Voilà une lecture toujours aussi problématique chez moi, entre petit plaisir coupable et écriture qui me gêne aux entournures, ce qui fait que je ne sais pas si j’aime ou pas par moment.
J’évacue de suite la question, ce n’est pas vraiment parce que les soeurs héroïnes de cette histoire sont des menteuses que ça me gêne, après tout c’est original d’oser traiter de l’infidélité et de l’adultère. Non, ce qui me dérange, c’est que je trouve le message de l’autrice et sa narration assez brouillonne, comme si elle ne parvenait pas à ce décider de ce qu’elle voulait faire dire à ses personnages, du coup, c’est brouillé chez moi aussi.
Sur le même schéma que le précédent, nous suivons les aventures un peu lourdingues et loufoques de Shoko qui s’est fait passer pour une femme mariée afin de « choper » un jeune coréen qui lui plaisait. On s’amuse à nouveau énormément à la voir s’embourber dans son mensonge et à l’analyser de manière assez rude envers elle-même, à l’aide d’une nouvelle créature à la Akiko Higashimura juste trop drôle. Cependant cet aspect comique vient aussi se percuter avec un ton qui se veut de plus en plus lourd par moment, ce qui est assez dissonant.
On comprend vite en effet que son bel éphèbe coréen est malade, ce qu’il lui cache bien sûr, comme elle lui cache qui elle est vraiment. Chacun a ses raisons pour cela, ce qui rend leurs rencontres d’autant plus poignantes, je trouve. L’autrice instille ainsi une atmosphère sensiblement plus dramatique et mélancolique à l’image de ce train de la voie lactée qui nous accompagne tout du long et rappelle des souvenirs à certains, japonais comme français, grâce à Galaxy Express 999 que les plus anciens ont dû voir enfants 😉 J’ai aimé cette touche plus sombre où le réel semble vouloir les rattraper, où Shoko se rend compte de son erreur et où son ami poursuit mélancoliquement sa route seul alors qu’il pensait peut-être avoir trouvé une compagne de circonstance. J’espère vraiment pouvoir entendre sa voix plus tard.
En revanche, tout cela entre gravement en dissonance avec la situation plus bancale de la soeur aînée. Celle-ci est un modèle de cynisme et de mensonge. Je ne l’ai pas du tout aimé. J’avais cru percevoir quelqu’un de sensible, de fragile, peut-être coincée dans une situation sentimentale complexe. Je découvre ici une femme égoïste et presque infantile derrière son masque de femme d’affaire sûre d’elle et mature. Je suis déçue. J’ai détesté son analyse de son adultère et la façon dont elle se sert de sa soeur. J’ai détesté la façon dont elle traite son mari qui, au premier abord, a l’air adorable et tellement compréhensif. J’ai été gênée de la voir aussi gamine dans « sa passion » avec ce petit jeune, pratiquant de MMA. Pour moi, quelque chose cloche dans l’écriture ici et je ne retrouve pas l’autrice. Il y a certes son humour décapant, battant en brèche notre société corsetée, mais quelque chose sonne faux cette fois.
J’ai donc été partagée au cours de ma lecture entre le plaisir de suivre les déboires sincères de Shoko qui réalise son erreur mais s’enferre dedans, et la détestation de sa soeur que j’ai trouvé de plus en plus antipathique et loin de ce que l’autrice a l’habitude de nous proposer en nuance dramatique. Je veux bien qu’on rit et qu’on se moque de l’adultère mais encore faut-il avoir un discours qui tient un minimum la route et entre les deux tomes parus, je sens déjà une dissonance désagréable…
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