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EAN : 9782232123399
52 pages
Editions Seghers (08/12/2011)
4.44/5   9 notes
Résumé :

Dans L'Immaculée Conception, en 1930, Paul Eluard et André Breton offraient cinq variations autour des délires recensés par la psychiatrie pour démontrer qu'il n'y avait pas de frontière entre le langage des prétendus fous et celui des poètes, sauf aux yeux de la société.

En novembre 1943, lorsque Eluard est accueilli à Saint-Alban par Lucien Bonnafé, les temps ont changé : l'euphorie et les provocations du surréalisme sont loin, la France es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Fin septembre 2023 demande à la Réserve Centrale des Bibliothèques de la Ville de Paris....


Moment de lecture bouleversant ; émotion décuplée par les dessins pleins de sensibilité de Gérard Vulliamy...accompagnant les mots du Poète !

En surfant sur le Net, je tombe sur ce titre inhabituel du poète, Paul Eluard.Oeuvre m'étant inconnue, j'en ai fait la demande à ma bibliothèque parisienne...

Et surprise magnifique avec ce très beau recueil réédité en 2011 par Seghers; initialement publié en 1946, à petit nombre. Réédition fidèle à l'édition originale, enrichi d'une postface et de dessins inédits.

Revenons avec la genèse toute particulière de ce recueil : en novembre 1943, le poète, menacé pour ses activités clandestines, doit quitter Paris.Il se réfugie chez Lucien Bonnafé, médecin directeur de l'asile public de Saint- Alban. Malgré l'occupation, ce lieu n'est pas seulement un asile où on soigne différemment les malades, mais c'est aussi un refuge pour des résistants,des intellectuels...

Un haut lieu de création et d'humanisme...Eluard profondément ému par ce séjour écrit ce long poème composé d'un prologue de 6 portraits de femmes et d'un épilogue, qui restitue à sa manière la mémoire de ces mois passés, caché, parmi les aliénés....

Les poèmes sont doublement mis en valeur par les portraits très expressifs, dessinés par Gérard Vulliamy, le futur gendre d' Éluard ....

Je transcris l'extrait précisant la progression de cette publication qui tenait fort à coeur à Paul Éluard :

"Postface -Saint-Alban, Terre d'asile

(...)De retour à Paris, Eluard est profondément marqué par ce lieu et en parle souvent à ses amis et à sa famille.Sur ses conseils, sa fille Cécile et son futur gendre, Gérard Vulliamy, se rendent au cours de l'été 1945 à Saint-Alban, accompagnés de Tristan Tzara.Sur place, Gérard Vulliamy réalise de nombreux portraits d'hommes et de femmes, aliénés, qui dévoilent leur personnalité, leurs angoisses, leurs espoirs.Il inscrit souvent la date au bas du portrait, quelquefois le nom du modèle. En plus du dessin du cimetière de Saint-Alban où les croix sont déjà enveloppées par la brume de l'oubli. Paul Eluard choisit sept de ces portraits, uniquement des portraits de femmes, pour illustrer son poème
" Souvenirs de la maison des fous" qui paraît en janvier 1946 dans la collection " de Vrille" pour le compte des éditions Pro Francia.
(...) À Saint-Alban les avancées en faveur du malade se poursuivent."

Un immense Merci aux éditions Seghers pour cette réédition et pour la beauté de
l'ensemble !

Je clos ces lignes par le tout dernier poème du recueil qui exprime toute l'empathie du poète pour ces " aliénés " dont l'existence a été très vite rayée du " monde des dits normaux "!

"Le Cimetière des fous

Ce cimetière enfanté par la lune
Entre deux vagues de ciel noir
Ce cimetière archipel de mémoire
Vit de vents fous et d' esprits en ruine

Trois cents tombeaux réglés de terre nue
Pour trois cents morts masqués de terre
Des croix sans nom corps du mystère
La terre éteinte et l'homme disparu

Les inconnus sont sortis de prison
Coiffés d'absence et déchaussés
N'ayant plus rien à espérer
Les inconnus sont morts dans la prison

Leur cimetière est un lieu sans raison

Saint- Alban, 1943 "

***** pour compléter cette lecture, le texte de Daeninx: " Caché dans la maison des fous ", lu et chroniqué en 2015

https://www.babelio.com/livres/Daeninckx-Cache-dans-la-maison-des-fous/721025/critiques/848313?modifier=1
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Durant la seconde guerre mondiale, François Tosquelles et Lucien Bonafé, psychiatres organisent la résistance au sein de l'asile Saint-Alban en Lozère ; protéger les aliénés, servir de refuge aux réseaux résistants, cacher des juifs... Ils ne reculent devant rien.

« Saint-Alban, c'était le château du Graal. On ne savait pas où c'était, on ne savait pas exactement ce que c'était, mais on parlait de Saint-Alban comme d'un lieu fondateur d'une psychiatrie nouvelle. »
(extrait de la postface)

C'est en 1943, après la publication de son poème liberté qu'Eluard trouve refuge à Saint-Alban. Depuis l'asile, le poète poursuit clandestinement ses publications. J'avais découvert cette histoire sous la plume de Didier Daeninckx dans Caché dans la maison des fous.

Souvenirs de la maison des fous qui comprend huit poèmes dont le Cimetière des fous, a été tiré à quelques exemplaires en 1946. Epuisé depuis longtemps, il vient d'être réédité par les Éditions Seghers.

Dans le recueil, illustré par les dessins de Gérard Vulliamy, il n'est point question de l'histoire de Saint-Alban. Mais si comme moi, c'est un aspect qui vous fascine, une intéressante postface est ajoutée à ce recueil qui réunit documents et iconographie.

Nous retrouvons bien-sûr dans le recueil cette mélancolie poétique de l'exclu de l'être à part, brisé, chu, moqué qui me touche tant dans le fou parle, l'un des premiers poèmes d'Eluard.

Mon préféré ? le VII. Il commence ainsi :

« J'ai pour la foudre chue un respect de vaincue
Mes os sont calcinés ma couronne est brisée
Je pleure et l'on en rit ma souffrance est souillée... »

Avec musicalité et simplicité, celle des mots, la mélancolie de ces portraits — féminins, ceux des femmes malades de Saint-Alban — nous touche, étonnés par la lucidité de leur parole ; car la voix du poète ne les décrit pas seulement, elle fait entendre leur cri.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Écrivains et artistes chez Lucien Bonnafé

Si la guerre incite l'asile de Saint- Alban à s'ouvrir à la communauté villageoise, elle va surtout le pousser à s'ouvrir au monde.Deux jeunes psychiatres, Francois Tosquelles et Lucien Bonnafé, sont bientôt nommés à Saint- Alban.Affiliés aux réseaux de Résistance, ils vont apporter un nouveau souffle d'humanité à l'asile: les soins aux blessés de guerre, l'accueil de réfugiés et la publication d'ouvrages clandestins entraîne un brassage d' idées extrêmement riche qui fait de Saint- Alban un espace de liberté et de partage.(...)

Lorsque Paul Éluard est contraint de fuir Paris, il trouve refuge en novembre 1943, accompagné de sa femme Nush, dans ce lieu éloigné de tout, perdu en pleine Margeride (* Lozère)
Au cours de cette période, il continue d'écrire sous le pseudonyme de Jean du Haut et poursuit ses activités secrètes en liaison avec Paris.
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Postface et dessins inédits

Saint-Alban, Terre d'asile

(...)De retour à Paris, Eluard est profondément marqué par ce lieu et en parle souvent à ses amis et à sa famille.Sur ses conseils, sa fille Cécile et son futur gendre, Gérard Vulliamy, se rendent au cours de l'été 1945 à Saint-Alban, accompagnés de Tristan Tzara.Sur place, Gérard Vulliamy réalise de nombreux portraits d'hommes et de femmes, aliénés, qui dévoilent leur personnalité, leurs angoisses, leurs espoirs.Il inscrit souvent la date au bas du portrait, quelquefois le nom du modèle. En plus du dessin du cimetière de Saint-Alban où les croix sont déjà enveloppées par la brume de l'oubli. Paul Eluard choisit sept de ces portraits, uniquement des portraits de femmes, pour illustrer son poème
" Souvenirs de la maison des fous" qui paraît en janvier 1946 dans la collection " De Vrille" pour le compte des éditions Pro Francia.
(...) À Saint-Alban les avancées en faveur du malade se poursuivent.
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Le Cimetière des fous

Ce cimetière enfanté par la lune
Entre deux vagues de ciel noir
Ce cimetière archipel de mémoire
Vit de vents fous et d' esprits en ruine

Trois cents tombeaux réglés de terre nue
Pour trois cents morts masqués de terre
Des croix sans nom corps du mystère
La terre éteinte et l'homme disparu

Les inconnus sont sortis de prison
Coiffés d'absence et déchaussés
N'ayant plus rien à espérer
Les inconnus sont morts dans la prison

Leur cimetière est un lieu sans raison


Saint- Alban, 1943
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II-

Petite et belle elle peut vivre sans miroir
Petite et belle elle peut vivre sans espoir

Les longs charrois de nuit et l'aube à petit feu
Ont dégradé son corps ont dévasté son coeur

Vivre toujours peut-être et patient je regarde
Le jour pâle épouser sans plaisir ses yeux vagues
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En 1939, lorsque la guerre est déclarée, la survie s'organise à Saint- Alban et l'ergothérapie prend tout don sens : on propose aux aliénés un travail gratifiant qui répond à un réel besoin de la communauté.À l'heure où les villageois subissent des restrictions, cette mesure favorise un rapprochement avec l'hôpital. Un troc s'organise aussitôt. Grâce aux matières premières fournies par les familles de la région, les patients confectionnent par exemple des tricots ou des chaussettes qu'ils échangent contre des denrées alimentaires.L'isolement est ainsi rompu et le malade retrouve une place dans la société à un.moment où la main d'oeuvre fait cruellement défaut.
Cette initiative, dans laquelle villageois et aliénés se sont unis pour survivre, reste unique dans toute la France occupée.
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« Capitale de la douleur » de Paul Eluard, c'est à lire en poche chez Poésie/Gallimard.
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