publication qui tenait fort à coeur à Paul Éluard :

"Postface -Saint-Alban, Terre d'asile

(...)De retour à Paris, Eluard est profondément marqué par ce lieu et en parle souvent à ses amis et à sa famille.Sur ses conseils, sa fille Cécile et son futur gendre, Gérard Vulliamy, se rendent au cours de l'été 1945 à Saint-Alban, accompagnés de Tristan Tzara.Sur place, Gérard Vulliamy réalise de nombreux portraits d'hommes et de femmes, aliénés, qui dévoilent leur personnalité, leurs angoisses, leurs espoirs.Il inscrit souvent la date au bas du portrait, quelquefois le nom du modèle. En plus du dessin du cimetière de Saint-Alban où les croix sont déjà enveloppées par la brume de l'oubli. Paul Eluard choisit sept de ces portraits, uniquement des portraits de femmes, pour illustrer son poème
" Souvenirs de la maison des fous" qui paraît en janvier 1946 dans la collection " de Vrille" pour le compte des éditions Pro Francia.
(...) À Saint-Alban les avancées en faveur du malade se poursuivent."

Un immense Merci aux éditions Seghers pour cette réédition et pour la beauté de
l'ensemble !

Je clos ces lignes par le tout dernier poème du recueil qui exprime toute l'empathie du poète pour ces " aliénés " dont l'existence a été très vite rayée du " monde des dits normaux "!

"Le Cimetière des fous

Ce cimetière enfanté par la lune
Entre deux vagues de ciel noir
Ce cimetière archipel de mémoire
Vit de vents fous et d' esprits en ruine

Trois cents tombeaux réglés de terre nue
Pour trois cents morts masqués de terre
Des croix sans nom corps du mystère
La terre éteinte et l'homme disparu

Les inconnus sont sortis de prison
Coiffés d'absence et déchaussés
N'ayant plus rien à espérer
Les inconnus sont morts dans la prison

Leur cimetière est un lieu sans raison

Saint- Alban, 1943 "

***** pour compléter cette lecture, le texte de Daeninx: " Caché dans la maison des fous ", lu et chroniqué en 2015

https://www.babelio.com/livres/Daeninckx-Cache-dans-la-maison-des-fous/721025/critiques/848313?modifier=1
Commenter  J’apprécie          440



Ont apprécié cette critique (44)voir plus




{* *}