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EAN : 9782070145805
168 pages
Gallimard (13/05/2014)
2.67/5   3 notes
Résumé :
"L'humanité me dégoûte, pensai-je, mon père, ma mère, mes parents qui me battent, qui me font souffrir plus qu'ils ne le pensent. Oh ! ces cours grises, cette vie, ces boucheries pour toutes denrées, cette danse macabre des ménagères hargneuses, toutes porteuses de germes maternels, qui traînent dans les marchés avec des sacs à main remplis de provisions pour leur fourmilière. Je sens la mastication familiale du midi de toutes les bouches humaines. Je n'écoute pas m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Marcel André Mouloudji (1922-1994), fils d'un Kabyle et d'une Bretonne, est un chanteur, auteur-compositeur-interprète, peintre et acteur français, très connu quand j'étais plus jeune. Comme chanteur on lui doit Comme un petit coquelicot et le Déserteur écrite par Boris Vian; en tant qu'acteur, il est l'un des trois jeunes garçons d'un film que j'adore, Les Disparus de Saint-Agil de Christian-Jacques en 1938. Alors qu'il n'a que dix ans, la mère de Marcel est internée pour désordre mental et son père, analphabète, logé dans une chambre de bonne, a du mal à élever ses deux fils dont l'aîné, André, est gravement malade et le second, un doux rêveur qui trouve à se loger au hasard des rencontres. Pendant la guerre, il vit dans une semi-clandestinité. Il racontera son expérience en 1945 dans son livre Enrico pour lequel il recevra le prix de la Pléiade, ouvrage qui vient tout juste d'être réédité.
« Récit autobiographique, réaliste et cru, de la vie d'un enfant dans le quartier misérable de Belleville à Paris durant les années qui ont précédé la Seconde Guerre mondiale. » Je me suis laissé abuser par la quatrième de couverture, j'ai cru qu'il s'agissait des mémoires de Mouloudji couvrant une période donnée avec des faits précis. Il n'en est rien.
Si Mouloudji se base bien sur des faits réels, tirés de sa propre jeunesse, il m'a fallu faire des recherches sur sa biographie dont j'ai donné des éléments significatifs en introduction, pour comprendre de quoi il était question dans ce court ouvrage. Car Mouloudji n'adopte pas un style orthodoxe pour évoquer ses souvenirs. Les premières pages m'ont paru lamentables, écriture pauvre, vocabulaire approximatif (« je fus agrippé par les remords »), phrases incompréhensibles (« Il y a une lubie sur le carrelage. »). Puis au fil de la lecture, on comprend qu'il ne faut pas prendre le texte au pied de la lettre, il faut l'interpréter ou l'appréhender comme on le ferait d'une poésie, pour accéder à la vie réelle de l'auteur. Les mots, les phrases sont sensés éveiller des images, des sensations ou des situations. Rien ne s'enchaine très logiquement.
Une vie de misère, la mère folle et le père frustre, l'environnement malsain dans tous les sens du terme, le sexe sordide qui rôde, le catéchisme et les promenades du dimanche après-midi, le récit est décousu mais le gamin ne semble pas en souffrir, une raclée par-ci, par-là, n'entamant pas sa joie de vivre.
J'imagine que le livre a été primé lors de sa parution en raison de son écriture audacieuse pour l'époque, proche de l'onirisme aussi, mais pour ma part je ne lui trouve qu'un intérêt très mince.
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J'aime beaucoup Mouloudji, l'auteur-compositeur-interprète ainsi que l'acteur alors j'ai eu la curiosité de lire un des livres qu'il a écrit sous son nom complet Marcel Mouloudji.
Ecrit en 1944, « Enrico » est présenté comme une autobiographie ou un livre de souvenirs mais c'est plutôt un roman d'autofiction. D'ailleurs, le narrateur est Enrico et non Marcel.

C'est l'histoire d'un enfant qui vit à Paris, dans le quartier populaire de Belleville, avec ses parents. Il est battu par sa mère, Eglantine, ce qui n'émousse pas son amour pour elle et il va vivre avec sa folie jusqu'au jour où elle va être internée en hôpital psychiatrique.
Son père, Joseph, ouvrier analphabète et alcoolique, va l'emmener dans les bars en lui payant une grenadine mais ce père imparfait sera admiré par Enrico.
Le dimanche, il y a les promenades au bord de la Marne et les guinguettes ou alors la confession chez le curé qui fait peur à Enrico. Il ne veut pas que l'on sache ce que font ses parents car ils les aiment avant tout, même s'il « dérouille ».
Mais voilà que l'histoire déborde sur le monde ouvrier (pourquoi pas) avec un chapitre sur Enrico maçon (est-il devenu apprenti ?) ; on suppose qu'il a du grandir. Après ce zoom avant on fait un zoom arrière avec un chapitre sur l'enfance de son oncle, Yves, le frère de sa mère.

Tout cela donne une impression de confusion. C'est un peu comme si il y avait 3 nouvelles. Mais surtout, ce qui m'a dérangé c'est le style. Je crois comprendre maintenant les critiques quand ils disent que c'est mal écrit. Il y a des expressions et des métaphores mal appropriées mais surtout un vocabulaire qui ne convient pas. Il est parfois populaire (Enrico dit « p'pa » par exemple) et puis Mouloudji utilise un vocabulaire sophistiqué qui ne rend pas crédible la scène comme « Je suis en état de péché véniel, pour sûr, me dis-je ! ». Bon, c'est dommage car ça gâche le contenu très intéressant.


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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J’entendis mon père qui montait l’escalier. J’eus un élan de sympathie et j’ouvris la porte. Il arriva, m’embrassa et rentra dans la chambre. « Il a son mauvais regard », me dis-je, « encore des bagarres avec maman ». Mon père était juste un peu ivre. Il s’assit et, prenant un journal, il le mit à l’envers devant ses yeux et fit semblant de le lire. Ma mère et mon frère vinrent. Elle prépara le repas et nous mangeâmes. Mon père me regarda et parut étonné, mais il ne souffla mot. Nous partîmes avec des sacs sur des boulevards bordés de terrasses de cafés et d’arbres.
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J’aurais tellement voulu être un caillou pour ne plus sentir le sang si vivant qui coulait dans mes veines, et ma tête et mes globules frénétiques qui m’empêchaient d’être coquillage.
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« D’où viens-tu ? » demanda mon père. « Je r’viens des p’tits pois », fit mon oncle, et il se tut. P’pa prit un visage intéressé et demanda : « Y en a beaucoup ? » « J’sais pas, fit Yves, j’les ai pas comptés. »
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même si ma mère était la dernière des putains et mon père le plus abruti des charretiers, je les aimerais toujours autant
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Marcel Mouloudji comme un p'tit Coquelicot"
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