Marcel Mouloudji comme un p'tit Coquelicot"
Faut vivre
Malgré les grands yeux du néant
C'est pour mieux te manger enfant
Et les silences et les boucans
Faut vivre.
Et bien qu'aveugles sur fond de nuit
Entre les gouffres infinis
Des milliards d'étoiles qui rient
Faut vivre.
Malgré qu'on soit pas toujours beau
Et que l'on n'ait plus ses seize ans
Et sur l'espoir un chèque en blanc
Faut vivre.
Malgré le cœur qui perd le nord
Au vent d'amour qui souffle encore
Et qui parfois encore nous grise
Faut vivre.
Malgré qu'on n'ait pas de génie
N'est pas Rimbaud qui veut pardi
Et qu'on se cherche un alibi
Malgré tous ces morts en goguette
Qui errent dans les rues de nos têtes
Faut vivre.
Malgré qu'on soit brave et salaud
qu'on est des complexes à gogo
et qu'on les aime c'est ça le pire
faut vivre...
malgré l'idéal du jeune temps
qui c'est usé au nerf du temps
et par d'autre repris en chantant
faut vivre...
Malgré qu'en s'tournant vers l'passé
On est effrayé de s'avouer
Qu'on a tout d'même un peu changé
Faut vivre.
Malgré que l'on soit de passage
Qu'on vive en fou, qu'on vive en sage
Tout finira dans le naufrage
Faut vivre.
Malgré qu'au ciel de nos poitrines
En nous sentinelle endormie
Dans un bruit d'usine gémit
Le cœur aveugle qui funambule
Sur le fil du présent qui fuit
Faut vivre.
Malgré qu'en nous un enfant mort
Si peu parfois remue encore
Comme un vieux rêve qui agonise
Faut vivre.
Malgré qu'on soit dans l'engrenage
Des notaires et des héritages
Où le cœur s'écœure et s'enlise
Faut vivre.
Malgré qu'on fasse de l'humour noir
Sur l'amour qui nous en fera voir
Jusqu'à ce qu'il nous dise au revoir
Faut vivre.
Malgré qu'à tous les horizons
Comme un point d'interrogation
La mort nous regarde d'un oeil ivre
Faut vivre.
Malgré tous nos serments d'amour
Tous nos mensonges jour après jour
Et bien que l'on n'ait qu'une vie
Une seule pour l'éternité
Malgré qu'on la sache ratée
Faut vivre.
L’Amour, L’Amour, L’Amour
L’amour, l’amour, l’amour
Dont on parle toujours
À l’amour, c’est un printemps craintif
Une lumière attendrie, ou souvent une ruine
L’amour, l’amour, c’est le poivre du temps
Une rafale de vent, une feuillée de lune
L’amour, l’amour, à l’amour
Dont on parle toujours
L’amour, met la nuit a un bonnet
Et le jour porte un masque
Qui veulent que l’on grimace
L’amour, l’amour
C’est parfois même aussi, que le visage d’un autre
Qui n’est ni lui ni l’autre
À l’amour, à l’amour, à l’amour
Dont on parle toujours
À l’amour, à l’amour c’est plus d’une fois
Un panier vide aux bras l’arc-en-ciel sur deux cœurs
À l’amour, à l’amour
À l’amour c’est quand je t’aime
À l’amour c’est quand tu m’aimes
Sans me le dire
Sans te le dire
À l’amour, à l’amour
L’amour c’est quand tu m’aimes
L’amour c’est quand je t’aime
Sans te le dire
Sans me le dire
J’aurais tellement voulu être un caillou pour ne plus sentir le sang si vivant qui coulait dans mes veines, et ma tête et mes globules frénétiques qui m’empêchaient d’être coquillage.
J’entendis mon père qui montait l’escalier. J’eus un élan de sympathie et j’ouvris la porte. Il arriva, m’embrassa et rentra dans la chambre. « Il a son mauvais regard », me dis-je, « encore des bagarres avec maman ». Mon père était juste un peu ivre. Il s’assit et, prenant un journal, il le mit à l’envers devant ses yeux et fit semblant de le lire. Ma mère et mon frère vinrent. Elle prépara le repas et nous mangeâmes. Mon père me regarda et parut étonné, mais il ne souffla mot. Nous partîmes avec des sacs sur des boulevards bordés de terrasses de cafés et d’arbres.
Le vide de cette activité fébrile qu 'est la vie d 'artiste comblait mes journées.
je n'avais plus guère le loisir de cultiver la fainéantise à temps complet.
Adieu farniente, promenades et rêveries...
même si ma mère était la dernière des putains et mon père le plus abruti des charretiers, je les aimerais toujours autant
« D’où viens-tu ? » demanda mon père. « Je r’viens des p’tits pois », fit mon oncle, et il se tut. P’pa prit un visage intéressé et demanda : « Y en a beaucoup ? » « J’sais pas, fit Yves, j’les ai pas comptés. »