Ces temps-ci, Ben Mazué et Grand Corps Malade ne se quittent plus. Entre le livre dévoilant leur relation épistolaire, "Les Correspondants", et l'EP "Éphémère" qu'ils ont enregistré en trio avec Gaël Faye, les deux chanteurs multiplient les projets communs. L'occasion de dévoiler tout ce qu'ils partagent, malgré leurs univers musicaux bien distincts. Entre le chanteur contemporain des amours blessées et le slammeur/réalisateur/écrivain, la complicité est évidente, à l'image de cette interview Versus.
Les deux artistes reviennent sur la genèse de leur correspondance et sur ce que ce travail littéraire a changé dans leur relation. Ils en profitent pour annoncer les thèmes insolites suscités par leurs échanges, avant d'expliquer la naissance de l'album en trio Éphémère. Découvrez également les dernières claques culturelles des deux artistes : podcasts, séries, musique etc. de quoi montrer leurs goûts culturels variés, malgré une appétence vestimentaire commune !
Découvrez le livre "Les Correspondants" sur Fnac.com : https://livre.fnac.com/a17150059/Grand-Corps-Malade-Les-correspondants
Et l'EP en trio avec Gaël Faye "Éphémère" en édition spéciale Fnac : https://www.fnac.com/a17490812/Grand-Corps-Malade-Ephemere-Edition-Limitee-Vinyle
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On ne doit pas douter de la beauté des choses, même sous un ciel tortionnaire. Si tu n’es pas étonné par le chant du coq ou par la lumière au-dessus des crêtes, si tu ne crois pas en la bonté de ton âme, alors tu ne te bats plus, et c’est comme si tu étais déjà mort.
La guerre, sans qu'on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi.
Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis.
Maman n'est jamais revenue de chez toi.
Elle a laissé son âme dans ton jardin.
Elle s'est fissuré le cœur.
Elle est devenue folle, comme le monde qui t'a emporté.
Mon arrière-grand-mère disait que les gens qu'on aime ne meurent pas tant qu 'on continue de penser à eux.
Mon père disait que le jour ou les hommes arrêteront de
se faire la guerre, il neigera sous les tropiques.
Madame Economopoulos disait que les mots sont plus vrais que la réalité.
Ma prof de biologie disait que la terre est ronde.
Mes copains disaient qu 'il fallait choisir son camp.
Ma mère disait que tu dors pour longtemps, avec sur le dos le maillot de foot de ton équipe préférée.
Et toi, Christian, tu ne diras plus jamais rien.
p192
Je pensais être exilé de mon pays. En revenant sur les traces de mon passé, j'ai compris que je l'étais de mon enfance. Ce qui me paraît bien plus cruel encore.
J'ai les yeux marron donc je ne vois les autres qu'en marron.
Ma mère, mon père, ma soeur, Prothé, Donatien, Innocent, les copains...ils sont tous lait au café. Chacun voit le monde à travers la couleur de ses yeux.
p52
-Vous avez lu tous ces livres ? J'ai demandé.
-Oui, certains plusieurs fois même. Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Il me permettent de m'échapper. Ils m'ont changée, ils ont fait de moi une autre personne.
- Un livre peut nous changer ?
- Bien sûr ! Un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis.
Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés sont mazoutés à vie.
Les élèves qui avaient passé leurs vacances en Europe ou en Amérique en étaient revenus avec des habits et des chaussures à la mode......Désormais, il n’était plus question de billes et de calots, mais de fringues et de marques. Sauf que, pour en avoir, il fallait de l’argent. Beaucoup d’argent. Même en vendant toutes les mangues du quartier, nous n’aurions pas pu nous payer les chaussures avec la petite virgule dessus.....À Buja, il n’y avait rien, à part la vitrine dégarnie de la boutique Bata dans le centre-ville, ou les étals du marché Jabé qui proposaient quelques Reebok Pump trouées et des marques célèbres avec des fautes d’orthographe.
On vivait sur l’axe du grand rift, à l’endroit même où l’Afrique se fracture.
Les hommes de cette région étaient pareils à cette terre. Sous le calme apparent, derrière la façade des sourires et des grands discours d’optimisme, des forces souterraines, obscures, travaillaient en continu, fomentant des projets de violence et de destruction qui revenaient par périodes successives comme des vents mauvais : 1965, 1972, 1988. Un spectre lugubre s’invitait à intervalle régulier pour rappeler aux hommes que la paix n’est qu’un court intervalle entre deux guerres. Ce flot épais de sang était de nouveau prêt à remonter à la surface. Nous ne le savions pas encore, mais l’heure du brasier venait de sonner, la nuit allait lâcher sa horde de hyènes et de lycaons.