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4/5 (sur 9 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Saint-Grégoire-le-Grand , le 06/08/1910
Mort(e) le : 09/05/1997
Biographie :

Rina Lasnier est une poète et dramaturge québécoise née à Saint-Grégoire-le-Grand le 6 août 1910 et décédée le 9 mai 1997.

La bibliothèque intermunicipale de la ville de Joliette et de la municipalité de Saint-Charles-Borromée porte le nom de Rina-Lasnier en l'honneur de l'écrivaine.



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Extraits du DVD "Lorsque j'étais une petite fille" Parcours de la vie de la poète Rina Lasnier en photos et en poésie, de son enfance à ses débuts littéraires, par l'auteure Marie Lasnier et le musicien Robert Len.


Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Rina Lasnier
CYCLE DE L'HIVER
     
I
Invocations de l'hiver
     
Neige d'une seule tenure comme l'amour
épouse absolue de l'hiver à corps perdu,
terre nominale exilée des sources
sans ruée de roc à pleins bords de fleuve ;
neige survenante des frontières du froid
comme les amantes braisées de bouches mortes ;
tristesse insoluble des pays virtuels
proie du soleil bleu des ombres
sans carillon d'oiseaux à tes sapinières...
     
Allons-nous-en de l'immobile occupant,
de l'hiver et du sang pâle des sortilèges,
tranchons la laisse courte des faims feutrées ;
la foudre ne détale pas les embâcles
mais la force épaisse des mains aboutées ;
la cri plus mince que l'éclisse d'amadou,
piste profonde à l'avènement du feu ...
     
II
Nocturnes
     
I
Corps nocturne de la neige unitive,
ses buissons végétaux vulnérés de givres,
la nuit surabaisse ses sites bleus.
     
Les amants ajoutent les mains aux mains...
plus tendre que le pavot polaire de la lune
leur regard concerte les fastes immobiles.
     
Un vertige remonte la pente du ciel...
je suis ton éloge, ô ma requête à la cime,
et moi, ton rappel ébruité de larmes.
     
II
Plus dénouée que la neige des rafales,
plus loin que l'horizon des pas perdus,
je veille au revers de tes bras délacés ;
la neige floconne l'errance de la nuit,
je nomme l'aube de ne pas mourir...
     
...
VI
Quiétude
     
Laisse l'oiseau disparaître pour durer,
la feuille fermenter ses amers poudreux ;
nul bûcher ne manque aux gisées de l'hiver
nulle icône à ses ruines démurées.
     
Reine plénière des ruminations blanches,
toute parole muselée par les vents,
l'âme prend liesse de la seule vastitude,
élargie à pleins bords de quiétude ...
     
VII
L'arbre nu
     
Défagoté de l'enflure des feuilles,
sans noeuds d'oiseaux pour lier la lumière,
l'arbre dans le nu sacrificiel de l'hiver.
     
Nourri du miel désertique de la neige,
gelé haut dans la haire des écorces
sa voyance reluit à la vitre du verglas.
     
Son flanc ne saigne plus de la plaie de l'inciseur,
son large évasement embarque tout le ciel,
son rêve ajoure le poids ombrageux des astres.
     
Quand le soleil abattu saigne seul au sol,
l'arbre dévaste son brasier de branches
pour repeupler la nuit d'un intercesseur...
     
     
Cycle de l’hiver : poèmes inédits de Rina Lasnier 1976 (extraits).
Revue Liberté n°6, novembre–décembre 1976. pp. 115-122.
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NUIT BIENHEUREUSE
     
... Plus la nuit s’épaissit, plus apparaît la diaphanie du songe ; non pas révélation, mais espace musical des tréfonds de l’être, déployé comme l’algue dans ses mouvances de mer. Affluence liquide comme fontaine à la bouche de la soif ; suspens de cristal audible, comme ces bruissements d’eau descendus du débris des vagues…
     
L’arbre ne retient pas son ombre à sa hanche haute, il la retourne à son coeur de géant, et c’est elle le noyau de sa force silencieuse.
     
L’homme, lui, veut s’envelopper de son double, à la fois feutré et discordant, pour que cesse ce discord entre la voix de jour et le regard de nuit. La voix s’impose pendant que le regard s’exile au sombre des paupières ; la voix trompe plus parce qu’elle longe le sang tandis que la petite eau de l’oeil remire le dedans sauvage.
     
La nuit, l’homme renonce à toute feintise, à tout prestige ; rien n’insiste, rien ne le persuade, mais cette nudité le nappe d’une joie anonyme.
     
La nuit, la lune vieillit tandis que l’homme rajeunit.
La lune pâlit la suée de son feu enfoui, la fissure de sa peau croûtée, la lapidation de ses soeurs-planètes.
     
La lune, pressentiment de toute beauté. Le soleil, accomplissement de toute bonté.
     
*
     
Sans précaution autour de son coeur farouche, l’homme anuité soutient les retards du Secret, comme les étoiles soutiennent l’étirement de la nuit.
     
Ainsi, sans parole, la foi tranquille moissonne les silences oubliés du Verbe.
     
pp. 2-3.
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Rina Lasnier
Le vol de tes regards me caressait
mieux qu'un effleurement d'ailes;
rien ne s'efface , ni les ors des blés ,
ni l'étoile de ta joie,
excepté le chemin de tes pas;

j'envoie au devant de toi
le vent avec l'odeur des phlox
et les bêlements éperdus des brebis
j'ai fermé les yeux sur ta désertion,
abritant ma solitude derrière les volets.

Voici le vent...et si d'un geste brusque,
il vient de m'arracher à ma nuit,
c'est que là -bas pointe l'aube de ton retour ...
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Les Automobiles (extraits)
(Seuls animaux que connaissent les enfants)

Meute en chasse talonnée par la vélocité,
Coureuses des voies dures de la témérité,
Bêtes dociles au vertige des chauffards,
Mammouths modernes sur les fourmis et les morts.

Circuleuses des paysages faciles lentement dévidés,
Verres magiques aux bohèmes de la beauté,
Maraudeuses des amours à l'esbroufe,
Boîtes de Pandore ouverte d'un coup de pouce.
(…)
Culs-de-jatte assoupis sur leurs moignons,
Amputés des vols et des élans voyagers,
Refuge des chats, des lapins et des oignons,
Arches de Noé de nos jardins potagers.
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Rina Lasnier
L'arbre

J'avais un grand arbre vert,
Où nichait mon enfance ailée ,
Un arbre grand troué de lumière
Qui remplissait le haut de mon âme .

J'avais de douces feuilles vertes
Où chantait mon enfance triste,
Des branches vertes et sonores
Qui répétaient les chagrins de mon âme.

J'avais mille feuilles vertes
Où palpitait l'élan de mon enfance,
Des feuilles lisses et captives
Comme les oiseaux de mon âme.

J'avais un grand arbre vert
Où se dénouait la fleur de mon enfance,
Pour quel printemps, pour quelle abeille?
Pour quelle joie, pour quelle souffrance ?

("Escales"dans"Poémes I)
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PRÉSENCE DE L’ABSENCE


Tu es né mêlé à moi comme à l’archaïque lumière les eaux sans
pesanteur,
Tu es né loin de moi comme au bout du soleil les terres noyautées
de feu,
Tu nais sans cesse de moi comme les mille bras des vagues
courant sur la mer toujours étrangère ;
C’est moi ce charroi d’ondes pour mûrir ton destin comme midi
au sommet d’une cloche ;
Cette gorgée d’eau qui te livre la cime du glacier, c’est mon
silence en toi,
Et c’est le sillage de mon défi cette odeur qui t’assujettit à la rose ;
Cette pourpre dont tu fais l’honneur de ton manteau, c’est le
deuil violent de mon départ ;
C’est moi l’amour sans la longue, la triste paix possessive…
Moi, je suis en toi ce néant d’écume, cette levure pour la mie de
ton pain ;
Toi, tu es en moi cette chaude aimantation et je ne dévie point de
toi ;
C’est moi qui fais lever ce bleu de ton regard et tu couvres les
plaies du monde.
[…]
Je suis l’embrasement amoureux de l’absence sans la poix de la
présence.

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Beauté

Laisse le nénuphar au lac, laisse le poète à sa solitude;

le nénuphar n’a pas dédaigné le pré ou le jardin, le poète n’a pas choisi de chanter;

même s’ils baignent dans l’eau pure de la beauté, ils restent mêlés à la boue de la terre par leurs racines.

Une goutte d’eau… quand on a soif du lac entier… un poème… quand on poursuit la beauté absolue…

Laisse le nénuphar à la coupe changeante du lac, laisse le poète à la coupe sans bords du rêve…
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Tu m’as dit : « J’ai besoin de toi ».
Pourtant c’est toi la source, moi le caillou;
toi l’arbre, moi l’ombre;
toi le sentier, moi l’herbe foulée.

Moi j’avais soif, j’avais froid, j’étais perdue;
toi tu m’as soutenue, rassurée et cachée dans ton cœur.
Pourquoi donc aurais-tu besoin de moi?

*

La source a besoin de cailloux pour chanter,
l’arbre a besoin de l’ombre pour rafraîchir,
le sentier a besoin de l’herbe foulée pour guider.
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L’enfant poète

Il y aura toujours la table
L’enfant accoudé à son silence
Les yeux ouverts en étoiles
Et qui brûlent tout par délivrance.

Il y aura toujours la nuit
La douleur tranquille des étoiles
Le bleu qui brûle tant de nuit
Le bleu qui remue tant de sable.

Il y aura toujours l’enfance
Qui choisit le feu par innocence
Le bleu de l’eau par attirance
Le débris des mots par impuissance.
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Contemple

Laisse l’étoile lointaine dans la soie de son écrin,
laisse la neige au chemin lisse, au toit recueilli,
laisse l’amour au fond de ton cœur intraduisible.

Si tu dérobais l’étoile, elle brûlerait ta main,
si tu cueillais la neige, elle s’enfuirait entre tes doigts,
si tu parlais d’amour, tes paroles te trahiraient.

*

Ces choses-là se contemplent, mais ne se possèdent pas…
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