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4/5 (sur 9 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Bâle, Suisse , le 16/06/1920
Mort(e) le : 09/02/2002
Biographie :

Isabelle Christian Holland est auteur de livres pour enfants, adolescentes et adultes.

Fille d'un officier de l'Armée US, elle a vécu au Guatemala et en Angleterre avant de se fixer définitivement aux États-Unis et de se consacré à l'écriture.

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Au bout d'un moment, j'éteignis, me glissai entre mes draps et enfouis ma tête dans mon oreiller.

Je dus m'endormir, car je me souviens de m'être réveillé ; la lune était levée et il y eut un grondement bas et assourdi à la fenêtre, suivi d'un plop ! sur mon lit.

- Moxie, dis-je.

Et je l'étreignis.

Le grondement se métamorphosa en un ronronnement profond et guttural. Je sentis une truffe humide contre ma joue et humai une mauvaise haleine. Pauvre Moxie ! Il n'est guère acceptable en société. Moxie est un gros matou roux, affligé d'une oreille et demie, de plaques dont il a laissé la fourrure dans ses nombreux combats et de cicatrices sur la gueule qui lui donnent positivement une expression mauvaise.

C'était un chaton dégingandé quand je l'avais trouvé trois ans plus tôt. Mais, bien sûr, à cause des allergies de m'man, je n'avais pas pu le garder ni l'emmener à New York. L'hiver, il vit de chasse et d'aumônes. J'ai demandé à des gens d'ici de le nourrir, leur offrant de l'argent (quand je jugeais qu'ils ne se sentiraient pas insultés) ou expédiant pour eux de menus travaux pendant l'été. Je crois qu'ils le font. Le nourrir, je veux dire. Ou que quelqu'un le fait. Parce que, chaque été, il est la première chose que je cherche, et il ne rate jamais notre arrivée. À un moment ou à un autre, au cours d'une des trois premières nuits, il gagne ma fenêtre par le toit du garage après la tombée du jour. Il se garde bien d'apparaître à l'une des portes pendant la journée. Allergies ou pas, m'man le déteste. Il y a deux ans, elle m'a proposé de le garder officiellement dans ma chambre si j'acceptais de le faire castrer. Sachant que cela faisait seulement partie de son projet de masse en vue de l'apprivoisement et de la domestication de l'espèce mâle, j'ai refusé.

Résultat : m'man, prend comme un affront personnel chaque chaton rouquin du port, et leur nombre va croissant d'année en année.

- Ne laisse pas cette bête entrer dans la maison, Charles, dit-elle de temps en temps pour faire bonne mesure. Il sent mauvais et il fait partout.

Hyper vrai.

- Moxie, murmurai-je dans sa fourrure sale et emmêlée.

Son ronronnement s'accentua. Il étendit contre le mien son long corps couvert de plaies gagnées au combat. M'man avait raison sur un point : il schlinguait. Question puanteur, probable qu'il ne le cède qu'à la mouffette. Mais je suis la seule créature, animale ou humaine, qu'il aime, et c'est complètement réciproque.
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En me hissant sur le rocher, je me rendis compte que si j'étais resté dans l'eau plus longtemps, j'aurais été fatigué et non pas détendu. Le soleil était brûlant et nous étions allongés sur des serviettes, sur un gros rocher plat surplombant celui qui nous avait servi de tremplin.

Cette bienheureuse sensation d'euphorie aurait dû se transformer en somnolence ; toutefois, alors que j'étais décontracté, ce ne fut pas le cas. C'était comme si, en sortant de l'eau, j'avais perdu cette impression de liberté. Dommage, pensai-je, vraiment dommage. Mais l'horrible poids était de nouveau là.

Puis McLeod, allongé à mes côtés, tendit la main et étreignit mon bras, exactement comme je lui avais fait moi-même quinze jours plus tôt.

- Bon, Charles. Quoi que ce soit, dis-le. Ce n'est pas de l'indiscrétion de ma part. Mais tu ne peux porter ce fardeau davantage. Et je ne pense pas pouvoir rester spectateur plus longtemps. Cela te mine.

J'eus envie de me lever et de partir, mais sa main était là, qui me tenait. Je l'imaginai la retirant quand il apprendrait ce que j'avais fait. Je songeai à l'eau et à l'après-midi.

Sa main se resserra sur mon bras, tel un étau.

- Vas-y, fiston.

Peut-être fût-ce à cause du "fiston", bien que je n'aie jamais aimé qu'on m'appelle ainsi.

- Je vous ai trahi. J'ai dit à Pete, le jour où nous fumions tous de l'herbe, de quelle manière vous avez eu votre brûlure, que vous aviez bu et qu'il y avait un gamin avec vous. Ce n'était même pas que j'étais défoncé - je l'ai été plus tard, un mauvais trip, vraiment, pas alors. Je voulais seulement... je vous en voulais à mort. Vous m'aviez donné l'impression que je vous avais fait du plat. Et mes potes étaient furieux contre moi à cause de mes cours et ils savaient que je venais chez vous, parce que Pete m'avait vu. Alors, il m'a demandé comment vous aviez eu votre brûlure. Et je le leur ai dit. Je suis désolé, McLeod. Je me fais l'effet d'être un salaud intégral. Une véritable ordure.

J'aurais aimé me mettre à chialer comme un bébé. Mais c'était impossible, bien sûr ; je plaquai mon autre bras sur mes yeux, comme pour me protéger du soleil. Curieusement, il n'avait pas retiré sa main. J'attendis de voir s'il le ferait à retardement, mais non.

- C'est ma faute autant que la tienne. Je savais que je t'avais... que je t'avais blessé, c'est pourquoi j'ai essayé d'en parler avec toi. J'aurais dû t'obliger à m'écouter. Ainsi tu n'aurais pas eu à traîner ce fardeau.

Mais ledit fardeau avait roulé à bas de mes épaules.

- Alors, nous sommes toujours amis ?

- Oui, Charles. Toujours amis.

L'impression fantastique que j'avais éprouvée dans l'eau, pareille, je suppose, à une espèce de griserie, revint. Le soleil était chaud sur ma peau. L'air sentait le sel, les pins, l'herbe (la vraie !) et le foin. Je me sentais super bien. Je bougeai le bras qu'il tenait ; il le lâcha aussitôt. Mais alors, je glissai ma main dans la sienne. Je sentis ses doigts se refermer sur les miens.

Un peu plus tard, il dit :

- Parle-moi de ton mauvais trip.

Je le lui racontai, puis le rêve ? Jusqu'alors, je n'y avais guère pensé. Mais quand j'eus terminé, je dis :

- Je suppose que ça veut dire que je voudrais que vous soyez mon père.

- Je le voudrais, moi aussi.

- Avez-vous des fils ?

- Non.

Mon esprit gambergea. Puis je dis :

- Meg m'a demandé si je pensais que ça vous plairait d'épouser m'man.

J'entendis un rire étouffé.

- Ta mère n'apprécierait peut-être pas.

- Possible. Mais quand je songe à Boule de poil et au père de Meg, je crois qu'elle serait ravie.

- Te souviens-tu de ton père ?

- Un peu. (Puis, venu de nulle part :) C'est drôle, j'ai l'impression qu'il y avait quelque chose avec lui. Un truc que les autres savent, mais pas moi. (Je lui racontai la bagarre à la plage trois ans plus tôt avec Gloria.) Mais pas moyen d'apprendre quoi.

- Alors, ne t'obstine pas. Et si un jour tu découvres de quoi il s'agit, n'aie pas le cœur brisé. Nous sommes tous faillibles. Moi. Toi.

J'imaginais sans mal ce que diraient les copains, y compris Joey, de mes sentiments pour McLeod. Mais, étendu là près de lui sur le rocher, je m'en fichais. Je me fichais de tout. Le reste du monde était à des années-lumière, insignifiant.

- Je vous aime beaucoup, dis-je.

Quelque chose battait dans sa main, ou dans la mienne, je ne pouvais dire laquelle. J'avais envie de le toucher. Ôtant mon bras de sur mes yeux, je le tendis et je touchai son flanc. La peau brûlante était ferme sur ses côtes. Je compris alors que, dans ma vie, je n'avais jamais été si proche de quiconque, pas de cette façon-là. Et j'eus envie d'être plus proche encore.
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Je levai la tête et vit deux phares converger sur la grille. Je n'avais même pas entendu le bruit du moteur, mais McLeod et sa tire étaient de retour. Je l'observai tandis qu'il ouvrait la grille ; toutefois, au lieu de remonter dans sa voiture, il avança vers moi.

- Pourquoi n'es-tu pas rentré chez toi ? demanda-t-il de cette voix aiguisée comme un couteau.

Que pouvais-je lui dire ? Mon esprit tournait à vide. Alors, je ne dis rien et restai assis là comme un crétin.

- Lève-toi !

Je me mis debout, mais j'étais demeuré si longtemps en position assise que je trébuchai à moitié. Mon jean était mouillé partout où il avait été en contact avec l'herbe. Le vent nocturne était frisquet, comme toujours, par ici. Il faisait froid en moi et à l'extérieur de moi. Je me rendis compte que je devais rentrer à la maison et me plonger dans un bain chaud si je ne voulais pas choper une de ces crèves dont la région a le secret.

- Où habites-tu ?

- De... de... l'autre cô... côté du... du p... port.

Ce n'était pas un bredouillis, cette fois. Mes dents jouaient des castagnettes.

- Sais-tu que ça fait près de quatre heures que tu es là ? Qu'est-ce que tu as fabriqué ?

Comme je ne répondais pas, il me prit le bras comme s'il voulait l'écraser et me poussa en direction de la voiture.

- Monte !

Au lieu de faire demi-tour pour me ramener sur l'île, il franchit la grille et, sans s'arrêter pour la refermer, remonta le sentier.

Comme de bien entendu, le chien des Baskerville sortit pour nous saluer, aboyant comme s'il pouvait à peine attendre son dîner - moi.

- C'est bon, Mickey. Tais-toi !

Mickey. Et pourquoi pas appeler Câlin un tigre du Bengale ?

- Descends, dit McLeod, se penchant par-dessus moi pour ouvrir ma portière.

Quand je suis acculé, je peux me montrer hyper courageux, et avec McLeod bloquant une issue et Mort subite fourrant sa grosse mâchoire par ma vitre, avais-je le choix ?
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Je ne puis décrire à quel point je me sentais mal - jamais, de ma vie, je ne m'étais senti ainsi -, comme si tout le froid du monde était en moi. Et je ne pouvais en accuser personne. Je crois que c'était l'une des deux choses qui me rendaient si malade. L'autre, c'était ce que m'apprenait chaque mur, chaque coin de la pièce : que je ne dirais jamais les paroles que j'étais venu dire - du moins pas à Justin.

Après que j'eus mangé, je pris mon Terence Blake préféré pour le lire. Quand je l'ouvris, une feuille de papier en tomba. Je la ramassai et la dépliai. C'était une lettre de Justin.

"Cher Charles,

Je suis certain que, tôt ou tard, tu ouvriras ce livre, alors j'y mets cette note.

Te connaissant, je ne doute guère que tu réagiras à retardement à propos de ce dernier matin et que tu seras la proie de la souffrance et du remords. Il ne faut pas. Tu m'as donné quelque chose que je n'espérais plus jamais connaître : camaraderie, amitié, amour - le tien et le mien. Je sais que ce mot ne te plaît pas beaucoup. Mais tâche d'apprendre à ne pas en avoir peur.

Encore une requête : essaie de pardonner à ton père. Il a fait de son mieux. Plus de gens que tu ne crois font de leur mieux. Une bonne façon de démarrer est de te pardonner à toi-même.

Mon amour pour toi, toujours.

Justin

P.-S. : Barry est un brave type, il m'a offert une amitié à toute épreuve quand j'ai eu besoin d'un ami. Efforce-toi d'être son ami, car il est très désireux de devenir le tien. Au fait, savais-tu qu'il était pilote durant la Seconde Guerre Mondiale ? Il n'en parle guère, mais le ferait sans doute si tu lui demandais."
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Le lendemain matin, je fus réveillé par Barry qui me secouait. Il paraissait fatigué, pas rasé, et irrité. (...)

- Justin ? dis-je.

Mais j'étais sûr et certain de connaître déjà la réponse.

- Il est mort, fiston, il y a à peu près un mois, en Écosse.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

- J'attendais que tu me questionnes.

- Je me suis conduit comme un sale con envers lui.

- Oui. Mais il a compris.
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Au moment de partir, je dis :

- Que sont devenus Richard et Mickey ?

- Avant son départ pour l'étranger, Justin les a donnés à un gars dans le Vermont qui, apparemment, possède le même talent que lui.

- Tu veux dire qu'il est écrivain ?

- Non. Son autre talent, celui de sauver les créatures imparfaites et déchues. Lui-même y compris.

Et moi, songeai-je tandis que nous franchissions la grille.
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